Pendant que certains manifestaient lors des mouvements usuels du 1er mai, d’autres en profitaient pour travailler, enfin, plutôt pour sortir des albums. Après tout, tel est le but des formations quelles qu’elles soient, et rien de honteux à cela. L’expression après tout prend corps de différentes façons, comment blâmer des musiciens qui cherchent à exposer leurs vues de façon tout à fait naturelle ?
Ce fut donc le cas d’un duo bien de chez nous, qui a vu le jour en 2015, et qui depuis cherche à repousser les limites des limites, on osant se revendiquer d’un BM expérimental, chose toujours assez dangereuse tant les contours de ces extensions sont plus ou moins flous.
L’expérimental, pour beaucoup, c’est souvent l’occasion de faire n’importe quoi et de le justifier d’une étiquette « libre » et « abstraite », et de nous refourguer des divagations fatigantes qui auraient même fait bailler la Yoko Ono de 1966. Pour d’autres, c’est la seule explication logique au refus des convenances et de la rationalité, et un chemin qu’on emprunte inconsciemment, sans être capable de classer sa démarche dans une convenance de ton. Ce qui semble être le cas de notre duo du jour, NEVROME.
Pour les non-initiés, NEVROME est donc un duo (mais je l’ai déjà dit il me semble), déjà responsable de deux EP (Girls of Glass et Snow White, tous deux en 2016), et s’articulant autour de Morax (Will), se concentrant sur la basse, le chant et les textes, et Samael (Sam), se contentant de la guitare.
Epaulés par le mystérieux ??? à la batterie, les deux compères depuis leurs débuts ont opté pour une déviance de ton, tendant à rapprocher le Black du Noise, et l’opacifiant un peu plus de Sludge vraiment impénétrable, le tout traité avec un certain sens de l’avant-gardisme bruitiste, qui tend à les rapprocher de combos comme REVENGE ou GNAW THEIR TONGUES, mais encore suffisamment organique et agencé pour les garder éloignés des émanations putrides de l’infâme écurie Satan Records (SEWER/PHANTOM, et cette cohorte de capteurs de sons d’égouts sur quatre pistes fatigué).
Néanmoins, et puisqu’il me faut être honnête, la vision du BM que dispensent les NEVROME est assez particulière en l’état, et résolument personnelle. Sous une production made at home, se cache donc le premier longue durée d’un projet/concept que beaucoup vont rejeter sous prétexte de constructions pas forcément cohérentes, qui laissent une grande part au ressenti et à l’improvisation captée sur le moment, transformant même leurs essais en démos/répétitions couchées sur bandes numériques.
Pour faire court et explicite, NEVROME c’est du bon barouf made in France, qui ne joue pas le consensus et qui a même tendance à le honnir de ses attaques brouillonnes et sans pitié pour les oreilles. Si les premières sorties du duo se focalisaient sur un BM très raw et bordélique, il semblerait qu’un léger glissement de style se soit opéré depuis l’année dernière, puisque ce Black Sun à la pochette une fois de plus très réussie se concentre plus sur une forme inaboutie de Black Sludge vraiment poisseux. Le son si particulier du groupe n’a pas changé, toujours aussi compact et inextricable, mais même si Morax et Samael osent la reprise du maître BURZUM via un « Dunkelheit » encore plus bordélique et nihiliste que l’original (avec en cadeau un écho vibrant assez irritant pour les oreilles, mais on n’est jamais assez perturbant quand on reprend du Count Grishnackh), on comprend assez vite par l’entremise de riffs bien boueux comme celui introduisant « Witchcult » que les deux acolytes s’ouvrent des horizons nouveaux, plus « posés » si je puis m’exprimer ainsi, mais aussi plus convergents vers une lourdeur de ton typique du Sludge le plus sombre et embourbé.
Il sera toutefois très difficile pour les plus modérés des extrêmes d’apprécier ce premier LP qui reste en terre profanée, et qui privilégie la globalité au détriment des détails de composition.
Dès l’entame de « Mastodon Remission », qui laisse un riff bluesy à l’agonie anticiper un débordement Noisy BM d’enfer, les choses sont mises au point et les perspectives réduites. Oui, la musique de NEVROME va jusqu’au bout de la provocation et assume ses positions, ne cherchant guère à fédérer le plus grand dénominateur commun, mais bien à pousser l’expérimentation dans ses derniers retranchements. Breaks inopinés et un peu hasardeux, basse libre qui ondule aléatoirement, plans qui s’enchaînent sans réelle cohésion, et interprétation cathartique s’articulant autour d’un thème central dantesque de dissonances et cris au lointain.
On connaît le principe, et les deux frenchies ne le déforment pas vraiment, mais l’adaptent à leurs vues, pas foncièrement inintéressantes.
Mais si les morceaux les plus intenses ne sont pas dénués d’un certain charme inexplicable (« Remembrance Romance », qui ressemble à un live de MASTODON capté sur un vieux Revox à piles et joué sur une radio à ondes courtes de l’armée, un peu fatiguée), ceux osant un semblant de mélodie et de cohérence ne sont pas les moins intéressants (« Pantera Of The Blue Mountain », instrumental guitare/basse assez harmonieux et aux itérations hypnotiques bien que très naïves).
Mais c’est indubitablement le final « Emperor And Black Sun » qui représente l’acmé de ce premier longue durée, certainement à cause de sa juxtaposition d’une rythmique unique et inamovible et de sons disparates, à peine liés par un riff difficilement perceptible, qui nous rappelle les premières démos des groupes de BM scandinaves du début des nineties.
En conclusion, je dirais que sans se renier, le duo tente d’ouvrir des portes pour ne pas rester cloisonné, même si son style ne séduira pas dans des proportions plus larges qu’avant.
Sans parler de BM expérimental, il convient d’envisager leur musique comme très personnelle, encore un peu trop libre et complaisante pour vraiment convaincre, mais qui peut déboucher sur quelque chose d’intéressant pour peu que les deux amis se disciplinent un peu.
Le bruit c’est bien, mais le bruit créatif, c’est mieux.
Titres de l'album:
MON groupe de chevet, la voix de Nick et le touché de Greg sont pour moi les clés de mes émotions musicales. Bizarrement, "The Plague Within" et "Believe In Nothing" sont les 2 albums que j'écoute le moins. J'ADORE ce groupe ! Tout simplem(...)
16/06/2025, 21:25
Si ça intéresse quelqu'un ils ont mis l'album en intégralité sur bandcamp :https://agoniarecords.bandcamp.com/album/tetrad-mj'ai pas encore tout écouté(...)
16/06/2025, 19:22
Merci pour cette vidéo qui rend bien hommage à Paradise Lost, qui est un de mes groupes préférés depuis presque 32 ans. Découvert à l'époque grâce à l'émission Headbangersball, j'avais 15 ans et j'&eac(...)
16/06/2025, 12:30
Clairement l'un de mes groupes de chevet.Un talent plus qu'indéniable et malgré ce creux de la vague entre 99 et 2007, des gonzes qui se tiennent encore à ce jour bien droit dans leurs bottes.A propos de cette période que je pouvais, comme beauc(...)
16/06/2025, 11:51
Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts
15/06/2025, 08:42
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32