C’est l’album des premières fois et du plus pour les américains de PARIUS, qui avec The Signal Heard Throughout Space célèbrent leur premier album longue-durée avec Dan Silver à la batterie et Sean Gallagher aux claviers. Mais c’est aussi l’album de tous les excès, l’album des « plus », puisque ce troisième chapitre accuse une heure de jeu, soit le double de l’album précédent, mais aussi une explosion créative phénoménale, qui transforme cette étape en pari crucial pour une carrière. Alors, ça passe ou ça casse ? Non seulement ça passe, mais ça casse aussi toute la concurrence dans le créneau.
Pourtant, Dieu sait que le Metal Progressif est un genre casse-gueule, entre guerres d’égo, prétention musicale excessive et démonstrations techniques stériles. Même les meilleurs s’égarent parfois, et se retrouvent englués dans des digressions sans fin que l’on a d’ailleurs supporté un nombre conséquent de fois. Mais l’arme majeure de PARIUS étant sa folie, on ne pouvait s’attendre qu’à une grande réussite, ce qui est immanquablement le cas.
Le quintet (Louis Thierry - chant, Ryan Rauch - guitare, Kenny Rentz - basse, Sean Gallagher - claviers et Dan Silver - batterie) nous propose donc une balade dans l’espace, à la recherche d’échos pour mesurer l’étendue de l’infini. Pour ce faire, le quintet n’a pas lésiné sur les informations, nous noyant sous soixante minutes de données, parfois brutes, parfois traitées, mais toujours pertinentes. Et le feu d’artifices conjoint proposé par la doublette « Spacelog.0245 » / « The Signal » en dit long sur l’appétit de ces jeunes hommes plein de fougue.
L’écueil majeur du genre a toujours été l’équilibre entre la puissance Metal et la sophistication progressive. Trouver le point juste entre la délicatesse et la force, ce que les américains savent faire mieux que personne. Leur balance de Roberval est toujours aussi précise, et permet de doser à la demi-croche près un morceau aussi sublime que « Spaceflight Dementia » à la basse mutine et aux arrangements stellaires. Dès le début de l’album, le groupe impose son identité, et mixe les influences OPETH, DREAM THEATER, MASTODON avec un savoir-faire bluffant. Et pourtant, PARIUS ne ressemble à aucune de ces légendes, et se loverait plutôt au creux de l’inspiration d’un Devin Townsend moins empêtré dans ses propres délires.
Un RUSH massif ? Un LUNA’S CALL moins bruyant ? Un peu des deux à la fois, mais surtout, des structures mouvantes, des breaks intelligents, des reprises fulgurantes et des déviations riches. Si évidemment l’album ne se digère pas en une seule ou deux écoutes, il se révèle grandiose dès la prise de contact, et crucial pour la carrière d’un jeune groupe attendant la consécration.
Alors évidemment, on dissèque. On analyse. On décortique, on savoure, on sublime et on se laisse emporter par ce voyage au long-cours nous entraînant parmi les étoiles et les planètes satellites, à bord d’un vaisseau spatial de luxe. Basé sur une alternance de riffs et d’arpèges, de violence Thrash et de sophistication Rock, The Signal Heard Throughout Space cherche la réponse à ses questions hors de la galaxie, et nous berce de ses mélodies superbes et de ses accroches rythmiques équilibristes. On soulignera l’importance de ces nappes vocales autoritaires, de ces soudains accès de colère en précisions de syncopes, et on acceptera au bout d’un moment de lâcher prise, et de se laisser emporter par un tourbillon bouillonnant.
« The Acid Lakes of Ganymede », premier gros morceau est un modèle. Son propos est étalé sur plus de dix minutes, entre académisme Metal et furie Death, et fait montre d’une redoutable intelligence d’agencement. Loin des délires fourre-tout piqués à l’école de Canterburry de certains de leurs collègues, ce titre est une mine de plaisir sur une planète de désir, et synthétise les arguments progressifs de ce nouveau siècle avec une science exacte pour le moins bluffante. Toujours puissant et à la limite de la rupture du Metal extrême, PARIUS ne cède pas un pouce de terrain, compacte son attaque mais laisse respirer les intervenants via une production immaculée (signée par la référence Jamie King, nommé aux Grammy).
Le plus fort dans cette entreprise, est qu’à aucun moment on ne peut accuser le groupe d’en faire trop. Cette musique et son évolution sonne naturelle, coulant des instruments, comme si la complexité n’était qu’un argument parmi tant d’autres, chose que n’ont pas compris nombre de pratiquants. Et entre la férocité d’un « The Human Molecule » et la légèreté purement Heavy Metal de « Contact! », The Signal Heard Throughout Space offre le meilleur et ose se frotter à Mike Patton et à Alex Lifeson, pour sortir vainqueur d’un combat improbable.
Toutes les composantes du Metal moderne sont là, et incroyablement bien dosées. Loin du Progressif qui se contente de figures imposées rabâchées jusqu’à l’overdose, The Signal Heard Throughout Space use d’électronique et de slap sur la basse (« Dimension Y »), avant de nous émerveiller d’un final orgiaque qui encore une fois, ne regarde pas sa montre.
« Arecibo » est un épilogue à la hauteur des enjeux. On ne peut s’empêcher de peser aux grandes heures de DREAM THEATER en l’écoutant, nous croyant revenus à l’époque d’Awake, et pourtant, ce morceau est encore une preuve du talent unique de PARIUS pour accommoder des restes à sa sauce. Loin du Progressif fast-food, mais également aux antipodes du progressif élitiste et pédant, PARIUS ose le magnum opus et peut se montrer satisfait de sa marge de progression.
L’un des albums de l’année, hors querelles de style, et une aventure incroyable aux confins de l’espace. Et si personne ne vous y entend crier, certains peuvent vous y entendre jouer.
Titres de l’album :
01. Spacelog.0245
02. The Signal
03. Suspended Animation
04. Spaceflight Dementia
05. The Acid Lakes of Ganymede
06. The Human Molecule
07. Contact!
08. Dimension Y
09. The Outer Limit
10. Arecibo
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02
Cet album me procure le même effet que le précédent album sorti en 2020 : une pure tuerie !
04/06/2025, 21:00
Merci pour cette belle chronique.Voici notre site.https://burningdead-official.com/fr/categories/
04/06/2025, 14:18
Ah pis j'avais même pas vu (encore entendu) qu'il y avait une reprise de GOATLORD !!!Ceci confirmant donc cela.
04/06/2025, 07:35
Tout ce que j'aime !!! !!! !!!En même temps, venant d'un groupe dont le batteur porte un t-shirt TRISTITIA, ce ne peut-être que bonnard...
04/06/2025, 07:34
Je n’ai jamais entendu parler de ce split vous savez ou l’écouter ou ce le procurer
03/06/2025, 13:35
Effectivement difficile de rester insensible à ce type de festival, à taille humaine, avec une ambiance conviviale sans tomber dans la cour des miracles et surtout avec une bell prog’. Très content d’avoir découvert Gravekvlt et pris la mandale attendue de (...)
02/06/2025, 23:00
Excellent report ! J'y étais. C'était purement génial. Dans le même style, tout aussi excellent, le Courts Of Chaos fut aussi un fantastique moment.
01/06/2025, 19:36
Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.
31/05/2025, 21:53
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39