On se demande parfois pourquoi on s’inflige de tels sévices délibérément, pourquoi laissons-nous des artistes nous malmener à ce point, comme de bons masochistes qui plient l’échine pour recevoir des coups qu’ils n’ont pas mérités. Mais c’est ainsi, et plus les sons irritent, plus les odeurs écœurent, plus la vue sur les poubelles et les décharges donnent la nausée, et plus nous sommes heureux. Bizarre autant qu’étrange comme l’affirme l’expression consacrée, mais ne faut-il pas voir en cette problématique une volonté de prendre le monde tel qu’il est, dans toute son horreur, histoire de ne pas se réveiller toutes les nuits en croyant au cauchemar ?
Les PRAYING, faux dévots d’une foi trop mise à l’épreuve, ont depuis longtemps accepté cet état de fait, et leur église défroquée accueille tous les parias de l’underground dans une prière collective du Dieu Noise. Oakland, Californie, un album déjà remarqué dans les salles les plus sales des bars pour jobards, et surtout, une envie de confronter le Sludge le plus laid au Doom/Noise le moins frais, histoire de sélectionner les invités à l’entrée. Exit les propres sur eux, bonjour les malades, les frappés, les cradingues et autres doux-dingues se sentant à l’aise dans un siècle régit par les règles de la peur.
La peur, c’est celle formulée par une musique sombre, répétitive, écorchée, entre UNSANE et la NOLA vomitive, ELECTRIC WIZARD, METZ, le SAB’, MR BUNGLE Thrash, soit les ingrédients les plus amers et piquants du marché pour préparer une tarte aux abats pas super cuite, mais gouteuse en bouche.
Michael Ippolito (batterie), Zach Alexander (chant/basse) et Jordan Fore (chant/guitare) taquinent les placides MELVINS pour se montrer plus véhéments et bruyants qu’eux. On reconnaît cette gigantesque basse à rendre les SWANS ivres de joie, cette rythmique lourde et heurtée qui se met au diapason d’une époque malmenée, et évidemment, ce chant ignoble, à la limite de la rupture, qui nous raconte des histoires à dormir debout dans un bus sans places assises.
Et Dieu que le résultat est laid et effrayant. Avec force feedback et autres effets sonores naturels, PRAYING nous écorche le peu de joie de vivre qui nous reste, et nous entraine dans ses propres bas-fonds, souillés d’excréments, de petits cadavres d’animaux, balade organisée en honneur aux guides de FUGAZI, bien avant qu’ils ne deviennent fréquentables.
Aussi Sludge qu’il n’est Hardcore, ce second long est une réussite dans un genre qui ne supporte pas l’investissement partiel. Entre NYC et Boston, entre la rue et la morgue, entre les voitures et les morts qui marchent vers leur destin, l’aventure n’est guère réjouissante, et empeste les émanations de pot d’échappement, le vomi séché, et cette révolte qui gronde en arrière-plan, sans vraiment oser bousculer l’ordre des choses. Une pointe de NEUROSIS pour faire joli, de la puissance, un rejet évident de toutes les règles mélodiques en cours, pour une leçon de Hardcore létal, venimeux en morsure et fatal en injection.
Bienvenue chez le dealer le plus retors de la saison.
Entre fulgurances et stances plus longues, le trio se délecte de ses propres sons, et du mal qu’il inflige à ceux ayant eu le courage de braver les interdictions. Entre cette frappe matte et sans artifices, et ce larsen qui gronde, grandit et finit par nous rendre barge, le tableau est assez déformé, et la réalité des faits décrite avec acuité. Alors que le nombre de degrés acceptables du réchauffement climatique fait rage en ce moment, PRAYING s’en cogne et fait monter la température à des hauteurs dangereuses, histoire de nous fondre dans le décor, littéralement parlant.
Quelques cris au loin, des incantations de premier plan pour une alternance entre riff épais et dissonances, et parfois des errances étranges, chamaniques et intraduisibles (« Hellshine »), mais le plus souvent, des assauts soniques sans pitié qui multiplient la pesanteur par trois ou quatre (« Exit Hell »).
Et en coup fourré finaud mais méchamment salaud, les trois bougres osent la reprise improbable de RATM, mais évidemment, en version Oakland, sans la rage, mais avec la machine. On peine à reconnaître l’original, qui se retrouve noyé sous la distorsion excessive d’une basse en roue libre, sans parler de ce chant qui enlève à Zach son sens de la revendication pour l’échanger contre un renoncement maison. Pas gai, mais réel.
Sirènes de police tard dans la nuit, enfant qui vomit, voisins qui hurlent et se lancent des chaises à la tronche, True Hellman est une certaine vision de l’enfer sur terre, et une transition vers un autre monde qui n’apparait guère plus clément.
Titres de l’album:
01. Hellsong: Broken
02. Hellshake
03. Pink Hell
04. Hellshower
05. Prelude to Hell
06. True Hellman
07. King of the Hell
08. Hellshine
09. Hellsong: Complete
10. Exit Hell
11. Settle for Nothing (RAGE AGAINST THE MACHINE cover)
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