Certains groupes se retrouvent sur des majors, d’autres sur de gros indépendants, d’autres sur de plus humbles structures, et certains ne trouvent jamais chaussure à leur pied. C’est un peu la loterie des labels, et le résultat ne dépend pas toujours du mérite. Sinon, comment expliquer que les américains de CONNIPTION s’autoproduisent depuis vingt ans maintenant, alors qu’ils ont les armes pour séduire des maisons de disques ayant pignon sur rue ? Est-ce parce que leur style est flou ? Parce qu’ils refusent les petites cases bien pratiques ? Manque de chance ? Ou alors…un simple choix de carrière ?
Toujours est-il qu’en écoutant leur cinquième album, vous ne pourrez pas vous empêcher de vous poser cette question, légitime. Mais cette dimension de « groupe qui nous appartient encore » n’est pas si désagréable, même si on aimerait que le destin donne un coup de pouce aux plus méritants. Dont les CONNIPTION font évidemment partie.
Depuis la sortie de leur premier long à tirage confidentiel (A Method to Madness), les originaires de Milwaukee, Wisconsin ont assuré un rythme de production assez soutenu, mais surtout, un niveau de qualité rarement vu. Quatre albums en huit ans, et puis…plus rien. Il aura donc fallu attendre neuf longues années pour que Relentless Tides connaisse les honneurs d’une suite, laps de temps conséquent qui ne laissait guère place à la moindre erreur. Ce qui tombe à pic, comme l‘homme, puisque The Theatre Of Invention est à la hauteur des promesses de son titre.
Nick Smith (basse), Andy Martin (batterie), Bill House (guitare/chœurs) et Michael Brigham (guitare/chant) se cachent donc derrière cette pochette théâtrale, comme quatre personnages de l’ombre dans une pièce American Heavy Metal. Heavy, et même thrashy par la même occasion, bien que les quatre larrons ne se départissent jamais de leur sens de la mélodie. J’ai vu dans cet album un gigantesque patchwork, parfois à la lisière du Power Metal à l’ancienne, et un métissage aux confins des genres, comme si METALLICA se souvenait de sa prime jeunesse sans renier sa maturité.
Beaucoup plus intéressant et enrichissant que les trois ou quatre derniers albums des californiens, The Theatre Of Invention trouve cette juste limite entre agression et séduction, cette frontière que MEGADETH a réussi à atteindre avant de plonger corps et âme dans le commercial un peu lâche. Mieux. Je dirais que les CONNIPTION parviennent à faire de l’ombre à mes chouchous d’ARMORED SAINT, en leur damant le pion sur leur propre terrain. TESTAMENT, LAAZ ROCKIT, DRIFTER, ANTHRAX, les modèles ne manquent pas, et la comparaison est tout sauf exagérée.
ANNIHILATOR ? Aussi, celui de Never, Neverland, avec des soli du même acabit. Soit la quintessence du Heavy noble, joué avec les tripes et le cerveau, par des musiciens passés maîtres dans l’art de l’agencement et de la composition. Car il faut réfléchir un minimum pour construire un album, avec ses pics de tension, ses moments d’attention, et même sa sensibilité de saison, comme le souligne avec beaucoup de pureté « There’s No Going Back », très moelleux sur sa première partie, avant de s’enflammer dans un incendie de guitares en folie. Bien joué, mais à vrai dire, rien de surprenant. Ces mecs-là en ont sous la dent.
En se tenant éloigné de toute connotation nostalgique, CONNIPTION se détache aisément de la masse grouillante des grouillots old-school balbutiant leur Big 4 ou leur Ruhr en colère. Passant allègrement d’un mid tempo appuyé à une cadence affolée, The Theatre Of Invention n’invente pas, mais réinvente le genre, en lui ouvrant grand les fenêtres de l’inspiration. Crédible en mode grand public, brave lorsque la tempête fait rage, le groupe se laisser aller, et nous emporte dans son univers, fait d’ombres célèbres, de mouvements prestes, et d’une technique appuyée.
Avec une basse qui ose s’incruster dans le mix et nouer quelques boucles mélodiques précieuses, et une dualité vocale efficace, CONNIPTION nous offre là le meilleur de son parcours, osant même le titre fleuve en clôture. « Reap the Whirlwind », qui pourrait avoir été composé dans les 80’s ou les 90’s cite Mustaine, John Bush, James Hetfield, et Jeff Waters, dans un tourbillon magique, entre la Californie et le Canada du grand froid.
