Resilient

Nachtmystium

30/11/2018

Prophecy Productions

NACHTMYSTIUM, c’est une ancienne « affaire », même si le terme ne doit pas plaire plus que ça à son leader qui s’est empêtré dans un imbroglio d’arnaques avant de « cesser » sa carrière de façon brutale histoire de passer l’éponge. Enfin, cesser sa carrière, disons qu’une fois encore, la vision définitive des choses échappe un peu à la logique du tempétueux et nébuleux frontman, qui une poignée d’années après avoir fracassé les espoirs de fans d’un « adieu » au ton légèrement flou, s’en est vite revenu, jurant ses grand Dieux qu’on ne l’y reprendrait plus. Mais à quoi au juste ? A changer de ton entre chaque album ? A moduler sa musique au point de la rendre parfois méconnaissable à ceux le suivant depuis ses débuts ? A brader des goodies pour mieux les garder de revers une fois l’argent encaissé ? Bonne question, et ce nouvel EP n’apporte qu’une petite partie de réponse, puisque musicalement, « l’affaire » est presque entendue, et révélatrice d’un passé underground glorieux que Blake Judd aime à retrouver pour se recentrer. Et c’est quelques mois seulement après le « comeback » d’Ancient Howls of Dawning Fury que sa créature repointe le bout de ses griffes, dans une nouvelle incarnation, et pour le plus grand plaisir d’amateurs de BM trifouillé, dénaturé, et adapté à des points de vue très personnels. Si l’orée du parcours de la bête se plaçait sous des auspices USBM, ce temps-là est bien révolu, et plus particulièrement depuis les deux « derniers albums » officiels publiés en 2014 et 2014, Silencing Machine et The World We Left Behind, au titre « presque » prémonitoire. Et si Resilient ne vient en rien contredire les postulats énoncés sur Ancient Howls of Dawning Fury, il en prolonge les intentions, et se classe de lui-même dans un créneau de qualité affirmé, exempt de surprises flagrantes, mais aussi de déceptions.

Car cet EP, aussi bref soit-il et à considérer comme une remise dans les flots de l’actualité, est d’importance. Il prouve que NACHTMYSTIUM est toujours ce groupe à part que l’on a connu, et qui suit sa propre route, qu’elle emprunte des chemins psychédéliques, atmosphériques, ou plus généralement Black Metal. Et la tonalité générale du produit en question se situe donc sur un excellent niveau de BM aux ambiances travaillées, et aux arrangements discrets, mais patents. Inutile de le cacher, le travail de l’américain est d’obédience formelle, mais connaissant le niveau du bonhomme, nous étions en doit de nous attendre à l’excellence, ce que confirment les trois « véritables » titres de ce nouveau effort moyenne-durée. Car outre une intro bien sentie, ce sont trois nouveaux morceaux qui articulent Resilient, qui effectivement sert d’écho au passé illustre du groupe tout en regardant vers l’avenir. Cet avenir se veut synthétique, en résumé d’une discographie reprise à mi-parcours pour éviter la grossièreté d’une jeunesse pas encore passée (les allusions aux années 2000 deviennent de plus en plus rares), et certainement couronné de succès au vu des standards de qualité respectés par leur auteur. Rien à redire ni à reprocher à ces vingt-cinq minutes de musique qui pourrait presque passer pour un survol des tendances BM contemporaines, avec des ambiances très marquées, et des scissions prononcées, puisque la triplette de compos originales se veut plurielle et diversifiée, et semble piocher un peu partout son inspiration.

