Un chroniqueur a beau malmener son clavier depuis des années, il a beau piocher sur les sites les moins recommandables, il a beau écumer les Bandcamp, les pages plus ou moins officielles, il reste encore des choses qui échappent à sa vigilance. Des groupes qui s’activent dans l’ombre depuis plus longtemps que lui, et qui sortent des albums de façon confidentielle, dont il n’a jamais entendu parler. C’est le cas de figure de cet après-midi, et ce nouvel album des allemands d’OUR SOULS me permet de les replacer dans leur contexte, eux qui manœuvrent en douce depuis la fin des années 90. Ce groupe de Brunswick a connu deux périodes bien délimitées, la première s’étendant brièvement de 1997 à 2001, et l’autre de 2011 à aujourd’hui, et c’est avec une certaine régularité que le groupe sort des albums, la plupart du temps en autoproduction, mais de temps à autres avec le soutien d’un label. Ce fut le cas de leur effort précédent, The Beast Within, sponsorisé par
Kernkraftritter Records, et qui accuse en 2021…six ans d’existence. Les fans commençaient à trouver le temps long, puisque le combo avait publié ses deux premiers tomes post-comeback à deux ans d’intervalle (avec War for Nothing pour entériner leur retour sur la scène), mais en 2021, les héros de l’ombre sont de retour pour nous exploser la face de leur Crossover global, se montrant allusif à certaines formes d’extrême maîtrisé.
Depuis Final Hour en 1999, trois membres originaux persistent et signent au line-up. Florian "Flocke" Klähr (guitare), et Andreas "Andti.D" Damm (guitare/chœurs), les deux guitaristes d’origine, et Michael "Gruni" Grunert à la batterie. Juste après la sortie de ce premier pamphlet, Marcus "Linne" Lindemann les avait rejoints à la basse en 2000, et le quintet avait recruté le vocaliste Berny Jagielki en 2015. C’est donc à une formation stable depuis six ans à laquelle nous avons affaire, et qui s’autorise un quatrième longue-durée qui frappe fort, mais encore un peu léger pour vraiment nous mettre K.O.
Il faut dire que le style adopté par le groupe est un peu bâtard. Classifié en tant qu’entité Thrash, OUR SOULS serait plutôt un quintet aux visages multiples, parfois Metal, souvent Core, de temps à autres Groove, et qui a parfois du mal à trouver sa voie malgré ses nombreuses années d’expérience. A ce titre, ce nouvel album se montre sous un aspect assez amateur, avec une première partie peu convaincante et trop formelle, et une seconde qui rétablit un peu le cap et ose des choses moins prévisibles. Tout commence pourtant sous de solides auspices avec le burner « Pound for Pound », qui unit dans un même élan la puissance du Thrash et la rage du Hardcore. Morceau simple et efficace par excellence, cette entame prouve que les allemands n’ont pas perdu leur hargne en route, et que ces six années d’absence n’ont aucunement entamé leur énergie. Mais si le morceau est un uppercut assez corsé, on note immédiatement que les musiciens sont moins à l’aise avec les passages plus nuancés en mid tempo. La mise en place souffre de quelques approximations rythmiques, et le son des guitares souffre d’une niaiserie gênante lors des petits licks mélodiques. Ces défauts se répèteront tout au long de la première partie de l’album, achevant de transformer le répertoire en attaque un peu fluctuante sur les bords.
« Slaves of the Sun » alourdit le propos, et recadre un peu les intentions, mais démontre aussi que l’influence de SLAYER n’est pas passée inaperçue au moment de la composition. Heureusement, en renouant avec ses racines Core, le groupe s’éloigne du schéma Thrash le plus convenu, et nous sort une balayette mortelle à grand renfort de double grosse caisse. Quelques riffs plus aérés accentuent la différence, et on commence à se dire que le quintet en a encore sous le coude. Malheureusement, la série est interrompue par un morceau des plus génériques (« Fist of Destiny »), et la voix de Berny Jagielki commence à montrer ses limites. Dans un cadre aux références bien établies (BIOHAZARD, CHANNEL ZERO, PANTERA, LEEWAY), les OUR SOULS ne tiennent pas la comparaison, et se contentent souvent de répéter les mêmes formules avec plus ou moins de conviction.
Grâce à Dieu, les titres sont brefs, et l’album aussi. Ce qui sauve le combo des limbes de l’échec, même si encore une fois la rythmique donne des signes d’essoufflement sur les parties les plus posées. Et alors que la lassitude commence à vous gagner, les cinq instrumentistes finissent enfin par donner de leur personne, nous proposant une ballade à bride abattue digne de TANK (« The Devil in You »), avant de se replonger dans les racines groove et Indus nationales. « Hasslich » nous propose donc une digression assez intéressante sur le Tanz Metal germain, avec ses faux airs d’OOMPH et de RAMMSTEIN light. On pense aussi au PRONG de fin de première carrière, mais on remercie en tout cas les OUR SOULS pour cette bonne surprise.
Les deux derniers morceaux font aussi le job, en se recentrant sur une inspiration plus classique, mais « The Damned » cogne méchamment Core, alors que « Still Alive » s’offre une conclusion plus tribale et menaçante.
Ce final plus convaincant n’empêche pas l’album de se noyer dans la masse des productions actuelles, et de ne pas tenir la distance avec les concurrents plus notables. Il y a de l’envie, de l’énergie, mais pas assez d’inspiration et un manque de recul pour vraiment marquer, et on attendra du groupe qu’il accentue ses côtés les plus singuliers pour vraiment sortir un album digne de ce nom.
Titres de l’album:
01. Pound for Pound
02. Slaves of the Sun
03. Fist of Destiny
04. No Place to Go
05. Eternity
06. The Devil in You
07. Hasslich
08. The Damned
09. Still Alive
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36