« Il y a une certaine tristesse qui émane des suédois. Pour nous, c’est agréable d’être triste ».
C’est au détour d’une interview pour un documentaire sur ABBA que le malicieux Bjorn Ulvaeus laissait échapper cette confession qui traduisait assez bien le climat de nostalgie qui entoure ce pays du nord, et qu’on retrouve souvent dans sa musique des années 70. Il faut dire qu’avec ces longs mois passés dans l’obscurité totale, il y a de quoi être un peu déprimé, pour autant, cette réalité des seventies n’est plus forcément d’actualité depuis les années 2000, puisque les artistes suédois font partie de la catégorie des musiciens les plus optimistes et enthousiastes de la scène mondiale. Prenons pour exemple les A.C.T, depuis le début de leur carrière dans les années 90, ils n’ont eu de cesse de montrer un visage souriant du Progressif, une musique qui a souvent tendance à sombrer dans la paranoïa et le pessimisme selon ses concepts. Mais avec un certain nombre d’albums radieux dans leur discographie, les suédois passent pour d’indécrottables optimistes aux yeux de leurs collègues, ce qui peut sembler caricatural, mais qui est pourtant vrai.
Depuis quelques temps, A.C.T a décidé d’emprunter une autre voie. Loin des albums interminables et des longues pistes formant des symphonies étirées, les suédois ont privilégié le format moyen et court, et décidé de ne plus publier de nouvelle musique que sous la forme de EP’s, logique qu’ils ont entamée avec Rebirth en 2019, qui prenait acte de leur renaissance artistique. Musicalement, depuis Today's Report en 1999, les choses n’ont pas vraiment changé. La musique du quintet est toujours aussi riche et heureuse, et leur singularité ne s’est jamais démentie sur le marché. Avec cinq albums au compteur, les suédois peuvent aujourd’hui s’asseoir sur un trône personnel, certes éloigné de la couronne progressive, mais en bonne place dans la hiérarchie européenne et dans le cœur des fans. Ces mêmes fans n’ont jamais compris pourquoi leur groupe fétiche n’avait jamais acquis un statut digne de son talent. Car après plus de vingt-cinq ans de carrière, le nom d’A.C.T reste encore un secret d’alcôve qu’on se transmet entre initiés, un secret si précieux qu’on n’est pas forcément enclin à le partager avec le monde entier, alors même que la musique produite est l’une des plus stimulantes et créatives du créneau. Alors, pourquoi ce mystère ? Parce que finalement, cette place d’outsider un peu injuste colle trop bien à la peau du groupe, qui continue dans son ombre d’autoproduction à proposer aux auditeurs des œuvres riches et intimes, qui trop exposées seraient obligées de s’ouvrir à des convenances que les suédois ne sont pas prêts à respecter.
Deux ans après Rebirth, la renaissance est effective et signifiée par ce court mais intense Heatwave, qui réchauffe l’atmosphère de confinement actuelle de ses mélodies incroyables et de ses textures bouillonnantes. Une fois encore, Herman Saming (chant), Ola Andersson (guitare/chœurs), Jerry Sahlin (claviers/chœurs), Peter Asp (basse/guitare/synthés/percussions) et Thomas Lejon (batterie) n’ont pas laissé leurs sourires à la maison, et nous proposent un EP capable de transformer n’importe quel jour de pluie en épiphanie solaire, sans changer leur nature. On retrouve donc ces chansons qui surfent sur des thèmes positifs, cette voix presque enfantine qui donne à l’ensemble un parfum de naïveté, et ces développements presque dignes de Broadway qui ont fait la trademark du quintet. Sans proposer quelque chose de vraiment novateur, les suédois continuent donc leur chemin de la façon la plus honnête qui soit, en offrant simplement un prolongement logique à Rebirth qui lui non plus ne prenait pas de distance avec l’ancien répertoire. Les sites référentiels continuent quant à eux de proposer des pistes d’écoute aux néophytes, allant jusqu’à citer en exemple MINDFLOWERS, TOXIC SMILE, QUEEN, THE OMEGA EXPERIMENT, TOTO, W.O.F, ou THE FLOWER KINGS pour permettre aux nouveaux fans de comprendre un peu la chose. Mais encore une fois, et définitivement, A.C.T ne fait que de l’A.C.T, et c’est très bien comme ça.
