Massacre Through Seduction

Söft Dov

04/08/2017

Horror Pain Gore Death Productions

A force de chroniquer des albums, EP de Crust, de D-beat, je commençais à me dire que la chose tournait salement en rond. L’école suédoise, les instigateurs anglais, les riffs se répétaient et devenaient trop familiers…Il fallait bien qu’à un moment donné, quelqu’un donne un coup de Doc dans la fourmilière sur les docks, et fasse avancer les choses…Pas forcément en jouant plus vite et en tombant dans le piège de l’outrance, mais au moins en tentant des approches différentes…Certes, le style était somme toute assez figé et ses extrapolations mesurées, mais il devait bien exister un « ailleurs » quelque part. Et, finalement, oui, cet ailleurs existe, mais n’est pas ailleurs. Il est…autrement, mais toujours situé dans un pays à l’influence majeure. Ni en Suède ni en Angleterre, aux USA, mais il est de notoriété publique que les Américains, en termes de Core ne font pas tout à fait tout comme tout le monde tout le temps.

La preuve, le quartette SÖFT DOV, qui ne vient pas de Stockholm malgré ce que son nom semble indiquer, mais de New Brunswick, New Jersey, et qui propose son premier album via Horror Pain Gore Death Productions, toujours à l’affût sur les bons coups et les plus tordus…Et comme en plus, certains de ses membres ne sont pas vraiment des nouveaux venus, on était en droit de s’attendre à un truc bien solide. Et solide, ce premier LP l’est, mais il est surtout…différent. Vraiment différent.

Mark Bronzino à la guitare, vient des IRON REAGAN, Ian Thompsen au chant, fait partie des ANOTHER SOCIAL DISEASE, Erin quant à elle assure la batterie et Söft Steven la basse. Un quatuor assemblé mais à l’effort homogène, qui se permet de retrouver le souffle initial du Crust, tel que les anglais ont pu le définir dans les années 80, via DISCHARGE, DOOM, CRASS et pas mal d’autres qui avaient enfin compris que non seulement le Punk n’était pas mort, mais qu’il pouvait se montrer encore plus radical et méchant qu’avant. Depuis, le style s’est encore plus radicalisé, s’est même salement refroidi dans les congélateurs scandinaves, mais est régulièrement revenu vers ses rivages de brutalité brute, comme en témoigne ce Massacre Through Seduction qui porte terriblement bien son nom. Difficile de croire qu’un disque aussi agressif et dissonant puisse être séduisant, et pourtant c’est le cas, même dégueulant de stridences, de feedback, de chant traité et de riffs déglutis à l’arrache. Le groupe lui-même définit sa mixture d’un laconique surreal Death-Crust, ou d’un dédaigneux filth-Rock, et il est certain que leurs morceaux ne respirent pas la joie de vivre. Pour être honnête, à l’écoute des douze pistes de cet effort initial, on n’a aucun mal à imaginer un vieux junkie affalé sur le sol tentant d’aguicher une vieille pute aux traits fatigués et aux seins tombant, les deux partageant ce même goût pour l’autodestruction qui régit le Punk depuis sa création. Le tableau n’est certes pas des plus ragoutants, mais il a ce quelque chose d’excitant dans la transgression et la non-gestion du chaos qui le rend incroyablement séduisant…Allez savoir…

Mais au petit jeu du « je mélange du DISCHARGE, du GENOCIDE (celui de Submit To, pas l’autre), du No-Wave traité Crust, avec une moue dédaigneuse et un certain sens du beat Rock », les SÖFT DOV sont vraiment les plus forts et organisent donc un vrai massacre dans les règles, celui de la musicalité, de la logique et de l’harmonie, en maltraitant les rares mélodies qu’ils laissent passer la porte…Les deux points forts de ce premier jet, en dehors de cette production abominable truffée d’effets et laissant les guitares trancher les veines en toute liberté, sont justement ces dernières qui frisent l’overdose de larsen à chaque intervention, et ce chant noyé dans la réverb, qui prend des libertés inouïes avec les tonalités usuelles bien graves et rauques du genre. Ici, le balbutiement se veut sexy, le déhanché dégingandé, et sublime des riffs qui se perdent dans le delay et l’écho sans qu’on puisse vraiment pouvoir les discerner. Le tout est éminemment chaotique, terriblement bruyant, mais addictif comme une drogue bon marché vers laquelle on revient quand le manque commence à chatouiller. Après avoir dealé des centaines de disques du cru, je n’aurais jamais pensé pouvoir être surpris par un nouveau rendu, et pourtant je le suis, me noyant dans leur chaos comme un chien léchant son propre vomi. Et le spectacle n’est pas joli-joli.

