Grand Explosivos

Electric Boys

15/09/2023

Mighty Music

Aujourd’hui, c’est la fête nationale. Le 14 juillet.

Oh, la belle rouge ! Oh la belle bleue ! Ça commence à quelle heure ce truc ? Papa, je peux avoir un collier qui brille dans le noir ? Où est ce putain de clebs ? Les merguez, c’est combien ? Même à onze heures, il fait encore chaud ! T’as vu, y’a Sophie, elle a grossi non ? Tu vas voir qu’on va encore mettre trois plombes à sortir de ce champ pourri. Y’a beaucoup d’anglais cette année, non ? Hé, t’as pas deux sacs que je m’achète une bière...(options possibles : Quelqu’un a pété non ? L’année dernière le final était quand même mieux. Vous pouvez pas tenir vos gosses, ils ont encore craché sur ma femme !)

STOP !

Car si vous voulez un vrai feu d’artifices sans avoir à bouger de chez vous et affronter les prolos en goguette qui font la fête pour oublier que leur vie n’en est pas une, j’ai la solution idéale, d’autant qu’elle sort des frigos de Suède, pays digne s’il en est. Oui, le nouvel album des funksters/rock n’rollers ELECTRIC BOYS sera bientôt disponible, et son écoute remplace bien des manifestations populaires de fausse liesse mais véritable ennui.

Certes, les retrouvailles avec Connie Bloom et sa bande de bras cassés sont moins régulières que ce rassemblement de masse qui tasse dans un minimum d’espace un maximum de réflexions crasses et d’inflexions salaces. Depuis 2021, nous attendions le retour des enfants prodigues, et notre attente est enfin comblée par la démence de ce Grand Explosivos à la pochette aguicheuse et au contenu ne l’étant pas moins. Et alors que le précédent, Ups!de Down, né de la pandémie était beaucoup plus sombre au niveau des thèmes et même de l’instrumental, Grand Explosivos se veut son opposé total, prônant un retour aux fondamentaux de Fusion entre Rock débridé, Funk allégé, Pop malmenée et Alternatif bichonné.

So.

Connie (guitare/chant), Andy (basse), « Slim » Martin (guitare) et Jolle (batterie) se sont donc réunis de nouveau pour nous évader de ce cauchemar ambulant qu’est devenue l’existence, entre émeutes, mouvements sociaux, élites régaliennes déconnectées, réchauffement climatique et autre source de soucis dont on se passe aisément, au moins le temps d’un album. Et cet album justement, n’est qu’exubérance, folie douce, envie qui pousse et refrains à chanter à tue-tête dans les rues, ou dans les couloirs d’un bureau trop guindé.

Connie et les siens ont repris la formule qui tape dans le mille, avec ce métissage grandeur nature, marque déposée depuis la fin des années 80 et qui avait fait le succès de disques aussi lumineux que Funk-o-Metal Carpet Ride et Groovus Maximus. Encore verts, les musiciens continuent donc de s’éclater en nous procurant du bon temps, signant par la même occasion une nouvelle palanquée de hits de concert, qu’on reprendra en s’époumonant dans le public. Ce public fidèle qui n’a jamais lâché la bande, et à juste titre : elle est certainement la plus attachante de la scène suédoise, loin de la contrefaçon eighties habile et du travestissement AOR plus ou moins utile.

En une grosse dizaine de titres, le quatuor nie les effets du vieillissement, et revient plus jeune que jamais. Si les photos trahissent les rides, les colorations capillaires, les attitudes un peu rouillées et les postures plus vraiment chatouillées, la musique, elle, évite toute usure pour sonner fraiche, immédiate, jouissive, et plus efficace qu’un featuring d’Antoine Daniel dans une vidéo du Palmashow.

Pondre après plus de trente ans de carrière un machin aussi déhanché que « Cozmic Jagger » exige une forme olympique et une foi sans failles en un Funk/Metal/Rock de première bourre, comme si l’heure du premier album avançait à grands pas. Sauf que ce premier album est derrière nous depuis un sacré bail, et que le groupe n’a jamais relâché la pression depuis, si ce n’est pour un break salvateur qui a permis de régénérer les batteries. Et branchés sur le triphasé, les swedes se montrent plus en forme que jamais, le muscle saillant, et le regard torve complice.

« When Life Treats You Funky », entame diabolique en fade-in est la poignée de main la plus sincère et ferme du monde moderne. Effets, wah-wah, riffs élastiques, rythmique souple, quelque part entre EXTREME, PARLIAMENT, FISHBONE et les MOTHERS FINEST, on danse en transe dans un élan de joie et d’exubérance. La facilité avec laquelle ces animaux pondent des hits est toujours aussi incroyable, et alors qu’on pourrait excuser une perte de forme et une recherche de protection dans le giron du Rock généraliste (oui les RED HOT, on parle de vous), les ELECTRIC BOYS s’exposent toujours plus, oubliant leur date de naissance et les exigences d’une industrie qui préfère le formaté facile à l’épileptique incontrôlable.

« Better Safe Than Sober » oublie d’attacher la ceinture avant de démarrer comme un dragster, avant que « I’ve Got A Feelin’ » ne profite du paysage les vitres ouvertes, clope au bec et chapeau vissé sur le calot. C’est du pur jus, de l’entraînant, du grisant, de l’alcoolisé riffé, et certainement le meilleur album dans un créneau difficile que vous pourrez écouter d’ici la fin de l’année.

Pas une seule baisse de régime, aucune ampoule clignotante, aucun convive surpris en train de bailler, Grand Explosivos est une piñata remplie de dynamite qui explose à la tronche des sales gosses, une belle brune au teint mat qui vous regarde de loin avant de vous attirer dans ses filets de pêche au crétin trop naïf. Les courbes sont généreuses, le regard clair à la suédoise, la sensualité en bandoulière et exit les œillères, vous voilà prisonnier de son charme létal qui vous torturera de plaisir jusqu’au bout de la nuit.

Celle vécue par les BOYS est charnue, musclée, festive et collective. Une fête funky but not chic, où chacun est le bienvenu. Les cadres sup’, les smicards, les paumés, les loubards, les mères de famille, les quinquagénaires, les enfants pas sages et les téméraires. Une équipe chamarrée pour une célébration méritée : celle d’un Rock totalement décomplexé, explosif, qui décroche les hanches artificielles et fait tomber les dentiers. C’est quand même autre chose qu’un vulgaire pétard de 14 juillet.    

   


Titres de l’album:

01. When Life Treats You Funky

02. Better Safe Than Sober

03. I’ve Got A Feelin’

04. And The Band Played On (Part 1)

05. Domestic Blitz

06. Karma’s Gonna Get You

07. Missed Her By A Minute

08. Learjet

09. Cozmic Jagger

10. The Great Believer

11. And The Band Played On (Part 2)


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par mortne2001 le 02/09/2023 à 17:31
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