GREBER. Intervertissez deux lettres et vous obtenez un concept intéressant. Gerber le contenu d’une palette, ou gerber son contenu dans les toilettes. A vous de choisir. N’y voyez pas un manque de respect à l’encontre de ce duo canadien étrange, mais le voyage proposé par ce nouvel album à de vraies allures de trajet en ferry sur une mer très houleuse. Mais aussi, au dépôt à vos pieds d’une somme d’informations de violence, sans ménagement. On finit tous par aller aux toilettes lorsque le besoin s’en fait sentir. Et en écoutant Fright Without, le besoin s’en fait sentir assez souvent.
Voilà déjà un bon moment que GREBER traîne sa misère musicale sur les scènes du monde entier. Originaire de Cambridge, Canada, dans l’Ontario, ce duo furieux (Steve Vargas - batterie/chant et Marc Bourgon - basse/chant) se propose de réunir à la même entrevue pour un job d’égoutier dégouté les NOMEANSNO, CANDIRIA, UNSANE, DEP, BREACH, et d’en noter les interventions les plus pertinentes. Forts de trois albums, d’une poignée de splits 7’’ et d’un four-way split l’année dernière avec CELL PRESS, ANTHESIS et BOTFLY, GREBER affiche donc une confiance totale sur Fright Without, s’éloigne du Grind pour se rapprocher d’un Hardcore de plus en plus poisseux et chaotique, de celui qui laisse les mains sales et l’âme souillée à jamais.
Des invités ? Bien sûr :
Kevin Keegan (chant et écriture sur « Fabricated Purpose »), Scott Miller (chant et bruitages sur « Bitchin’ Shades »), Mathieu Vilandre (guitare sur « Larkinitis Kàrhozat », bruitages sur « Dark Corners ») et Sean Pearson (bruitages sur « Fistful of Cancon Dollars »).
Mais aussi, et pas le moins important, Kurt Ballou au mixage, au Godcity Studio de Salem, Massachusetts. Pas étonnant dès lors que cet album vous explose à la tronche genre bourre-pif inattendu, quoique les réflexes conditionnés de violence des deux canadiens soient connus depuis longtemps. Notez qu’ils n’ont rien inventé, mais ils le revendiquent. Ils se contentent d’utiliser une formule déjà existante pour la mettre au service de leur volonté, qui leur intime de choquer, de provoquer, de donner dans le malaise et les haut-le-cœur, pour exister artistiquement, et faire oublier l’absence de cette satanée sacro-sainte guitare qu’ils n’utilisent de l’extérieur qu’avec parcimonie.
Basse et batterie, c’est évidemment grave et gras, comme le souligne avec beaucoup de pertinence « Rats Of Subversion ». Titre particulièrement ignoble, usant de tous les artifices possibles (distorsion excessive, breaks lourds, dissonances et stridences, feedback assourdissant), ce morceau est à l’image du but visé par les deux esthètes du minimalisme : déranger, mettre mal à l’aise, et rappeler le Hardcore new-yorkais des années 90 comme le Chaotic Core de Portland. Proche parfois d’un Death Metal lookalike larvé et sec, le son de GREBER est franc et intégral, et l’expérience d’écoute est toujours aussi immersive. Genre de scuba diving sans masque ou tuba, Fright Without est une apnée de presque trente minutes, qui laisse des séquelles au cerveau et de l’eau dans les poumons. On recommandera aux plus tarés « Nosebleed », qui réconcilie GODFLESH et UNSANE, et aux plus agités/irrités, le court intermède Noisy « Bush Cord Of Entrails ».
Les autres n’auront qu’à fouiller pour trouver leur vice préféré, entre Crust pas totalement assumé et Post Noisy Hardcore maladif et symptomatique de la déshumanisation des grandes métropoles du monde entier. Feedback à tous les étages, allusions No Wave (« Aging Debt »), tout y passe tandis que l’espoir trépasse, et on se retrouve avec pas mal de rêves à la date de péremption dépassée sur les bras. Mais on y gagne une complémentarité rythmique incroyable, des exercices de style magnifiques, et une atmosphère déliquescente parfaitement délicieuse et qui empeste les rues mal famées, le froid de novembre, et les souvenirs les plus crus d’une perte amoureuse quelconque.
Lucide et direct, GREBER n’a pas changé, et ne changera probablement jamais. Mais que voulez-vous, lorsqu’on est méchant et mauvais, on le reste et on ne cherche pas à mettre en avant ses qualités.
Titres de l’album :
01. Form
02. Aging Debt
03. Fabricated Purpose
04. Into Silence
05. Bush Cord Of Entrails
06. Larkinitis
07. Dark Corners
08. Rats Of Subversion
09. Nosebleed
10. Tree Carving
Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts
15/06/2025, 08:42
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02