Cyberpunk for the modern age.

La formule est aguicheuse, et partiellement vrai. Cyberpunk, je ne suis pas sûr, ou alors en considérant que l’informatique n’a pas progressé depuis les Pentium 75, mais il y a en effet quelque chose de virtuellement mécanique dans cette musique froide et robotique, qui semble émaner d’un vieil ordinateur apprenant les bases du Punk sans vraiment savoir de quoi il traitement de texte. Avertis dès le départ par un « Cyberwar » qui ne dissimule rien de son Noise, nous sommes vite happés dans un cyberespace Crust sale et nébuleux, au réseau fonctionnant par intermittence et au débit pas vraiment régulier. Difficile de télécharger des données stables face à un Crust bizarre, comme joué par de vieux punks UK n’ayant pas vraiment suivi l’actualité depuis la mort de Sid, et utilisant leurs instruments un peu comme ils le peuvent, sans chercher à savoir si leur barouf reste cohérent.

Ces Punks se souviennent d’ailleurs que leur style de prédilection se doit d’être court, et multiplient les saillies immédiates, mais entraînantes (« Industrial Genocide », « The Merger », « Haus »), et osent faire preuve d’un peu d’ambition, en mélangeant leur venin à un nectar malin alambiqué dans les 70’s, plutôt du côté anglais d’ailleurs (« Nëightmare Trip »/ « Nightmare Trip II », genre de Punk hippie très bizarre aux soli en écho). Les accélérations sont bien présentes, mais très modérées dans l’irrévérence, et toujours écrasées et dominées par ce chant si déformé et craché comme une haine mal digérée (« S.G.C »), alors même que le Punk-Rock peut parfois faire encore semblant d’exister (« From Where I Stand », MOTORHEAD tente de percer dans le Death-Crust psychédélique, et Lemmy, d’outre-tombe, se souvient qu’il aurait pu fondre HAWKWIND dans les DAMNED).

Un vieux squat dans le New-Jersey, des mecs qui jouent sur du matériel de fortune, dans des costumes défraichis, et qui envoient la purée sans penser au lendemain. Non, plutôt habillés comme des greasers qui confondent le Rock sale et le Punk qui a la dalle, et une Erin bien jolie comme figure de proue un peu sexy. Et un Crust indécis, mais qui se souvient qu’il a toujours été imprécis.

Merci.


Titres de l'album:

  1. Cyberwar
  2. Massacre Through Seduction
  3. From Where I Stand
  4. Industrial Genocide
  5. Chëmikal Residuè
  6. Nëightmare Trip
  7. Nightmare Trip II
  8. Abhornasëksia
  9. The Merger
  10. S.G.C.
  11. Elliptical Childe
  12. Haus

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 23/08/2017 à 14:25
78 %    1129
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
metalrunner

Les chutes de Symbolic

05/07/2025, 08:26

DPD

Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.

05/07/2025, 06:51

DPD

Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)

05/07/2025, 06:47

DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56

Jeff48

Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché,  pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot

02/07/2025, 16:01

Jourdain R.

Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)

02/07/2025, 15:38

vomi d\'anus

@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.

02/07/2025, 12:25

Benstard

La blague. 

02/07/2025, 10:20

Arioch91

@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)

02/07/2025, 08:50

Ultra Pute

@senior boomerdo : va changer ta couche, grand-père

01/07/2025, 20:38

Ultra Pute

ok boomer

01/07/2025, 20:36

LeMoustre

Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu 

01/07/2025, 15:38

senior canardo

ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer   

01/07/2025, 14:19

Buck Dancer

Prost. Celtic Prost.

01/07/2025, 03:16

Gargan

Quand tes parents écoutaient Bal Sagoth et Demilich   

30/06/2025, 20:17