Trois ans et demi de retard sur l’actualité, c’est un retard conséquent que j’ai du mal à assumer. Pourquoi ? Eu égard à la qualité de cette production, je déplore le fait de l’avoir manquée en temps et en heure, mais aujourd’hui, je peux apprécier pleinement le travail d’une musicienne hors-norme, qui via son concept THE FUNDAMENTAL WISDOM OF CHAOS nous propose une musique riche, pleine, aux accents modernes, mais à l’inspiration intemporelle. Si les one-man-band sont légion dans le domaine du Metal extrême (et plus particulièrement dans le Black Metal), les one-woman-band sont plus rares. Et le travail accompli par Sab Elvenia n’est est que plus remarquable, elle qui a composé, écrit et interprété ce premier album, avec un talent confondant.
THE FUNDAMENTAL WISDOM OF CHAOS, loin des projets surfaits se contentant d’une ou deux idées motrices la plupart du temps empruntées chez des références bien établies, se permet de mixer divers éléments, inhérents au Metalcore, au Death Metal, à l’Indus, l’Ambient, le Dark Folk, pour nous proposer une musique unique, foncièrement brutale, mais aussi contemplative et subtilement futuriste. Originaire du bordelais, Sab est donc une musicienne accomplie, et traite de thèmes liés à l’humanité, l’environnement, l’accord envers soi-même, les relations avec l’entourage, et qui utilise une palette d’émotions très vaste pour dépeindre un univers très personnel.
Mis à postériori, la musicienne n’aime pas parler de « projet solo ». Si elle est dans les faits responsable de la plus grosse partie du travail, elle accorde à Mobo, son partenaire, les crédits qui lui sont dus, lui qui a non seulement manié la guitare mais aussi la console, pour élaborer un son ample et généreux au Conkrete Studio. Et le résultat est pour le moins brillant, avec un mixage laissant respirer chaque instrument, accordant à la programmation rythmique la place qu’elle mérite (même si la basse a été jouée par Sab elle-même), mais permettant à la guitare, au chant, et aux effets sonores d’occuper le terrain sans se laisser bouffer par les fréquences les plus graves. Vocalement, Sab assure dans les grandes largeurs, passant sans transition d’un chant clair aux intonations presque enfantines à des growls assurés, conférant à ce premier album une dualité onirique/réaliste, dans la plus grande tradition d’un STRAPPING YOUNG LAD.
De multiples influences viennent en tête au moment d’écouter les morceaux de ce Harvest Of Laments, qui moissonne les pleurs avec beaucoup d’efficacité. Mais pas question de complainte ici, mais bien d’une violence sans âge, et d’une transposition des travers et des espoirs de notre époque dans un contexte artistique intime. Se basant sur des riffs évidemment très syncopés, d’une polyrythmie qui donne parfois le tournis, empruntant au Metalcore son vocable pour le transposer dans un idiome plus universel, Sab sans tergiverser, multiplie les ambiances, et nous entraine dans son monde comme un Lewis Carroll steampunk.
Autant reconnaître immédiatement l’immense potentiel de la musicienne/compositrice, qui sous couvert d’une trame assez classique, brode des thèmes beaucoup moins évidents. Suffisamment en tout cas pour mériter de voir sa musique passée au prisme d’un progressif patent sur l’ensemble des titres, qui évoluent, grandissent, murissent, se transforment et mutent en permanence, comme pour nous perdre sur le chemin d’une humanité qui transpire de tous les pores du projet. On est fasciné par cette capacité à passer d’un plan à un autre en toute logique, comme une suite d’humeurs, de peurs, de joies, d’attentes et de rêves perdus dans la nuit solitaire d’une société encombrée.
Original donc, mais nullement avant-gardiste. L’artiste a cette humilité qui lui permet d’éviter l’élitisme, et cette musique est susceptible d’être appréciée par tous. Quelques cassures mélodiques, un changement de tonalité subtil, une ambiance évanescente, une reprise en choc frontal, tous les éléments sont imbriqués pour que l’écoute de cet album ne soit pas entachée d’ennui, et en découvrant une longue piste hypnotique comme « Phantom Of The Past », on passe de l’autre côté du miroir, côté sombre, magnifiquement illustré par cet artwork de Joël Bardeau, qui rappelle Witkin, Lovecraft, mais aussi les enfants du maïs et autres contes pour grands enfants.
Metal extrême. C’est bien la seule étiquette que vous pourrez coller sur cet album sans paraître insultant. Les pistes sont tellement riches et variées qu’on ne voit pas dans quel style ranger le concept THE FUNDAMENTAL WISDOM OF CHAOS, qui se permet des incursions tribales sur « Unseen », une lourdeur suffocante sur l’intermède glauque « Itsy Bitsy Spider », une augmentation effrayante de violence sur le terrifiant « The Scarecrow Paradox », et une moiteur Indus et Ambient sur le pénétrant et mystique « Axis Mundi ».
Basse, claviers, chant, chœurs, tout y passe, et le professionnalisme de l’affaire laisse hagard. Plus qu’un simple album, Harvest Of Laments est un voyage aux confins du cauchemar, dont chaque pas se doit d’être envisagé comme le dernier. Et le dernier des pas est justement fait sur « Hiraeth », qui synthétise le concept, mais qui n’en dévoile pas tous les tenants et aboutissants.
Et plus de trois ans après sa sortie, Harvest Of Laments sonne toujours aussi surprenant et frais. Il n’a rien perdu de son mystère, et cette aura qui l’entoure comme du brouillard sur un lac est un mur impénétrable qui protège Sab de ses fans, bien décidés à rencontrer cette créature étrange qu’elle incarne sur cette pochette. Magicienne vaudou, sorcière blanche, Alice au pays des non-merveilles, la musicienne polymorphe peut endosser tous les costumes, mais c’est bien celui du talent sur-mesure qui lui va le mieux.
Titres de l’album:
01. Prelude To Chaos
02. From Cradle To Delivrance
03. Phantom Of The Past
04. Unseen
05. Itsy Bitsy Spider
06. The Scarecrow Paradox
07. Axis Mundi
08. Hiraeth
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25