On ne nage plus dans l’old-school, on s’y noie. De semaine en semaine, les vagues déferlent, toujours plus hautes et nombreuses, et la pauvre bouée dont nous disposons ne suffit plus depuis longtemps à nous sauver d’une dérive inévitable. Quand ce ne sont pas les jeunes qui copient les anciens, ce sont les anciens qui essaient de donner une leçon aux jeunes, et ce combat n’a pas que des gagnants. Ou en tout cas, pas forcément ceux qu’on croit. .
Aujourd’hui, c’est une légende de l’underground allemand qui revient nous chatouiller les orteils avec son nouveau long. DARKNESS, un nom bien connu des initiés qui comme moi, ont beaucoup joué des albums comme Death Squad et Defenders of Justice. Dans les années 80, le quatuor avançait tranquillement en seconde division germaine, et la sortie de Conclusion & Revival avait sonné leur glas prématurément. Depuis, pas mal de bière a coulé sur les pions, et le groupe a remis le couvert avec une nouvelle formule, qui ressemble étrangement à l’ancienne.
Dernier témoignage en date, First Class Violence qui en 2018 avait quelques trucs à hurler. Un disque de fort bonne facture, pour un groupe qui aime le travail bien fait, mais qui n’a jamais brillé pour son culot. Six ans plus tard, le gang se retrouve dans la rue pour faire peur aux voisins, et nous braille un Blood on Canvas en plein dans les oreilles. Et si les mines sont toujours patibulaires, le fond de l’air est toujours aussi frais, et le Thrash à maturation. De la bonne came ?
Oui et moins oui, comme d’habitude avec DARKNESS. On passe sans transition d’un Thrash fougueux à un Thrash besogneux, mais dans l’ensemble, cette nouvelle tranche de vie a de quoi intéresser tous les ferrailleurs et autres dealers en décibels. Fêtant l’arrivée dans la confrérie de Dominik Rothe (SCANNER, TASKFORCE TOXICATOR, ex-MARAUDER, ex-SPEED LV̇FTER, ex-CEREBRAL INVASION, ex-DREADTHESUN) à la seconde guitare, Lacky (batterie), Arnd (guitare), Lee (chant) et Ben (basse) se sentent pousser des ailes, et jouent gaiment avec les limitations de vitesse pour nous proposer un traditionalisme attendu, mais efficace et bien tendu.
Dès « Wake Up in a Rage », les horloges se mettent à l’heure de la castagne. Un son sans exagération, clair, net et moins compact que chez les copains les plus établis, une présence indéniable, et une forme qui fait plaisir à voir. Le quintet nous donne exactement ce qu’il nous a toujours donné, des hymnes qu’on reprend des clous dans le cœur et des morceaux qu’on beugle en sueur en portant la culotte de sa sœur. Certes, le propos n’est pas des plus finauds, mais est-ce vraiment ce qu’on attend d’un groupe comme DARKNESS ?
Fidèle à son approche eighties, avec ce brin de défiance Punk qui caractérisait les orchestres les plus sauvages et rebelles, DARKNESS ajoute à sa sélection une nouvelle entrée agréable, rapide, bien troussée et qui donne envie aux voisins de déménager. On ne peut toutefois pas penser à autre chose que l’Allemagne lorsqu’on écoute un « Human Flesh Wasted », qu’on pourrait croire cosigné par les soiffards de TANKARD, ou quand on déguste à grandes lampées un « Night in Turmoil » à la lourdeur un peu trop insistante.
La violence du quintet est toujours aussi bon enfant. Les riffs alternent le guilleret champêtre et le souriant urbain, quelques parties mosh viennent nous serrer la main, et le bilan est plutôt avenant. Assez proches de leurs confrères d’ASSASSIN, ou d’EXUMER, les DARKNESS ne s’embarrassent pas de principes, et recyclent avec plus ou moins de bonheur des thèmes largement utilisés dans les eighties, la modernité du son en plus. Mais ne soyez pas dupes, ce nouvel album pourrait déjà être un ancien, tant il s’obstine à refourguer les idées de ses aînés.
Alors, apprécions-le pour ce qu’il est. Un bon moment bourrin mais pas trop, et qui de temps à autres flirte avec la brutalité plus ouverte (« This and My Heart Beside », l’une des meilleures saillies du lot), tout en gardant une musicalité très présente. Pas de chaos ni de boucan, juste un bon bordel qui traverse les vitres de la bagnole pour sonoriser tout le quartier, sous l’œil ahuri des passants. Et comme une fois par ci par là, le groupe nous fait le plaisir de nuancer un peu (« Truth Is a Whore », et une sacrée en plus), on sait se montrer clément au moment de dresser un bilan.
Largement plus compétent que bien des concurrents plus décorés, DARKNESS s’en sort sans trop de problème, même si cette sensation d’avoir déjà entendu ça des milliers de fois nous chatouille les bretelles. Mais tel est le principe du vintage, qui ne perd pas de temps à chercher la petite bête. Il préfère l’écraser d’un coup de basket, les lacets défaits et la semelle maculée de liquides visqueux.
C’est le prix à payer pour se manger un lapidaire et très RECIPIENTS OF DEATH « Defcon Four », et surtout, pour jauger du potentiel d’un ultime titre aux ambitions plus déclarées. Avec « Blood on Canvas », l’album prend, une autre dimension, et avoue une passion épique assez rare dans ce genre de travail. Mais cette guitare en son clair, cette intro qui monte comme un « Fade to Black » germain, et cette construction en crescendo bien connue des amateurs de HEATHEN et autres SCANNER font grimper la température, et permettent à Blood on Canvas de passer la cinquième juste avant l’autoroute.
Alors, je le concède, certains plans sont anonymes, une poignée d’idées aurait pu être laissée sur le compost, mais globalement, Blood on Canvas est un bon cru qui s’avale sans effort, et vers qui on pourra revenir dans quelques temps.
De quoi donner envie de se mettre à la peinture, et de signer dans le sang sa première œuvre.
Titres de l’album:
01. Wake Up in a Rage
02. A Couple of Kills
03. Night in Turmoil
04. Human Flesh Wasted
05. This and My Heart Beside
06. Truth Is a Whore
07. Defcon Four
08. Roots of Resistance
09. Blood on Canvas
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Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55