NIGHTMARER est un groupe qui porte fichtrement bien son nom. En jouant une musique sombre, complexe et torturée, ce gang de Portland, Oregon, fait honneur à sa ville d’origine, et s’insère dans le club très fermé des bruitistes psychopathes qui n’envisagent l’art que sous sa forme la plus agressive et inconfortable. Mais loin du Hardcore, du Sludge ou d’une quelconque forme de délire sonore à base de réalisme pointu, NIGHTMARER propose une forme très aboutie de Death Progressif, à la limite d’un Death dissonant avant-gardiste, proche d’ULCERATE, GORGUTS, PORTAL ou encore REPLICANT. Du beau monde donc pour situer les américains sur la carte de la brutalité, qui change de capitale comme de chemise.
Cinq ans après l’introductif et cruel Cacophony of Terror (qui lui aussi portait bien son nom), le quintet (John Collett - chant, Simon Hawemann & Keith Merrow - guitares, Brendan Sloan - basse et Paul Seidel - batterie) continue donc son histoire et son périple via cette nouvelle étape, Deformity Adrift, qui n’a pas été baptisé par hasard.
Au menu des sévices proposés, des riffs acides et morbides, une rythmique polyvalente constamment sur la brèche, et un chant caverneux au moins aussi repoussant qu’un rot de mammouth. L’inventivité dont font preuve les musiciens pour rendre chacun de leurs morceaux unique est admirable, et autant dire que l’impact de ce second long est énorme sur la santé morale et physique. Refusant les facilités des codes old-school, NIGHTMARER offre un voyage sans retour dans la psyché a plus torturée de ses auditeurs les plus masochistes, ceux-là même qui ne conçoivent le Death Metal que sous son angle le plus tortueux.
Mixé et masterisé par Raphaël Bovey au MyRoom Studio, Deformity Adrift développe une vision étrange et renvoie un reflet déformé du Death technique moderne, empruntant au hasard de l’inspiration des idées au Black Metal le moins prévisible via ses représentants les plus abscons (DEATHSPELL OMEGA en étant le meilleur exemple). En résulte une tambouille brulante, piquante, mais aussi bizarre en bouche, comme déformée par une amertume prononcée et une acidité exacerbée.
En trente-deux minutes, pas facile de faire la différence avec la concurrence. Et pourtant, la gageure est relevée avec brio, entre lenteur oppressante, lourdeur suffocante, et disharmonie flagrante. Le meilleur exemple du mal émanant de ces compositions reste l’impressionnant « Suffering Beyond Death », monolithe incandescent passant par toutes les teintes d’un Death aussi morbide que futuriste, à la recherche non du temps perdu, mais d’un espace différent, ou les échos meurent avant même d’avoir tenté de se propager.
L’atmosphère est à la fois confinée et ouverte. Les rares moments calmes contribuent à rendre ceux plus intenses encore plus étouffants, et on repense volontiers aux débuts de la scène acrobatique et technique, lorsque les musiciens faisaient le choix de la sophistication et de la bizarrerie au détriment d’une efficacité trop instantanée et brute.
Mais loin de la raison du genre, Deformity Adrift s’assume comme créature difforme aux intentions malsaines, à la personnalité révélée par l’entame « Brutalist Imperator ». Le chaos frappe, les discordances irritent les tympans, et l’assemblage des plans assez équilibristes achève de convaincre les plus exigeants du caractère unique de cette réalisation. On se prend vite de passion pour ce maelstrom décadent et dégénérescent, qui place la batterie au centre des débats, en faisant confiance à cette frappe solide, mais fluide et supersonique.
Capable de défier en terrain lourd, de s’envoler plus haut, de profaner plus de règles tacites, NIGHTMARER est un mauvais rêve bien réel, bien concret, qui interdit tout riff convenu ou classique.
Aussi violent que le Death le plus puissant, aussi original que n’importe quel chantre de l’expérimentation sauvage, quelque part entre GORGUTS et DODECAHEDRON, intense comme du Black déguisé en Metal extrême technique, Deformity Adrift ne laisse aucun répit à l’auditeur qu’il bouscule de tous ses muscles. On se laisse donc porter par cette méchanceté absolue (« Throe of Illicit Withdrawal »), faussement séduire par ces instants troubles et vénéneux (« Tooms », papier mâché et tanière baveuse pour créature X-Files en hibernation), et mutiler partiellement par des interventions sans pitié, aussi perturbantes que dissonantes (« Hammer of Desolation »).
Et pouvoir s’éloigner de la prévisibilité de la scène vintage fait un bien fou. Moi-même adepte du dogme libertaire dans l’extrême, je n’ai que des louanges à chanter sur la réputation de ces américains tordus, mais honnêtes. Le côté vicieux de l’affaire, cette passion occulte qui pèse sur le comportement, et cette fin triomphale en destruction massive (« Obliterated Shrine », comme si GODFLESH et MORBID ANGEL se partageaient les ruines d’une cité ravagée), et plus globalement, cette vilénie instrumentale renforcée de harangues démoniaques font de ce second album une performance en soi, une incongruité géniale dans le marasme créatif mondial, qui devrait propager le nom de NIGHTMARER bien au-delà des frontières de son état.
Le vôtre en revanche risque de ne pas s’améliorer avec le temps.
Titres de l’album:
01. Brutalist Imperator
02. Baptismal Tomb
03. Throe of Illicit Withdrawal
04. Tooms
05. Suffering Beyond Death
06. Taufbefehl
07. Hammer of Desolation
08. Endstadium
09. Obliterated Shrine
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
08/07/2025, 22:42
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54
Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."
08/07/2025, 21:31
Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26
Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.
08/07/2025, 19:55
Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)
08/07/2025, 19:23
@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.
08/07/2025, 17:31
Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.
08/07/2025, 17:18
@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)
08/07/2025, 06:08
J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)
07/07/2025, 22:26
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48