Quand on imagine la vie en Catalogne, on a du mal à croire que des gens aient envie de se grimer pour jouer un Black Metal froid comme un hiver norvégien. Autant les pays nordiques peuvent être propices de leur hiver interminable aux exactions nihilistes les plus crues, autant le perpétuel soleil espagnol suggère des accointances plus chaleureuses, plus exotiques, et moins…rigoristes.
Et pourtant, de leur Llavorsí natal, les membres de BEYOND DEATH'S THRONE se croient perdus dans les grandes forêts de Norvège à la recherche des racines païennes d’ancêtres qui ne sont pas les leurs. Ainsi, M.Ptah.Smrt (chant) et Kzanhagr (guitare/basse/batterie/piano) proposent leurs photos promo dans un cimetière, en noir et blanc granuleux inévitable, nous refont le coup du power-duo, et proposent avec Haphazard Ethos un premier EP d’obédience classique, mais bien troussé, joué avec la haine, et suintant de ressentiment envers la religion comme tout bon groupe de BM qui se respecte.
Il n’est donc pas difficile de trouver les influences de ces deux ibères, qui se situent évidemment dans la terre aride des années 90, lorsque les premiers grands classiques du genre émergeaient des sous-bois pour envahir les bacs de disquaires incrédules et effrayés. En prônant un classicisme de ton qui se hume dès les premiers effluves de « A Threshold of Harrowed Chants », BEYOND DEATH'S THRONE joue la franchise d’une brutalité traditionnelle, mais agrémentée de quelques fantaisies plus personnelles, et surtout, éloignée d’un lo-fi que l’on pouvait craindre au départ (pour les plus sensibles, s’entend).
Dans les faits, une chronique objective de ce premier EP consisterait à dire que seule une écoute vous permettrait de jauger du potentiel de notre nouveau duo. Ce qui est vrai, tant leur musique est usuelle et factuelle, et se passe très bien de commentaires. Mais cette recherche constante d’ambiances moites et délétères, cette poésie macabre dans la violence la plus crue, ce chant en dualité permanente, et cette guitare qui n’hésite pas à dévier de sa trajectoire méritent bien quelques mots pour vous prévenir du caractère riche de l’œuvre. J’ai ainsi été vraiment fasciné par « Diaphanous Lethargy », hypnotique et vénéneux, et dont l’accélération centrale, dantesque et impromptue, s’accompagne d’un riff circulaire en spirale des plus impressionnants.
Vous l’aurez compris, classique, mais pas scolaire. Tel est le constat qu’on peut tirer de Haphazard Ethos, qui tout en louchant sévère du côté du MAYHEM le plus historique, cherche déjà des chemins de traverse pour ne pas fouler le même sol musical des pieds bottés. Doté en sus d’une production et d’un mixage performants et intelligibles, ce premier moyen-format impose le nom de BEYOND DEATH'S THRONE sur les étagères de la nouvelle génération de BM old-school, grâce à un habile jeu de cache-cache avec l’outrance, souligné par des intros étranges, graves, inquiétantes, tenant de messes noires célébrées à la sauvette.
On en prend définitivement acte sur l’énorme « The Endless Will », au parfum LUSTMORD très prononcé, mais qui se transforme très rapidement en machine à détruire à la cadence infernale. Avec toujours en contrepoint ces mélodies bizarres venues d’outre-tombe et battant le rappel des trépassés, pour nous laisser dans une position attentiste assez inconfortable.
La mort arrive donc par grandes vagues, comme un tsunami morbide avalant nos côtes et effaçant nos cartes, ne laissant pour seule vision que les paysages désolés décrits sur « Perpetual Glow of the Risen Wise », final gargantuesque, une fois encore souligné par des claviers minimalistes, mais effectifs. Une hypnose létale, et surtout, une façon de transcender le formalisme pour un album qui ne tire pas ses cartouches trop rapidement, nous réservant une seconde partie pleine de surprises et autres traquenards mortels. Bel exercice de style, et acte de naissance d’un duo sous le soleil qui risque fort de ne pas rester dans l’ombre encore très longtemps.
