Inutile de mentir, le dernier album de TOKYO BLADE sur lequel j’ai posé mes délicates oreilles accuse aujourd’hui trente-trois ans d’âge, et n’était même pas un véritable album du groupe, mais plutôt une escapade solo de son leader Andy Boulton. Depuis 1987 et le Ain't Misbehavin' du ANDY BOULTON’S TOKYO BLADE, je n’ai plus suivi l’actualité de ce groupe mineur, qui année après année s’ingéniait à retrouver l’essence de ses débuts, sans vraiment y parvenir. A un moment donné, je pensais même le groupe disparu pour le compte, avant de m’apercevoir que sa discographie 90’s et 2K était quand même assez fournie. Le combo est d’ailleurs passé par une multitude de labels pour garder la tête hors de l’eau (Hot Blood Records, Fresh Fruit, High Vaultage, Zoom Club Records, Fastball Music, Wasabi Records), mais revient en 2020 avec une maison de disques nationale, Dissonance Productions, pour ce qu’Andy se plaît à décrire comme l’un des albums les plus agressifs de son histoire. Je m’apprêtais donc à traiter ce disque comme un comeback inopiné de ce groupe sympathique, des années après son émergence, avant donc de découvrir qu’il n’avait jamais disparu. Mais la réelle nouveauté de cet album (et du précédent, il faut l’avouer), c’est qu’il propose aux fans un line-up historique, celui des premiers LPs des années 80. On retrouve donc Andy Boulton à la guitare évidemment, de même que John Wiggins, Andy Wrighton à la basse, Steve Pierce à la batterie et surprise, Alan Marsh au chant, celui-là même que le label avait évincé au profit de Vic Wright avant l’enregistrement du premier chapitre Night of the Blade. C’est donc un trip nostalgique que Dark Revolution nous propose, avec sa pochette qui ne laisse planer aucun doute. TOKYO BLADE, the real one is back for good, plus Heavy que jamais, et lâche onze titres pour l’occasion, qui s’ils ne titillent jamais la corde de l’originalité, renforcent les chaînes d’un Heavy mélodique de tradition.
Une line-up historique exigeait évidemment un album qui tienne la route, et capable de rivaliser avec les plus grands achèvements du passé. Et les anglais se sont très bien débrouillés, évitant le piège de la redite maladroite pour mieux adapter leurs standards d’antan à une époque plus exigeante. Le TOKYO BLADE 2020 n’a donc plus grand-chose à voir avec les classiques « Midnight Rendez-Vous » ou « Madame Guillotine », et ne s’épanche plus au travers d’un Hard-Rock catchy et mélodique. La tonalité générale de Dark Revolution est à l’image sonore de son adjectif, plus sombre, rappelant parfois l’approche du SHOTGUN MESSIAH de Violent New Breed sans les accents industriels, et le title-track résume d’ailleurs parfaitement la démarche. Guitare puissante aux riffs classiques mais sombres, chant tout en retenue (Alan Marsh n’a pas vraiment fait de progrès au chant, mais son timbre s’accorde parfaitement avec le parti pris artistique), et tout est dit ou presque sur l’ouverture high on energy de « Story Of A Nobody ». Vélocité, efficacité, immédiateté, pour des chansons qui frappent en plein cœur de rockeur, pas de fioritures, pas de mélodies niaises, mais de l’impact, de la solidité et de la fermeté, pour une approche formelle, mais vraiment agréable. Pour un peu, on en oublierait que le groupe accuse plus de quarante ans d’âge, pensant que cet album n’est que le premier d’une carrière débutante. La surprise n’en est que beaucoup plus appréciable, l’impact des chansons étant flagrant et délicieux, et remise les derniers doutes au placard. Non, les TOKYO BLADE ne sont pas un groupe de grabataires regrettant leur presque glorieux passé, et Dark Revolution fait presque honte à la gloire qui n’est jamais venue frapper à la porte du groupe. Les soli sont propres et volubiles, le son compact mais précis, l’attitude déterminée, et le résultat impeccable. En trois morceaux, dont le glorieux et nuancé « Burning Rain », le quintet frappe fort et tout de suite, pour ne pas laisser à l’auditeur le temps de tergiverser.
Bien évidemment, tout n’est pas parfait, et le choix de renforcer l’aspect dur de l’entreprise condamne certains morceaux à se ressembler. Avec près d’une heure au compteur, Dark Revolution ne peut pas se permettre de jouer la diversité à outrance, mais Andy et les siens ont quand même réussi à aérer certaines pistes pour ne pas sombrer dans la platitude. Ainsi, « Truth Is The Hunter », toujours aussi dur insère quand même une mélodie plus prononcée et allège un peu la digestion, avec quelques chœurs certes simples, mais efficaces. Et il faut attendre « Crack In The Glass » pour que le schéma se fissure un peu, avec une rythmique plus syncopée et symptomatique de la NWOBHM, et des plans de batterie moins systématiques. « Perfect Enemy » continue d’ailleurs sur la lignée de la modulation, et semble puiser dans les premières années pour nous offrir une bouffée d’oxygène. Les spécialistes pourront se montrer irrités par le chant de Marsh, toujours très limité dans ses interventions, mais heureusement, le reste du groupe rétablit l’équilibre, et livre une de ses meilleures performances. On peut regretter que TOKYO BLADE ne nous serve pas de nouveau l’un de ses hymnes imparables des années 83/85, mais avec un burner Motorheadien de la trempe de « See You Down In Hell », la pilule passe plus facilement, et le headbanging remplace le sifflement joyeux. Avec quelques titres dispensables en moins, ce nouvel album aurait pu prétendre représenter la quintessence d’un éternel oublié de la réussite, mais en passant sous silence les quelques automatismes flagrants et en se concentrant sur les titres les plus mémorables, Dark Revolution se montre plus digeste, spécialement lorsque les refrains fédérateurs parviennent à se frayer un chemin (« The Lights Of Soho »).
Du classique, du traditionnel, aucune sortie de route ni risque inconsidéré, TOKYO BLADE joue sur du velours, et parvient à faire oublier les nombreux faux-pas de sa carrière. A l’image d’un SAXON s’étant perdu en route et doublé par tous ses petits camarades avant de revenir plus solide que jamais, le quintet anglais semble bien décidé à rattraper le temps perdu, et nous offre une excellente performance. Du Hard à foison, du Heavy plus que de raison, la lame est toujours affutée, et le tranchant précis. Une bonne raison de renouer avec le passé qu’un présent éclairé remet au goût du jour.
Titres de l’album :
01. Story Of A Nobody
02. Burning Rain
03. Dark Revolution
04. The Fastest Gun In Town
05. Truth Is The Hunter
06. Crack In The Glass
07. Perfect Enemy
08. See You Down In Hell
09. The Lights Of Soho
10. Not Lay Down And Die
11. Voices Of The Damned
ça fait du bien de retrouver ce groupe, bon morceau
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31