Un an à peine après son deuxième album, WESENWILLE revient non avec une suite, mais avec une sorte de pause dans le temps, et une compilation qui n’en est pas vraiment une. Comme son titre l’indique, I: Wesenwille & Live at Roadburn est tout simplement l’addition du premier album du groupe, paru en 2017 sur Redefining Darkness Records, et un rendu en format redux d’un concert donné l’année dernière au célèbre Roadburn festival des Pays-Bas. On peut légitimement s’interroger sur la pertinence de ce format, un live exhaustif ayant certainement été préférable, mais ce volume proposé par les Acteurs a le mérite de revenir sur les débuts du groupe hollandais.
Plus d’une heure et vingt minutes de musique, connue, mais toujours appréciable. Vous ayant entretenu du caractère unique de II: A Material God en ces colonnes l’année dernière, je suis ravi de pouvoir revenir sur son prédécesseur, qui plantait déjà les jalons de la discorde à venir. Car WESENWILLE, bien qu’étiqueté Black Metal par facilité, est beaucoup plus difficile à définir dans les faits, tant sa musique déviante et dissonante peut évoquer le Post-Punk, le Post-Hardcore, et toutes sortes de digressions Post qu’on se refusera à définir avec trop de précision…qui de toute façon n’en sera pas vraiment.
Sous un packaging digipack trois volets, superbe comme d’habitude, se cache donc une grosse partie de l’œuvre du groupe d’Utrecht, et avant de se plonger dans la version live, il vaut mieux encaisser et essayer d’appréhender la réalité des faits telle qu’elle est décrite par ces cinq premiers titres, dont on retrouve la plupart en concert sur le CD suivant. Ce premier album était d’une maturité étonnante. Entre Post Black dérivant et Black Metal traité sous le prisme de l’expérimentation extrême, I: Wesenwille proposait évidemment plus qu’un simple album de Black lambda, et évoquait les plus audacieux de la scène extrême, les DEATHSPELL OMEGA, IMPERIAL TRIUMPHANT, ULCERATE ou SVART CROWN, tels que le label les utilisait et tels que je les avais introduits dans ma chronique précédente. Mais ce qui restait fascinant à propos de ce premier album était sa diversité de ton.
Le trio d’alors (M. van der Werff - basse/chant/textes, R. Schmidt - guitare/chant/textes et D. Schermann - batterie) sinuait d’un morceau à un autre, évitant soigneusement les lignes droites pour privilégier les trajectoires brisées, et la distance séparant un « The Churning Masses » de « Golden Rays of the Sun » était au moins aussi grande que celle séparant « Golden Rays of the Sun » de « From One, We Are Many ».
L’utilisation permanente de riffs dissonants, un chant en couches multiples, une rythmique évolutive, telles étaient les armes des hollandais, qui refusaient d’un côté la facilité d’un BM trop franc, et de l’autre, l’hypocrisie intellectuelle d’une avant-garde trop élitiste. Et en résumant les deux approches d’une vulgarisation très intelligente ne mettant pas à mal une personnalité unique, I: Wesenwille proposait une sorte de voyage désorganisé des Pays-Bas en version nocturne, avec passage obligé dans des clubs underground à la faune interlope, friches industrielles, ruines urbaines défraichies mais symptomatiques d’un passé pas si lointain, avant de finir dans un espace gigantesque, aux frontières floues et aux reliefs aplatis.
La violence sourde de « Rising Tides », et ses blasts cathartiques, ce chant sous-mixé semblant hurler d’une ville voisine, ces changements de rythme soudains et ces discordances à la guitare pouvaient irriter, mais forçaient à réfléchir : Quelle marge de manouvre avait encore le Black Metal pour continuer de nous surprendre et de nous bousculer, et son incarnation live pouvait-elle se montrer à la hauteur de son pendant studio ?
Live at Roadburn répond justement à cette question, avec un panaché des deux albums. Et la restitution de tous ces titres studio est tout simplement époustouflante de colère et de justesse. La précision avec laquelle WESENWILLE reconstruit les ambiances développées par ses deux albums est incroyable, à tel point que l’auditeur pourrait penser à un live retouché, tant aucune erreur ne vient émailler l’interprétation. A ce titre, chaque morceau prend une nouvelle dimension, à l’image de cet introductif « The Churning Masses », totalement apocalyptique, et digne d’une rencontre sur scène entre NEUROSIS et DODECAHEDRON.
Il était donc assez juste de permettre aux fans de découvrir cette performance, qui assurément en est une. On pourra reprocher au son d’être un peu clinique et froid, mais le mixage très équilibré nous donne vraiment le sentiment d’avoir été là, témoin privilégié d’une musique qui prend vie dans un cadre pourtant déshumanisé d’énorme festival.
Le mélange des deux albums, permet aussi de jauger la marge de progression du groupe, et la cohérence de son œuvre. Ainsi, l’enchainement entre « The Churning Masses » et « The Descent » semble couler de source, comme si les deux titres faisaient partie du même concept. Le line-up live (Galgenvot - chant, N. van Noort - guitare, D. Schermann - batterie, R. Schmidt - guitare/chant/textures sonores et Y. Snel - basse), soudé à l’extrême, propose donc une incarnation fidèle, mais toutefois plus sauvage que les versions album. Il est donc assez pertinent d’avoir accolé ce premier et fulgurant album à un pendant live pour comparer les deux versions, et se rendre compte que le projet de studio prend toute son ampleur en concert.
WESENWILLE peut donc sereinement préparer la suite de sa carrière, puisque I: Wesenwille & Live at Roadburn offre une parenthèse presque enchantée, et en tout cas, un point-virgule très crédible. Heureux seront ceux qui découvriront le groupe par ce biais et qui pourront en apprécier les deux facettes, qui se complètent à merveille.
Titres de l’album :
I :
01. The Churning Masses
02. Prosopopoeia
03. Golden Rays of the Sun
04. Rising Tides
05. From One, We Are Many
Live at Roadburn :
06. The Churning Masses
07. The Descent
08. Opulent Black Smog
09. Golden Rays of the Sun
10. Rising Tides
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