Titres de l’album:
01. A Threshold of Harrowed Chants
02. Diaphanous Lethargy
03. The Endless Will
04. Perpetual Glow of the Risen Wise
EP acheté à sa sortie, excellentissime ! En tout point d'accord avec cette chronique !
Je connais le village d'où ils viennent. En fait c'est très reculé dans les Pyrénées, 800 mètres d'altitude, tout près d'Andorre et de la frontière française à vol d'oiseau. Il doit geler tout l'hiver, là-haut, avec les ours qui rôdent, les forêts pentues et l'alcool de contrebande. Dans ces conditions, faire du Black Metal est une question de santé mentale.
Voyage au centre de la scène : chronique We Are French Fuck You! III
Jus de cadavre 17/09/2023
D'accord, les gens ont vieilli, mais on est loin, très loin du punk (et encore plus loin du hardcore), avec ce titre en tout cas....période emo 84-86 de la scène de DC plutôt, non?
22/09/2023, 16:23
Très bon groupeIls sont exceptionnel un DM comme on aime !J'économise un peu et hop j'achète cet EP qui déchire !Superbe article
22/09/2023, 07:30
Comme l’a si bien dit Tourista, « un véritable bonbon cet article ».Et à l’instar d’un calendrier de l’avent, je m’étais donc juré en le débutant de ne pas regarder en amont qu’elles étaient les group(...)
21/09/2023, 07:08
L'attente en valait la peine. Très bon morceau dont l'influence Morbid /Immolation est moins présente que par le passé.
20/09/2023, 17:31
Un véritable bonbon, cet article ! Super plaisant à lire, des phrases qui font mouche à tous les coups... De l'humour et une analyse hyper fine et juste ! BRAVO ET MERCI !Et ça parle sans doute à chacun d'entre nous car on a tous un "(...)
19/09/2023, 21:17
Pour les formats physiques il faut juste patienter jusqu'au 13 octobre. Il faut dire qu'il est arrivé vraiment sans prévenir.
19/09/2023, 19:07
Ah genial, le genre d'article que j'adore lire même quand les groupes ne m'intéressent pas. Merci d'avance pour la lecture, je vais me plonger dedans au plus vite ( Pour Morbid, les photos promo sont peut-être pire que l'album...)
19/09/2023, 15:56
"aussi impressionnant qu’une démo de VONDUR" haha elle m'a tuée celle-ci !Bon, moi je vous emmerde et j'adore turbo du Priest. Faut vraiment pas que je la mette en voiture, j'en deviens dangereux.
19/09/2023, 08:20
Pas trop peur pour eux, ils ont beaucoup de "têtes d'affiches", contrairement à Massacre où il ya beaucoup de "têtes de cons" (j'ai jugé sur le physique, c'est mal) :D
19/09/2023, 08:05
Oui je suis d'accord avec toi Gargan, j'ai peur qu'ils finissent comme MASSACRE RECORDS, le label sans identité et qui bouffe la grenouille avec des sorties de seconde zone (voire de cinquième zone....)
18/09/2023, 22:31
Oh la vache, là il y a de la pépite, le DESTRUCTION, je n'avais jamais vu la pochette de cet album (je ne suis pas un fin connaisseur du groupe mais quand même). Et bien voilà une seine lecture à faire !
18/09/2023, 22:29
Oh la vache, là il y a de la pépite, le DESTRUCTION, je n'avais jamais vu la pochette de cet album (je ne suis pas un fin connaisseur du groupe mais quand même). Et bien voilà une seine lecture à faire !
18/09/2023, 22:29
Excellente chronique d'Adrien pour un album d'Adrien. Hâte d'un split DarkAdrien / Adrien Wizard
18/09/2023, 12:06
Bof. ça ne me touche pas autant qu'un Ningen Isu, qui m'avait vraiment surpris avec leur heartless scat. 'Tain ils bouffent à tous les rateliers Napalm (je pense à des sorties récentes de stoner, de folk à la Heilung etc).
18/09/2023, 09:51
Si Adrien se présentait aux élections présidentielles, il gagnerait avec un score de dictateur africain.
17/09/2023, 06:04