Leur Rock progressif qui approche le Metal parfois est vital, irradiant de lumière, et en écoutant un morceau aussi magnifique et apaisé que « Dark Clouds », je ne peux m’empêcher de croire qu’il faudrait prescrire la musique des suédois comme alternative aux benzodiazépines. Cette musique capable de vos faire oublier la grisaille et la routine du quotidien, toujours à la lisière d’une Pop instinctive et naturelle, qui se cristallise autour de certains hymnes à la joie comme « Heatwave ». Pourtant, les prouesses rythmiques, les agencements complexes, et les harmonies s’enchevêtrant composent un canevas serré et inimitable, et il serait totalement injuste d’associer ce nouvel EP à une quelconque forme de Pop progressive à la IQ, au risque d’insulter ses concepteurs.
Alors, le plus simple dans le cas du groupe, est d’écouter ses chansons sans apriori, de se laisser porter par cette euphorie permanente, et de se sentir bien, comme après avoir vu un feel-good movie sans prétention. Tel est le but d’A.C.T qui n’a jamais prétendu avoir d’autre effet sur l’organisme que de le purger de ses toxines les plus empoisonnantes.
Difficile de vous convaincre si vous n’avez jamais écouté le quintet qu’il fait partie de l’élite mondiale, ou qu’il le mérite, puisque son nom est resté trop souvent griffonné en bas de page des ouvrages les plus référentiels. Je pourrais vous dire de jeter deux oreilles sur le final impressionnant et magique de « The Breakup », qui loin d’une rupture, pourrait signifier une relation consommée entre eux et vous, et mon argument serait valable. Mais en écoutant Heatwave je serais tenté d’exiger une réévaluation de l’œuvre des suédois, qui méritent bien mieux que ce semi-anonymat totalement injustifié.
Car après tout, les suédois ont le droit d’être heureux eux aussi.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Checked Out
03. Brother
04. Dark Clouds
05. Heatwave
06. The Breakup
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
IRON FLESH VOORHEESMORTUARY MERCYLESS MORGUE RITUALIZATION VENEFIXION C'est pas les groupes de Death français de grande qualité qui manquent...
31/05/2023, 19:14
Oui Hierophant c'est cool. Jamais vu sur scène pour ma part en plus. Benediction aussi, ce sera encore un bon moment. Reste à trouver un (très) bon remplaçant pour Suffo...
31/05/2023, 18:34
Dommage pour suffo et Exodus, mais Bendiction / Hierophant / Grave pleasure ! Ces changements sont les bienvenue.
31/05/2023, 18:32
Candice, la chanteuse de ETHS a posté le message suivant pour expliquer l'annulation du groupe sur cette édition du Hellfest !"Bonjour à toutes et à tous, un message chargé d’émotion pour vo(...)
31/05/2023, 18:08
Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement.
29/05/2023, 16:54
Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...
26/05/2023, 20:56
Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait dr&o(...)
25/05/2023, 18:25
RIPC'est quand même le second du line originel qui passe l'arme à gauche....
25/05/2023, 15:17
Grosse perte, voilà un Monsieur dont la contribution à la scène Rock en général est largement inconnue.Un grand merci pour avoir permi tant de chose et montrer non pas une mais plusieurs voies possibles pour s'exprimer dans la musique.
25/05/2023, 08:37
MARDUK a communiqué depuis en disant que ce n'était là que l'une des nombreuses fois où il est apparu totalement ivre sur scène (il aurait par exemple fait un streap tease sur scène...) et que c'était une condition de départ p(...)
25/05/2023, 08:35