Repartons en Norvège, non pour y découvrir la nouvelle sensation extrême à la mode, mais pour y faire la connaissance d’un groupe plus consensuel, qui a semble-t-il trouvé la recette idéale pour réconcilier les nineties et le nouveau siècle. Peu d’informations au sujet de ce groupe qui se fait plutôt discret sur la toile, tout au plus une location géographique (Askøy, Bergen), et un line-up (Christian Lerø - chant/guitare, Cata Babut - guitare, Lasse Ove Steine - basse et Iben Christopher Espeseth Hanøy - batterie). Déjà responsables d’un Beyond Limits que la presse underground avait applaudi des deux mains, le quatuor remet le couvert avec ce Conquer The Silence qui en effet ne lui laisse que peu de place pour imposer des guitares puissantes et mélodiques, une rythmique ample et des lignes de chant viriles. Archétype du groupe assez difficile à situer, SILVER END se placerait donc en convergence d’un Metal alternatif hérité des difficiles années 90 et d’un Metal plus moderne aux sonorités nordiques, respectant là le cahier des charges d’un disque aussi à l’aise dans son époque que conscient de son héritage. Structurant leurs compositions comme autant de hit singles potentiels, les norvégiens ne se posent aucunement la question de l’originalité, préférant résoudre l’équation de l’efficacité, qu’ils débarrassent de toutes ses inconnues pour imposer des refrains fédérateurs et des couplets fiévreux, le tout prenant des allures de Pop habilement déguisée en Hard Rock par une accumulation de figures de style et une production over the top qui offre de la profondeur à chaque intervenant. Comme vous l’aurez compris, les SILVER END souhaitent marquer les esprits de leurs capacités à séduire plus que par leur potentiel à surprendre, mais c’est avec délectation que nous avalons ces onze compositions qui sont autant d’hymnes à l’hédonisme contemporain.
Se déclarant proches de références aussi disparates que BREAKING BENJAMIN, METALLICA, LIVE, SAVING ABEL, DIO, HELLOWEEN ou PAPA ROACH, les SILVER END ressembleraient dans les faits à un subtil mélange de ces derniers et du METALLICA de Load et Reload, sans pour autant copier l’un ou l’autre sans vergogne. Mais il est certain que la génération MTV Post-Grunge les a beaucoup inspirés, et spécialement cette scène menée par les PAPA ROACH, CREED, et surtout LINKIN PARK, dont ils empruntent une bonne partie du vocable, sans les tics synthétiques insupportables et immédiatement datés. Comme je le soulignais, outre les qualités intrinsèques des morceaux proposés, c’est la perfection de la production qui saute aux oreilles, avec ces guitares tranchantes mais pas forcément dangereuses, ces lignes de chant qui semblent s’envoler avec l’air du temps, et ces quelques arrangements de claviers qui offrent un contrepoint assez intéressant à la tension d’ensemble. Rien de foncièrement original dans les faits, mais une transposition des standards nordiques dans une culture US qui n’en finit pas d’influencer les jeunes générations, pour un LP qui s’il paraît imperfectible dans le fond reste factuel dans la forme, parfois presque proche d’un EVANESCENCE en moins adolescent. Le point de mire étant sans conteste le single avant-coureur « Heart Of A Champion », qui sous couvert d’un Metal alternatif ose des inserts Pop franchement accrocheurs, le tout dynamisé d’un chant un peu sous-mixé et noyé dans la bande instrumentale, bardé d’écho, mais qui agrippe l’oreille jusqu’à ce que le solo homérique termine le boulot. Il n’est pas incongru de voir en ce quatuor une sorte de délocalisation du DEF LEPPARD le moins attaché à ses racines en terre norvégienne, même si le spectre d’un STRATOVARIUS moins emphatique que d’ordinaire peut aussi effleurer la mémoire (« Conquer the Silence »). En gros comme en détail, un soin particulier apporté aux harmonies, qui combinées à la puissance globale ne peinent pas à convaincre, comme un best-of des réflexes de ces vingt dernières années remis au goût du jour.
Et il y a quelque chose de noble dans cette attitude consistant à piocher dans le passé de quoi construire son présent. En essayant de se restreindre au format Pop de trois minutes et quelques, Conquer The Silence ne parle pas pour ne rien dire, et ose des choses plus modulées, lors d’une intro ou d’un break bien placés, et « Never Back Down » d’adopter le dramatisme de l’entrée dans le nouveau siècle pour lui injecter un peu d’émotion (« Never Back Down »). Le genre de choses qu’on a déjà entendu à de nombreuses reprises, mais qui trouve ici un éclairage nouveau, sinon révolutionnaire, parfois plus agressif que la moyenne, hautement syncopé, et chargé de stries de guitares qui trouent le ciel de leur soli incendiaires (« Aim to Please »). D’ailleurs, ce titre a tout d’un aveu de complaisance de la part du groupe, qui fait effectivement tout ce qu’il peut pour séduire le plus grand nombre, sans tomber dans la faute de goût d’un art un peu trop consensuel pour ne pas être putassier. Et les morceaux s’enchaînent sans le moindre temps mort, variant le rythme pour avancer plus ou moins vite, prenant parfois des pauses salvatrices histoire de laisser les gammes respirer un peu et notre cœur ralentir quelque peu. Pas forcément les moments les plus inspirés, mais qui ont le mérite de laisser l’air entrer dans une pièce moite de passion (« Cornerstones »). Avec à intervalles réguliers des accès de fièvre qui permettent de s’éloigner un peu de ces critères un peu trop radiophoniques (« Lighten Up »), ou des prises de risques qui flottent sur une mer d’ambivalence (« The Fallen King », LINKIN PARK qui visite les côtes norvégiennes en écrivant une carte postale).
Le problème étant qu’il est ardu d’écrire sur une musique qui ne cherche pas midi à quatorze heures, et qui se contente souvent d’appliquer la même recette en variant légèrement les arguments. Mais lorsque la sensibilité s’incarne d’une façon un peu moins prévisible, on se laisse prendre au jeu (« Fly Away », l’un des meilleurs morceaux de l’album), spécialement lorsque les enchaînements ne sont plus aussi logiques qu’au départ (« Conspiracy »). Alors, l’un dans l’autre, pas grand-chose de spécial à attendre d’un album qui ne veut pas sortir des sentiers battus, mais plutôt y proposer une ballade intelligemment préparée, à base de couches de chant puissantes et racées, de guitares aux partitions travaillées, et de variété nuancée. Une musique qui prend certainement toute son ampleur en live, mais qui réserve quand même quelques plaisirs en studio (« Only a Human », prévisible, mais charmant), et qui permet de voir la Norvège sous un autre jour, plus abordable et qui a de faux airs de carte postale pour attirer les touristes en musique. Ceci dit sans aucune condescendance.
Titres de l'album :
01. Let's Go
02. Conquer the Silence
03. Never Back Down
04. Aim to Please
05. Cornerstones
06. Heart of a Champion
07. Lighten Up
08. The Fallen King
09. Fly Away
10. Conspiracy
11. Dwells in Me
12. Only a Human
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44