Cadavre
Deveikuth
22/10/2019
Autoproduction
L'univers de l'underground est vraiment plaisant quand on cherche à découvrir des groupes inconnus du grand public et c'est le cas ici dans cette chronique.
Formé en 2013, DEVEIKUTH nous vient de Marseille et depuis sa création, il agit dans les bas-fonds de l'underground. Bien que méconnu aux yeux du monde, ce duo propose son nouvel album Cadavre auquel, après écoute, on peut lui associer le fabuleux slogan de l'entreprise E-Leclerc "Nos régions ont du talent."
Autant être direct, DEVEIKUTH ne fait pas dans la musique accessible, proposant une approche expérimentale voire personnelle, un peu comme SUNN O))). Alors ceux qui sont habitués aux formats conventionnels passez votre chemin.
Zero (chant, guitare, synthé) et Alexis (batterie, samples) aiment décrire leur musique comme quelque chose de profond et sombre où le néant absolu domine l'ensemble de l'œuvre. Afin de donner une forme concrète à ces émotions, les deux musiciens expérimentent derrière un tas d'amplis et autres matériels bruyants pour donner cette sensation de déshumanisation tant souhaitée. Leur enregistrement donne même l'impression que cela a été produit et mixé dans un vieux sanatorium.
Dès le commencement, avec "Ritual", se met place un effet sonore perfide, le son guitare inharmonieux étouffe littéralement à l'écoute, respectant les codes du Drone auquel se rajoute des parties de batterie avec cymbales et grand coup de caisse claire pour renfoncer cet aspect assourdissant. DEVEIKUTH présente en peu de temps un album négatif sur une pensée nihiliste mais également démoniaque comme sur "Cadavre" qui débute par une atmosphère glaçante. L'intro, par son mélange d'indus et de samples, de chant Grégorien donne un ton blasphématoire. Mais là où ce titre retient une attention particulière c'est parce qu'il se détache très vite avec une idée de départ prenant la forme de mélodie dédiée à la tristesse. Le chant de Zero (proche d'un AMEN-RA) est comme l'expression d'un patient isolé en soin psychiatrique, elle se résume par des cris de tourment et de souffrance, et ce n'est pas avec les deux titres "Void#1" et "Void#2" que le groupe fera dans l'espérance de vie, préférant nous enfoncer de plus en plus dans une approche Blackened Doom et Noise bien plombée.
Durant quarante et une minute, DEVEIKUTH nous rappelle que la vie n'est pas rose mais qu'elle est aussi remplie de désespoir lié à notre monde. Cadavre n'est pas qu'un simple album, il est une réalisation artistique où s'exprime un patient malade sur ses sentiments qu'il éprouve dans une phase terminale; alors comme un cancer, Cadavre vous consumera à son écoute.
Je dois avouer que ce disque était dans mes archives et que j'ai eu tort de mettre du temps à le découvrir mais il n'est jamais trop tard pour une bonne baffe. Certes Cadavre n'a rien d'extraordinaire mais il mérite de sortir du lot parmi nombre de groupes underground.
Si il y a des amateurs de THE BODY, INDIAN ou encore DARK CASTLE vous allez trouver votre bonheur dans ce disque.
Track-List :
1.Ritual
2.Cadavre
3.Void#1
4.Void#2
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