Smile Less

Throat

14/05/2021

Svart Records

Les sourires sont contagieux, alors, en ces temps troubles, THROAT vous implore de moins sourire.

 

Le parcours des finlandais de THROAT est caractéristique de ces groupes qui affinent leur son avec les années. Entamé comme un simple projet Noise Rock à tendance Hardcore, ou l’inverse, THROAT a depuis élargi ses horizons pour intégrer de l’Alternatif lourd, du Post léger, mais a gardé son ADN, et entame aujourd’hui le virage difficile de son troisième album, trois ans après Bareback qui lui avait permis de tourner intensivement. Depuis, les tournées font toujours partie du passé, et seuls les albums permettent aux musiciens de se faire entendre, et de partager leur musique. Et c’est pour ça que le groupe de Turku a pris son temps pour peaufiner son approche, et proposer quelque chose de plus ou moins neuf à ses fans. Pour autant, les traditions ne sont pas toutes mises de côté, puisque le quatuor a renouvelé sa confiance au label national Svart Records, et qu’il a conservé certaines habitudes de travail.

Une fois encore, comme pour Bareback, Smile Less a été enregistré au Tonehaven Recording Studio par Tom Brooke, mixé par Andrew Schneider (UNSANE, CULT OF LUNA, CAVE IN) et masterisé par Carl Saff (BIG BUSINESS, KEN MODE, YOUNG WIDOWS). La famille est donc la même, et le son est toujours aussi épais, quoi qu’avec un peu d’attention, on peut percevoir quelques changements, et des aménagements. D’ailleurs, certains titres font le lien entre les deux albums, ce que le groupe admet sans détour, en parlant de « Shots » :

« Shots » est le lien le plus évident entre nos deux derniers albums. Un Noisy Rock up tempo, avec un sacré passage en lead, qui dessine parfaitement les nuages pollués dont on parle dans le texte. Cette chanson devait à la base figurer sur Bareback, mais nous ne la trouvions pas assez aboutie. Alors, nous avons choisi de la déconstruire, et d’en proposer une version améliorée.   

S’il est certain que ce morceau fait vraiment la jonction avec les travaux antérieurs, le reste du répertoire nouveau n’est pas toujours novateur. On retrouve cette basse lourde et ronde à la Paul Raven, ces atmosphères confinées à la UNSANE, et ce goût pour le Hardcore joué Noisy mais avec une solide base de Rock n’Roll. Mais les surprises, plus éparses que le discours du label ne le laisse à penser, se cachent dans des détails, et ce, dès le morceau d’ouverture « Conveyer Line ». Avancée à la BREACH, instrumental solide, cohésion d’ensemble, production massive, on flirte avec une sorte de Post-Rock revu et corrigé NYC, âpre, rude, lourd, pesant sur les tympans, et pourtant animé d’une envie d’aération. Une façon de sourire sans sourire, ou alors d’un sourire grinçant, de ceux que le Joker tend à ses interlocuteurs avant de lancer une punchline d’enfer. La voix grave et sentencieuse nous accueille sur un déroulé classique, avant évidemment que la tempête rythmique ne nous cueille à froid. Comme ses ainés, THROAT n’aime rien de plus que ces canevas serrés soudainement relâchés d’une idée plus mélodique et moite que la moyenne, et « Conveyer Line » prouve que les finlandais sont loin d’avoir perdu la main. Guitare en écho avec une réverb’ très fifties, percussions tribales, et reprise furieuse et clinique, pour un melting-pot que le combo connaît par cœur.

Mélange de sons et de bruits blancs, THROAT pourrait parfois passer pour un raccourci entre les mondes des SWANS, d’UNSANE, de FETISH 69, HELMET ou même les NEUBAUTEN pourquoi pas, et la résignation de leur inspiration se sent au travers des pores de « Grounding » qui vous garde plaqué au sol, comme écrasé par la gravité du ton de diction. Le chant est distancié, presque à l’agonie de neutralité, la bande-son n’est pas non plus des plus porteuses d’espoir, mais la lumière, aussi tamisée soit-elle permet d’y voir dans la pénombre. Soyons clair, il n’y a pas vraiment de choc sur ce troisième album, juste une maîtrise parfaite aux contours sans aspérités, dont « Deadpan » incarne une sorte de parangon.  

C’est sans doute « Home Is Where Your Hurt Is » qui vous cueillera le plus à froid, avec ses huit minutes de traumatisme anti-musical. Construit comme un crescendo Ambient en drame industriel, ce titre mélange toutes les composantes de la recette THROAT 2021, et lâche le cauchemar d’une époque en plein marasme, avec ses itérations bruitistes, et son absence totale de porte de sortie. On pense alors aux expériences les plus sombres des SWANS, mais aussi et assez étrangement à GODFLESH ou aux premiers SCORN pour cette façon de fluidifier l’Indus et le rendre plus dansant, mais toujours aussi toxique.

La fin de l’album, plus classique, réserve encore deux salves, prévisible dans le cas de « Vanilla Cuts » qui suggère une  bonne mémoire GIRLS AGAINST BOYS, et plus dark sur « Hospice », le dernier segment de Smile Less. De fait, Smile Less n’incite pas vraiment à sourire si on le considère comme une prophétie, ou même un simple constat de notre temps. Assombri par des phénomènes récurrents d’une société qui s’enfonce dans le malaise, et d’une humanité en plein extinction, ce troisième album des finlandais de THROAT est à peu près aussi gai qu’une headline dans un journal, ou qu’une catastrophe annoncée sur les réseaux sociaux. Mais il permet de garder les idées claires et les espoirs de revers.

Et si les sourires sont contagieux, la déprime l’est aussi. Peut-être plus encore.

                                                                                                                                                                                                            

Titres de l’album:

01. Conveyer Line

02. Grounding

03. Shots

04. Deadpan

05. Home Is Where Your Hurt Is

06. Vanilla Cuts

07. Hospice


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par mortne2001 le 20/06/2021 à 18:18
88 %    1250

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Kacka israelsson
@85.76.45.250
29/06/2021, 21:11:56

Good rock

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