Frontiers, Melodic Rock Records, AOR Heaven, les labels ne manquent pas pour promouvoir le Hard Rock mélodique à travers le monde, et pourtant, c’est un album totalement anonyme qui s’impose comme le chef d’œuvre de ce mois de mai. REBEL KINGS sort en effet de nulle part avec un disque parfait, concocté avec soin, et accouché naturellement, sans péridurale et sans douleurs. La légende voudrait que ce groupe inconnu soit constitué de figures de la scène et de vétérans au palmarès étoffé, et les photos promo semblent étayer cette thèse.
La page Facebook du groupe étant relativement peu diserte, et les rares renseignements glanés sur le net ne permettant pas d’identifier les créateurs et participants, autant se reposer sur la musique proposée, très ancrée dans une tradition eighties remise au goût du jour. Enchantress mérite amplement son nom, et nous séduit de ses mélodies incroyables et de sa fougue létale. L’équilibre entre puissance et nuance est donc parfait, et loin des projets montés de toutes pièces par Frontiers, REBEL KINGS respire le naturel et la joie de jouer une musique simple, mais réellement attachante.
Mais évidemment, il ne reste pas grand-chose à dire lorsqu’on ne dispose que d’une date de sortie approximative fournie par les plateformes de streaming, et qu’un éventuel line-up reste une arlésienne intouchable. Car encore une fois, parler de musique semble vain alors que seul le ressenti compte, et pour ce faire, il convient de se plonger dans un disque d’une qualité irréprochable.
Irréprochable car excellemment produit, avec un chant bien mixé, une guitare qu’on ne bride pas, quelques claviers épars et une dynamique globale fabuleuse. Et « The Warrior » de jeter ses forces dans la bataille tout en assurant ses arrières. On repense évidemment à des groupes comme SHY, DOMAIN, ECLIPSE, et à une palanquée d’artistes du cru, mais on se laisse vite séduire par la personnalité intrinsèque d’un quintet à qui on ne la fait pas, et qui connait toutes les ficelles du métier.
Truffé de tubes, rempli d’hymnes à ras-bord, Enchantress est une sirène qui vous attire dans les hauts fonds pour vous capturer, image renforcée par cette pochette en bateau fantôme mode « Le Hollandais Volant », qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler une iconographie bien connue de SAVATAGE. Mais les deux groupes sont différents, et à vrai dire, REBEL KINGS EST différent, et se passe donc de comparaison. Le timbre chaud et lyrique d’un chanteur de talent, la frappe fluide mais assurée d’un batteur qui sait cogner, la basse ronde qui laisse quelques aigus percer, et la guitare agressive d’un chevalier qui joue collectif mais sait partir en solo font de ce premier né un véritable évènement de la scène.
Vous l’avez donc compris, peu importe qui sont ces musiciens, et seule compte la qualité de leur travail. Cette qualité s’étale sur près de cinquante minutes, de moments agressifs en pauses plus romantiques (« Beautiful Nightmare », pas loin de FOREIGNER et JOURNEY), entre Heavy abordable et Hard-Rock adorable (« Where Have You Gone »), avec des élans de tendresse sincères (« Shine on Me », tout simplement superbe), et des instincts qui ne sont pas sans évoquer le PRETTY MAIDS des années américaines (« The Scarlet to The Black »)
Je n’hésiterai pas à dire qu’Enchantress m’a bien plus convaincu que nombre de grosses productions reçues par mail. Non que les gros labels soient incapables de nous fournir notre bonafide mélodique d’année en année, mais ce disque, par sa fraicheur et son innocence est plus important et persuasif que bien des évènements promotionnels majeurs.
D’autant que les REBEL KINGS ont des ambitions, et se montrent capables d’évoquer la scène Progressive l’espace de quelques minutes poétiques et épiques. « The Enchantress », qui débute comme le classique « Dry County » de BON JOVI avant de s’éloigner en mode MARILLION des années Fish est sans conteste l’un des hauts-faits d’un album flamboyant, au niveau technique hallucinant et à la créativité remarquable, qui se paie le luxe d’éviter tous les écueils les plus dangereux pour respecter un plan de navigation impeccable.
Je suis conscient que ce concert de louanges vous semblera un peu excessif, mais en plus de deux décennies d’analyse musicale, je m’estime assez pointu pour reconnaître une œuvre d’exception lorsqu’elle tombe entre mes oreilles. Mais si jamais vous doutiez de la clairvoyance de mes choix, laissez-vous tenter par cette aventure simple mais riche, qui pendant une petite heure vous emmènera loin des soucis du quotidien.
Aucune esbroufe, aucune astuce facile, aucun gimmick cheap, juste de bonnes chansons, efficaces, dansantes (« Tear Me Apart »), jouées par des musiciens honnêtes et passionnés. Alors, le tout n’est pas très branché, sent même le formica parfois, mais reste un fabuleux témoignage d’un amour porté au Hard-Rock mélodique le plus racé et anobli.
Et une balade de la trempe de « Destiny » ne se déguste pas tous les jours.
Titres de l’album:
01. Senshi
02. The Warrior
03. Beautiful Nightmare
04. Where Have You Gone
05. Shine on Me
06. The Scarlet to The Black
07. Garnets Rainbows & Tears
08. The Enchantress
09. Tear Me Apart
10. Guns a Blazin
11. Destiny
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