Nous avons donc droit à un passage en revue des qualités les plus évidentes de NACHTMYSTIUM, entre ces up-tempi catchy et entraînant et ces longues digressions progressives et légèrement psychédéliques, qui prouvent que Blake Judd n’a pas l’intention de se calmer niveau expérimentation, sans trop pousser le bouchon. Et puisque le format me le permet, je m’autoriserai à traiter des cas individuels de façon séparés, puisque la démarche n’est pas sans pertinence. Après l’entame « Conversion », plongeant dans le bain fantasmagorique, c’est le lancinant « Resilient » qui ouvre les hostilités de son âpreté et de sa rudesse typiquement USBM contemporaine, qui nous ramène aux racines du groupe tout en évoquant les litanies nineties du genre naissant. D’emblée, le son prend à la gorge et s’avère remarquablement équilibré, laissant la voix écorchée de Judd faire son job nihiliste avec une application remarquable. Les nappes de synthé en arrière-plan tissent la toile, et la progression semble limpide, jusqu’à ce qu’un break léger en up-tempo ne nous entraine dans une autre direction, nous prenant à rebours de sa fausse quiétude en réels grondements. Nous avons donc doit à un pur final atmosphérique, qui nous plonge dans les affres d’un retour en arrière savoureux, jusqu’à ce que les premières notes heurtées de « Silver Lanterns » ne résonnent. Le panorama change alors, s’assombrissant de façon assez conséquente, sans perdre de vue la lumière d’une lune sombre qui impose ses mélodies nocturnes, sautillant sur un beat accrocheur. Les riffs s’accumulent, respectant la cohérence de l’ensemble tout en offrant une variété séduisante, et l’optique BM reste figée sur une dualité froideur/harmonie qui est décidément la marque de fabrique du groupe. Si les arrangements de synthé se montrent parfois envahissants, la voix de Blake permet de rapprocher le tout de la période Viking de BATHORY, lui empruntant même son sens de l’emphase pour imposer une dramaturgie musicale de circonstance.

Ne reste plus qu’à « Desert Illumination » de faire le lien avec les aspirations les plus psychédéliques de NACHTMYSTIUM, et de nous enivrer pendant plus de neuf minutes de déambulations lysergiques assez prononcées. On retrouve évidemment le goût de l’évasion d’un musicien qui refuse la facilité dans ce titre, même s’il semble moins perché que certains autres épisodes de la saga. D’une lenteur presque processionnelle, cette clôture produit un effet assez efficace, et nous fait saliver, attendant avec impatience le retour en longue-durée du combo, même si son « dernier » album officiel n’accuse que quelques mois au compteur. Gargouillis synthétique, voix claire mixée en arrière-plan, guitares qui se mélangent et finissent par s’entremêler dans un fouillis inextricable, pour un voyage intérieur en forme d’introspection, et l’admission d’un particularisme que personne ne viendra contester. Lignes de basse en circonvolutions, harmonies un peu amères, pour un épilogue en demi-teinte, parfaitement adapté au crédo. Sans « vraiment » surprendre, NACHTMYSTIUM continue de fasciner, et cette deuxième étape post « comeback » entérine la validation d’un retour inopiné, et ouvre des perspectives intéressantes pour l’avenir. A moins que Blake ne le ruine une fois encore de ses exactions, mais accordons lui le bénéfice du doute. Et en cadeau bonus, sachez que si vous cliquez frénétiquement avec votre souris à chaque utilisation des parenthèses dans cette chronique, vous gagnez un t-shirt du groupe. Mais quelque chose me dit que je ne pourrai pas vous en confirmer l’envoi ni la réception.

 

Titres de l’album :

                        1. Conversion

                        2. Resilient

                        3. Silver Lanterns

                        4. Desert Illumination

Facebook officiel


par mortne2001 le 06/01/2019 à 17:51
80 %    1218

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


Jus de cadavre
membre enregistré
06/01/2019, 18:05:59
En pleine découverte de ce groupe atypique. J'écouterais celui-ci avec intérêt ! Même si les choses ont bien changé, j'ai beaucoup aimé les 2 premiers albums purement trve BM. Mais il y avait déjà "quelque chose" je trouve. Merci pour la chro.

SpinoutVS
@84.246.218.112
09/01/2019, 15:00:05
Bravo pour cette kro! J'écouterai cet EP. J'avais carrément adoré "Assassins : Black Meddle Part I & II" et jamais écouté le groupe par la suite. Je ne sais pas ce que ça vaut. Assassins m'avait littéralement retourné avec ses nappes psyché 70's et ce chant écorché! Magnifiques albums d'USBM.

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20