Après avoir fait connaissance avec les BÂ’A sur ce fameux triptyque publié en 2018 en compagnie de VERFALLEN et HYRGAL, je m’attendais je l’avoue à les retrouver sur le même label des Acteurs de l’Ombre, c’est donc assez étonné que je les découvre dans le cheptel d’Osmose, ce qui n’est pas un choix illogique en soi. Il y a deux ans, BÂ’A, comme ses comparses, offrait deux morceaux pour présenter son approche, deux morceaux conséquents, mais qui nous laissaient sur notre faim. Nous faisions alors connaissance avec une formation mystérieuse, qui se proposait de ranimer l’esprit du BM des origines, celui de cette fameuse « seconde vague scandinave », et y parvenait sans peine. Le Black des français avait cette grandiloquence que les suédois imposaient il y a deux décennies, mais aussi la majesté de son équivalent national qui n’a pas attendu très longtemps pour en atteindre les sommets de qualité. Nous ne savions pas grand-chose alors des fondements du projet, mais depuis, nous avons appris qu’aux commandes se trouvait un certain RMS Hreidmarr (ANOREXIA NERVOSA/GLACIATION/THE CNK), ce qui nous laissait une justification somme toute assez logique sur la qualité du concept. Aujourd’hui, ce sont six titres supplémentaires que cette livraison nous présente sur un plateau, plutôt quatre d’ailleurs si l’on met de côté cette outro terminale très justement intitulée « Mort » et l’intro « Transept ». Le thème central du collectif n’a pas changé lui non plus, il se concentre toujours sur les liens qui unissent l’humain et le divin, et les dommages qu’entraîne ce lien faute à l’égoïsme et de la fierté des hommes. Une thématique d’usage donc pour un groupe d’obédience classique, qui ne cherche absolument pas à révolutionner le style qu’il pratique, mais qui propose plutôt d’en approcher la perfection.
Tout est là sur Deus Qui Non Mentitur, les prémices du split de 2018, mais aussi les confirmations apportées par le dernier GLACIATION en date. Les deux projets partagent ce goût de la démesure et de l’emphase, et une composition comme « Procession » ne fait qu’accentuer ces rapprochements. Adoptant la posture que DISSECTION affectionnait tant sur ses albums de légende, BÂ’A développe ses arguments à outrance, confronte la mélodie à une rythmique implacable et profonde, accompagne le tout d’un chant scandé et hurlé aussi poétique que sentencieux, et aborde tous les sous-genres d’un style qui ose la lourdeur, la poésie macabre et la vélocité dans un ballet ininterrompu. On trouve donc des traces de Doom dans cette musique, des blasts symptomatiques des premières réalisations du genre, mais aussi une optique plus contemporaine qui permet de lier le concept à son époque. Dans les faits, et entre deux parenthèses introductive et conclusive, Deus Qui Non Mentitur a des proportions d’EP déguisé en LP, avec ses quatre morceaux pleins qui dépassent à peine la demi-heure. Les fans de la première heure d’ailleurs ne seront pas surpris de reprouver les mêmes composantes, cette rage sous-jacente qui explose dès « Titan », hurlé d’une voix écorchée par un chanteur à la diction aussi impressionnante que le débit, mais inutile de le nier : le tout à des allures formelles qui nous renvoient à la source du mal, avec ces riffs concentriques qui tournoient dans un ciel de fin du monde, des cassures impromptues qui ralentissent le massacre, et de soudaines poussées de mélodie sur fond de tempo processionnel et martial. La touche française est donc bien présente, mise en abime de l’inspiration nordique, et le mélange est délicieux, mais aussi vénéneux. On apprécie par-dessus tout ces longues digressions à la lenteur hypnotique, savant clin d’œil à la majesté du BATHORY viking, mais aussi ces performances individuelles qui ne nuisent pas à la cohésion de l’ensemble.
Il n’y a concrètement pas grand-chose à dire sur ce premier LP qui joue le traditionalisme, à part qu’il est sans défaut. Les amateurs de BM historique y trouveront leur compte, avec cette production très rêche et ces médiums qui agressent en permanence les oreilles. Les aigus, spécialement ceux des cymbales vrillent les tympans de leur sifflement permanent, mais loin de représenter des désagréments, ces détails ajoutent à la mystique de l’ensemble, qui retrouve l’impulsion d’origine, lorsque l’inconfort de l’auditeur était un but recherché, et non un handicap subi. Respectant un schéma bien établi, l’album ose donc de très longues compositions structurées plus ou moins de la même façon, avec toujours un corps de chanson violent, soudainement interrompu par un break, lent la plupart du temps, mais aussi atmosphérique parfois. Ainsi, le déroulé de « Des Profondeurs Je Crie » se casse en plein milieu pour imposer un grondement de fond à peine perturbé par une guitare à l’économie en son clair. Les percussions reviennent discrètement à l’avant-plan, avant qu’un riff incroyablement redondant ne donne le signal d’un crescendo traumatique et répétitif à outrance. La recette est donc d’usage et ne perturbera personne, mais tout le monde - en tout cas les fans de BM évidemment - s’inclinera devant le résultat obtenu, entre violence extravertie et introspection plus nuancée, même si les accès de rage prennent des proportions dantesques sur l’impressionnant « Un Bûcher Pour Piédestal ». Le lettré extrême aura certainement du mal à repérer l’ancrage contemporain d’un tel projet, mais en tendant bien l’oreille, on reconnaît souvent les options presque Post imposées depuis une décennie par l’écurie des Acteurs de l’Ombre, qui ne viennent aucunement trahir le côté « historique » de la démarche.
Le chant évidemment, impose sa carrure, mais ne place pas l’instrumental en arrière-plan, et avec Deus Qui Non Mentitur, BÂ’A offre plus qu’un premier album, mais bien un acte de naissance en tant que groupe à part entière sur la scène internationale.
Titres de l’album :
1. Transept
2. Titan
3. Procession
4. Des Profondeurs Je Crie
5. Un Bûcher Pour Piédestal
6. Mort
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