Revelation 20

Forgiveness

24/03/2021

Autoproduction

La norme Reign in Blood semble faire de plus en plus d’adeptes dans le monde du Thrash. En effet, Revelation 20 est le second premier album que je chronique ce matin à rester sous la barre des trente minutes imposées par le classique de SLAYER, bien que la comparaison d’arrête là. Après les Etats-Unis, direction le sud et le Brésil, la patrie du Thrash bestial et sans compromis. Mais loin de l’héritage national, les originaires de São Paulo accepteraient plus volontiers le legs de la Bay-Area et de la Ruhr, nous proposant un mélange efficace entre les deux écoles et combinant la fluidité de la première et la brutalité de la seconde.

Et du coup, on passe facilement la troisième, et même la cinquième à l’écoute de ce premier jet de FORGIVENESS, qui n’est pas si éloigné que ça d’un brouillon habile ayant copié les formules des suédois d’AGONY et des allemands de KREATOR. Une cadence d’abattage rapide mais maîtrisée, un chant raclé à la Mille, des riffs précis mais restant hargneux, et une ambiance chauffée à blanc pour un passage en revue sympathique des figures les plus caractéristiques du Thrash estampillé eighties.

Dans le mille et Mille, FORGIVENESS nous propose donc le énième album old-school du mois respectant la tradition établie dans les années 2010. Mais « ils » ont au moins le mérite de le faire avec panache et énergie, malgré des BPM qui s’égrènent de façon tout à fait raisonnable. Refourguant parfois les instincts belliqueux de « leurs » aînés avec quelques blasts qui tombent à pic, « les musiciens » jouent crânement leur carte, et abattent une jolie paire de dames qui se crêpent le chignon. Entre férocité patente et insertion de mélodies en douce, ce premier longue-durée de longueur moyenne interpelle de ses capacités, sans vraiment chambouler la donne et remporter la mise.

On aime toutefois cette confrontation permanente entre les harmonies et la sécheresse de riffs qui tranchent dans le vif, cette voix assez convaincante, ces breaks qu’on anticipe mais qui tombent toujours pile, cette précision instrumentale, et ce désir de s’extirper du bourbier evil d’Amérique du Sud. Je ne saurais trop vous conseiller d’ailleurs de vous envoyer deux ou trois shots du démoniaque « His Kingdom is Coming », qui résume admirablement bien la philosophie brutale « des » brésiliens, même si l’ouverture très capable de « Thrash Metal Worship » en dise assez long sur les intentions.

Du Thrash, encore du Thrash et rien d‘autre, parfois joué Heavy, parfois joué tendre mais ferme, quelques traces d’inventivité dans l’agencement des intros (« Revelation 20 »), une production minimale servant le propos passéiste, tel est donc le tableau brossé. Le pinceau n’est pas toujours très fin, le son des soli mal dégrossi, mais l’attitude est là, la puissance aussi, l’envie, et on se laisse séduire sans trop résister, même si malgré sa courte durée, l’album finit par se répéter.

Alors, il suffit d’apprécier cette tranche de vie comme il se doit, et accepter le côté réchauffé de l’affaire. D’autant que le projet n’est drivé que par un seul homme, qui se démène comme quatre (d’où la présence des nombreuses guillemets). Ricardo de Paiva, aux commandes, se débrouille comme un chef pour nous faire croire à un effort collectif, et parvient à damer le pion à des formations plus conséquentes. Cyclique comme tout bon disque des années 80, à cheval entre la férocité et l’envie de séduction mélodique, Revelation 20 n’est évidemment pas la révélation du vingtième siècle, mais la découverte d’un potentiel certain. Ainsi, « Slave of Sins » synthétise les idées les plus brutales du Death/Thrash d’il y a trente ans et plus, tandis que le final « Short Circuit » accélère enfin le pas pour se poser en hymne d’un album discret, mais probant.

Du formalisme, du flair dans les riffs qui écrèment les parties les plus convenues, et un ensemble qui tient debout. Sans déclencher des crises d’euphorie,  FORGIVENESS/Ricardo de Paiva excuse son traditionalisme forcé de sa capacité à signer des vrais morceaux, efficaces, mais gagnerait à aérer ses compositions en s’éloignant de ce schéma un peu trop prévisible. Heureusement, trente minutes passent vite, plus vite lorsqu’on écoute Reign in Blood, mais tous les thrasheurs ne sont pas membres de SLAYER.        

 

                                                                                                                                                                                                    

Titres de l’album:

01. Thrash Metal Worship

02. Pandemic Infection

03. His Kingdom is Coming

04. Revelation 20

05. Slave of Sins

06. War Inside

07. Short Circuit


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par mortne2001 le 04/05/2022 à 15:16
70 %    330

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