Jeune groupe rennais, ARKAIST est né de la rencontre entre Beobachten (guitare/basse/claviers) et Maeror (guitare/chant). Immédiatement, les deux musiciens sont en accord, humainement et artistiquement, et commencent à fomenter leur plan sombre qui débouchera sur l’accouchement d’un premier album. Un accouchement aux forceps, pour une œuvre qui s’inscrit dans une longue tradition de BM français, l’héritage étant des plus conséquents. Mais l’intérêt de ce nouveau concept est justement qu’il aborde le genre avec son optique propre.
En écoutant « Aube Noire », l’entame de cet album éponyme, on est immédiatement saisi par l’ambiance crasseuse, la désillusion ambiante, mais aussi cette créativité du désespoir qui se manifeste en une intro très syncopée, et très éloignée des turpitudes habituelles. Cette petite marque personnelle, très fugace, est néanmoins un indicateur sérieux quant aux ambitions de ces quatre musiciens, au line-up complété par Gwenc'hlann An Teñval (basse/chant/chœurs) et Cryptic (batterie).
Les obsessions sont classiques. Elles sont d’ailleurs décrites simplement sur le Bandcamp :
Inspiré par une atmosphère croissante d’anxiété, cet opus explore les thèmes de la décadence, de la perte de repères et de l’isolement croissant dans une société en déclin. Aube Noire, premier album du groupe, plonge les auditeurs dans un univers sombre où l’humanité vacille au bord de sa propre extinction. Les paroles évoquent un monde où les valeurs s’effritent, l’individualisme règne et la société s’effondre sous le poids de ses propres contradictions.
On peut difficilement mieux coller à la réalité des faits, et musicalement parlant, Aube Noire s’ingénie à restituer cette oppression anxiogène qui nous pourrit de l’intérieur depuis quelques années. Il fallait donc une bonne dose de violence, évidemment, mais aussi quelques travers mélodiques et autres arrangements ludiques pour que les morceaux se mettent au diapason des intentions. Et si « Ode à la Haine » reste d’une franchise rare dans son admiration des origines nordiques, il n’en garde pas moins prise avec notre propre scène nationale lorsque le tempo décélère et que les guitares sinuent comme des vipères.
Un peu de Folk en arrière-plan, un niveau technique conséquent, des musiciens grimés, la tradition est respectée, mais les perspectives sont augmentées. ARKAIST n’est pas avare d’idées, et parvient à synthétiser tous les aspects les plus caractéristiques pour proposer une symphonie étouffante aux coups portés conséquents. Nous sommes donc aussi loin de la simple litanie sur fond de blasts que de l’agonie pesante et insistante à défaut d’être vraiment dérangeante. Ici, la réalité est crue, la trame formelle, mais les traits prononcés et la grimace spontanée. Le monde décrit par ce tracklisting est à peu près aussi laid que notre réalité, et si les espoirs pour l’humanité fondent comme neige norvégienne au soleil, la souffrance elle est bien là, nous obligeant à faire face à nos propres démons.
J’ai donc été séduit par ces constructions à tiroir aussi imaginatives qu’efficaces. « Prophète du Sang » se repose sur un batteur solide et inventif, pour mieux dérouler ses thèmes fielleux. La production, juste assez sèche pour éviter d’être enrobée, sert des chansons qui en sont vraiment, et qui reposent sur un nombre conséquent de riffs. Presque progressif, et parfois totalement, ARKAIST refuse la facilité, et tient fermement ses positions. Preuve en est donnée par « Terre Ancestrale » aux racines folkloriques explosées par une guitare acide, et qui durant sept minutes, nous raconte le passé pour ne pas avoir à regarder l’avenir.
La grandiloquence dans la sobriété, l’ambition sous l’insoumission, Aube Noire manie la dualité comme nos dirigeants la suffisance. Avec quelques nappes de claviers, des interruptions bien amenées et des enchaînements parfois abrupts, ce premier album force le respect, et prend le temps de raconter son histoire. Une histoire bien sombre, aux silhouettes inquiétantes, aux reliefs montagneux, et aux échos synthétiques qui se noient dans l’ultraviolence d’un BM ferme et plein.
Passionnant, ce disque est aussi franc qu’il n’est ornementé. Gardant la pression intacte, le quatuor se permet des digressions génériques sur le terrassant « Anachorète », pulvérisé par des cris de sorcière, pour mieux nuancer l’atmosphère via « Linceul d'Éther ». Titre épique par excellence, ce morceau nous réserve encore de belles surprises, et révèle un flair imparable pour brosser des tableaux complexes aux détails fournis. Ici, c’est encore une fois l’alternance entre les atmosphères qui joue en faveur du ressenti, et avec une précision rythmique au biseau, ARKAIST signe le morceau évolutif de ce premier trimestre 2025.
Il est toujours très agréable de ne pas être pris pour un faisan par un groupe qui se contente de recycler des idées déjà bien fermentées. Les rennais jouent une carte personnelle, et inscrivent leur nom au tableau d’honneur et d’horreur du Black européen. Aube Noire est une communion avec le destin, l’acceptation d’un règne de mal absolu à venir qui nous condamnera pour l’éternité.
Mais en telle compagnie, quel beau cadeau.
Titres de l’album:
01. Aube Noire
02. Ode à la Haine
03. Prophète du Sang
04. Terre Ancestrale
05. Anachorète
06. Linceul d'Éther
07. Puer Aeternus
Pour moi, par ordre décroissant préférentiel, ce sera :Massacra - Enjoy the ViolenceMercyless - Abject OfferingsLoudblast - Disincarnate
23/04/2025, 12:56
Allez, mon top 3 français des années 90: Massacra - Signs of the Decline Mercyless - Abject OfferingsLoudblast - Sublime Dementia
23/04/2025, 08:42
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
21/04/2025, 20:53
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38