Le porc, c'est bon quand c'est mort, car quand c'est vivant ça fait du boucan. Tout le monde ou presque connaît ce célèbre vers de la chanson éponyme d’ODEURS, et s’il s’applique au premier degré, il le peut aussi aux second et troisième. Et justement, ce soir, c’est au second degré que je vais l’employer, en parlant du premier album longue-durée de VOIDGAZER.
St. Louis, Missouri, de 2016 à aujourd’hui, quatre musiciens plus ambitieux et malicieux que la moyenne créent un vecteur d’expression à la hauteur de leur folie. Si fou d’ailleurs qu’on peine à le définir, même dans les grandes lignes. Manny Watts (guitare), Omar Olivares (chant), Mitch Bussone (basse) et Kyle McNeil (batterie), le casting de cette nouvelle superproduction Reigning Phoenix Music, sont de cette race de musiciens qui conchient les genres, les frontières, les styles, les approches figées et les attitudes posées. Depuis quelques années, et malgré l’adversité du COVID et de la situation problématique qui s’en est suivi, ces mecs essaient tant bien que mal de promouvoir leur musique. Après parution d’un premier EP du même titre, le quatuor est d’abord passé par les services d’Atomic Fire Records avant de bénéficier de l’intérêt de RPM qui leur offre une distribution mondiale.
Ce qui n’est que justice, tant leur musique mérite d’être connue du plus grand nombre. Ou l’inverse. Ou juste des frappés. Des tarés. Ou mieux : de ceux qui aiment leur Rock bizarre, amplifié, malmené, hérissé, décoiffé, et subtilement schizophrénique sur les bords.
Nous n’en sommes pas encore au niveau d’IGORRR, de CARNIVAL IN COAL ou de 6:33. Mais nous sommes déjà au-delà de PSYOPUS, de COMITY, et assez proche de certains projets annexes de Mike Patton, Bill Laswell, John Zorn, tout comme de DILLINGER ESCAPE PLAN, et finalement, d’une certaine forme de dadaïsme musical qui séduira tous les adeptes de la secte qui pisse assis même quand il fait froid.
Mais foin des métaphores et des comparaisons grotesques. VOIDGAZER est au Metal extrême ce que les Monty Python étaient à l’humour anglais. Un pas en avant, une démarche ridicule, un humour qui fait mouche, et des mouches qu’on colle au plafond. Totalement libres, les américains nous livrent là un album qui fera date cette année (2024, facile), et qui rejoindra le hit-parade de tout fan de Fusion brutale qui se respecte.
Un peu comme si GOJIRA se faisait kidnapper par BRUTAL TRUTH, sous l’œil goguenard et indifférent de Ben Weinman. Alors, on recense les trucs, parce que le dosage des ingrédients est tout sauf équilibré. Du Death, du Thrash, du Grind, du Sludge, du Jazz, du Metal Progressif, beaucoup d’agressivité, beaucoup d’inventivité, et une façon très particulière de se sortir de mauvais pas. Très vilain dans la forme, VOIDGAZER l’est aussi dans le fond. Ces mecs ne nous veulent pas que du bien, mais le mal qu’ils nous font est bénéfique.
Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes les concernant.
En termes de bizarrerie dans l’extrême, le n’importe-quoi et fourre-tout prend souvent le pas. Les structures en pâtissent, et on a souvent le sentiment d’écouter une vague jam gravée sur bandes, plus qu’un véritable album construit et pensé. Mais dans le cas de Dance Of The Undesirables, l’illogisme est logique, et les idées ne sont pas empilées comme de vulgaires parts de pizza froide. Et si écouter cet album me rend indésirable, j’en accepte volontiers les conséquences.
Rythmiquement irréprochable, ce premier long est basé sur des tendances que NOMEANSNO trafiquait déjà dans les années 90. Des contretemps, agrémentés de quelques fantaisies de solfège des groupes progressifs les plus méchants, une voix franchement pas jouasse pour un répertoire pas du tout dégueulasse. Bien au contraire. Fonctionnant peu ou prou comme une expérimentation culinaire à base d’ingrédients pas forcément compatibles, Dance Of The Undesirables n’est pas une pizza hawaïenne, mais offre un arrière-goût sucré-salé de premier choix.
Souvent arrosé de sauce Nuoc-Mam, et donc très salé, Dance Of The Undesirables se fait parfois plus doux par l’entremise d’un ajout de Heavy Metal simple et direct, dans la droite lignée de l’irrésistible « Milk Lizard » de DILLINGER (« Expectations Management », bourrin, les deux doigts dans le purin). Mais ces rares instants d’allègement se paient le prix fort. Celui du title-track, qui en huit minutes nous fait valdinguer dans toutes les pièces, même celles dont la porte est fermée à clé.
« Dance of the Undesirables » est sans conteste l’un des morceaux les plus dingues de ces deux ou trois dernières années. Et pas seulement parce qu’il est interrompu par un break jazzy. Sa construction en pyramide, ses accès de fureur, ses accélérations dantesques en font un typhon qui ne se dilue pas dans le sirop (les fans de Richard Anthony apprécieront la référence), et un résumé en CV d’une inspiration multiple et totalement géniale.
Mais il est difficile d’expliquer par A+B les raisons qui me poussent à ce dithyrambe qui paraîtra excessif ou hors-sujet pour beaucoup. Disons que j’ai une inclinaison naturelle envers les groupes qui forcent sur le trait rythmique, et qui ne sont pas dupes. Dupes de leur technique, de leurs capacités à accoucher d’un thème accrocheur, et de pondre un titre absolument divin.
Et puis sincèrement, comment ne pas craquer pour des mecs qui osent un bouzin comme « Sexual Sadist Serial Slasher » ? Hum ?
Bah oui, impossible. Alors certes, Le porc, c'est bon quand c'est mort, car quand c'est vivant ça fait du boucan. Mais ce boucan-là a de quoi rendre les truies aussi chaudes qu’une baraque à frites.
Titres de l’album:
01. Jesus Take the Needle
02. Expectations Management
03. Dance of the Undesirables
04. Blast Equalizer
05. Sexual Sadist Serial Slasher
06. Grand Appeasement
07. From Nothing
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19