A coup sûr, vous allez me dire, « le Crust, le Grind et le Death suédois, je connais ». Vous n’aurez pas tort dans un sens et pourtant, il se pourrait que je puisse vous surprendre avec une sortie inopinée qui remettrait en cause tous les fondements de votre connaissance.
Non que cette sortie en question bouleverse profondément vos convictions, mais elle y ajoutera quelques nuances de tailles. Enfin, nuances, façon de parler.
Disons qu’elle vous fera voir le monolithe encore plus compact qu’il n’est. Et pourtant, à l’écoute de ce Den Forstorda Manniskans Rike, difficile de croire qu’un seul homme est responsable d’un tel chaos. C’est pourtant le cas, puisque derrière le faux pseudonyme de HENRY KANE se cache un des musiciens les plus prolifiques de Scandinavie, Jonny Pettersson. Petterson, c’est un peu l’homme à tout faire suédois, celui qu’on retrouve au casting d’un nombre incroyable de groupes et projets, et qui lorsqu’il s’ennuie, s’arrange pour bricoler des trucs dans son coin.
Membre actif d’ASHCLOUD, CAVEVOMIT, HUMAN HARVEST, PALE KING, JUST BEFORE DAWN, SYN:DROM ou WOMBBATH, l’homme n’a de cesse de revêtir de nouvelles identités pour continuer d’explorer les extrêmes d’un son extrême qu’il se complait à vouloir de plus en plus sombre et assourdissant. On pourrait croire qu’à force d’enregistrer, le boulimique aurait fini par nous resservir les mêmes plats habilement réchauffés, mais il n’en est rien. Et sa dernière recette pourrait bien être la plus épicée de son menu.
Pourtant, à la base, aucun ingrédient inconnu. Une énorme préparation à base de Crust scandinave intense, relevée d’une sacrée dose de Grind, et corsée d’un nappage Death encore plus glacé que les ornements de GRAVE ou DISMEMBER. Rien de bien neuf sous le soleil noir local, mais en dosant ses composants sans aucune retenue et en parvenant à un équilibre infernal apte à cramer n’importe quelle gorge, Jonny Pettersson alias HENRY KANE dispose sur la table de la violence un met brulant et plus concentré qu’un quatre-quarts à la harissa, refroidi par un hiver suédois des plus rigoureux. En gros, le truc qui vous gèle la langue en vous enflammant le gosier.
Pour ça, il faut une production, et un son. Là encore, Jonny n’a pas hésité à en faire trop, et à donner à sa guitare un écho encore plus caverneux que le plus sourd des tronçonnages locaux de l’histoire. Oublié les Sunlight, qui à côté sonnent bien fades et polis, bonjour l’approche contemporaine qui assimile une guitare à un bourdonnement de gégène, attendant patiemment de vous envoyer la purée dans les veines. Mais loin de se contenter de ce gimmick, Petterson a en sus troussé une des rythmiques les plus profondes et percutantes du circuit, histoire de donner à son travail un aspect de descente aux enfers, symétrie d’un Walhalla dont l’entrée vous reste interdite pour cause d’hérésie instrumentale. Mais après tout, avec une caution comme celle du label Transcending Obscurity, rien n’est vraiment étonnant.
Den Forstorda Manniskans Rike est donc hurlé en idiome natal, et se permet de catapulter les expériences les plus néfastes de la scène extrême nationale encore plus loin en avant. Une chute vertigineuse qui unit les ENTOMBED, NASUM et URSUT dans un même ballet enivrant, et que « En Själ Till Salu » introduit sans aucune prétention dans un déluge de blasts et de violence crue, qui vous tombe sur la gueule comme une chape de plomb dans un vieux cimetière, sous la pluie.
On sait depuis longtemps que le son suédois est devenu une trademark après laquelle nombre de combos courent, régionaux ou pas, mais admettons que HENRY KANE en un seul et premier album est parvenu à en durcir encore plus les caractéristiques pour les pousser à leur paroxysme, qui cette fois-ci sera difficile à transcender.
Et si Petterson affirme lui-même s’adonner à un Crust nihiliste, ne le croyez-pas sur parole. L’homme croit en ce qu’il fait, bien au contraire, et prend un malin plaisir à radicaliser encore plus un propos qui à la base, n’est ni tendre, ni chaleureux.
Il faut remonter loin pour retrouver telle intensité, certains ont même parlé des chefs d’œuvre de NASUM, sans que je puisse infirmer ou confirmer leur propos.
Si beaucoup d’entre vous seront rebutés par tant de véhémence, une minorité trouvera l’exercice admirable et sera conquis par ce refus de la demie mesure, que quelques breaks encore plus Heavy qu’une enclume de forgeron sur le pied parviennent quand même à moduler.
En dehors de ça, le cheminement est simple, et les morceaux courts. En dehors de deux interventions dépassant allégrement les quatre minutes, des jets primaux, et des cris qui ne le sont pas moins. Ces deux élongations font d’ailleurs partie des segments les plus intenses de l’album, frisant même des pics de créativité, notamment le morceau éponyme qui ose torturer des mélodies anémiées en leur râpant la peau d’accélérations Crust sans pitié. Le chant de Jonny, absolument infect et vomi menace à chaque instant de verser dans la caricature, et pourtant l’évite grâce à une foi indéfectible en l’ignominie qui les rend effrayants.
« Det Var Inte Ditt Fel » suit peu ou prou le même chemin, avec une introduction Death cauchemardesque, qui lamine encore plus le son de guitare pour en exagérer la distorsion déjà grotesquement élevée, avant qu’une double grosse caisse sortie de nulle part ne concasse les os d’un couplet abominable de gravité.
Mais n’attendez pas plus d’empathie de la part des titres les plus lapidaires. Au contraire, malgré leur fugacité, certains font preuve d’une vilénie et d’une véhémence à rendre les NAILS verts de jalousie, et pourraient même rivaliser avec les pires exactions des FULL OF HELL (« Dragen i Skiten »). D’autres au contraire, malgré un timing resserré, parviennent à se faire introduire quelques plans médiums accrocheurs (« En Längtan »), tout en saturant de blasts assassins.
Entre les deux, des litanies éprouvantes (« En Grav Av Angest »), des bourrinades déroutantes (« Lögnens Svarta Ögon »), et évidemment, eut égard au caractère excessif de l’entreprise, une certaine routine qui s’installe de temps à autres, sans pour autant nuire au caractère essentiel d’une telle réalisation.
Mais pour lui rendre hommage, rien de mieux qu’une bonne image. Alors, imaginez. Une énorme presse à disque dans laquelle on introduirait Clandestine d’ENTOMBED, Grind Finale de NASUM et Panzer Division Marduk de MARDUK, pour en ressortir la rondelle la plus noire et grave de l’histoire de l’extrême. Vous visualisez/entendez un peu le résultat possible ?
Non ?
C’est pour ça que Den Forstorda Manniskans Rike a été enregistré. Parce que vous manquez d’imagination…
Titres de l'album:
Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)
08/07/2025, 19:23
@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.
08/07/2025, 17:31
Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.
08/07/2025, 17:18
@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)
08/07/2025, 06:08
J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)
07/07/2025, 22:26
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16