Nous agrippant par le colback dès « Set It Alight », compromis de vente signé entre l’ANTHRAX de Bush et le PANTERA le plus discipliné, CONNIPTION place ses pions, et a déjà sa partie en tête. Les coups sont anticipés, les mouvements calculés, et le résultat évident : un triomphe de Heavy torride mais nuancé, qui va marquer de son empreinte cette année à peine entamée.
Je suis très pieusement devenu un adepte du culte théâtral de l’invention. Les CONNIPTION m’ont converti sans prosélytisme ni lavage de cerveau, juste en exposant leurs théories et leur crédo. La force de persuasion sans insistance étant une qualité prédominante, ces garçons-là vont convertir les masses sans effort.
De là, maison de disques ou non….
Titres de l’album:
01. On the Horizon Dreamed
02. Set It Alight
03. Valley of the Void
04. The Theatre of Invention
05. Turn the Knife
06. Sweet Vengeance
07. Goddess Divine
08. There’s No Going Back
09. Forever War
10. Death’s Overture
11. What the Moon Brings
12. Reap the Whirlwind
Pour moi, par ordre décroissant préférentiel, ce sera :Massacra - Enjoy the ViolenceMercyless - Abject OfferingsLoudblast - Disincarnate
23/04/2025, 12:56
Allez, mon top 3 français des années 90: Massacra - Signs of the Decline Mercyless - Abject OfferingsLoudblast - Sublime Dementia
23/04/2025, 08:42
Je rajoute une couche avec l'album d'Anialator sorti en fin d'année dernière. Je l'ai beaucoup écouté et l'écoute encore avec plaisir.
22/04/2025, 19:35
Plus fan de Massacra que de Loudblast perso, même si je possède les deux premiers albums du groupe.
22/04/2025, 19:34
De mon côté j'ai toujours eu du respect pour le groupe même si ce n'est pas ma génération, je n'étais pas né quand ils se lançaient... Donc ils ne m'ont pas marqué comme ils ont pu le faire avec leurs fans de la prem(...)
22/04/2025, 17:35
Pour moi Loudblast, ce sont des suiveurs avec un bon train de retard sur ce qui se fait à chaque époque et Clearcut fait partie de cela... Bref, je ne suis pas très client de leurs albums, on m'avait chanté les louanges de Burial Ground, je me suis ennuyé..(...)
22/04/2025, 16:04
@RBD : ton dernier paragraphe est plein de vérité. Quant au pseudo DPD je préfère le laisser croire ce qu'il veut. Vu comment il écrit, il a pas dû encore sortir de l'école. J'encourage néanmoins les thr(...)
22/04/2025, 13:35
@Tourista : tu t'es trompé, la news sur les 40 ans de Loublast, c'est plus haut
21/04/2025, 20:53
Le Metal est parfois sur le fil du rasoir de la beauferie... Voire tombe carrément dedans.
21/04/2025, 11:45
Vidéo vue, merci.De mon côté, je préfère le son de Sublime à celui de Disincarnate et c'est aussi le style de death que j'affectionne. Bien lourd, posé et mid tempo tout en étant agressif. Par exemple, c'est pour cela qu(...)
20/04/2025, 18:02
Comme je le dis dans la vidéo, leur sommet c'est Desincarnate. Puis The Burial Ground. Je suis moins fan de Sublime.
20/04/2025, 14:08
Pour moi Loudblast c'est surtout Sublime Dementia et Cross the Threshold. (Quand à la vidéo je ne manquerai pas de la regarder ce soir).
20/04/2025, 12:45
Si je comprends, cette charge allait contre cette part non négligeable du public Metal qui reste bloquée aux groupes de leur jeunesse mais ont cessé de se tenir au courant dès qu'ils ont reçu des responsabilités (premier travail, première rela(...)
19/04/2025, 14:36
J'écrit comme un enfant de 5 ans ici et je dois encore ajouter des précisions, imagine le truc, peut-être que l'Ehpad c'est metalnews au final. Combien de personnes postent depuis leur lit de mort ici ?Le metal généraliste c'est d&eacut(...)
19/04/2025, 09:13
J'ai pas tenu 30 s...J'imagine qu'ils seront sur la mainstage au HELLFEST en juin prochain non ?
19/04/2025, 08:38