Laisser ses fans poireauter pendant quinze ans, c’est le point zéro de la cool attitude et le respect de la passion. Et même en évoquant un hiatus de plusieurs années, on a du mal à pardonner cette absence qui mure dans la frustration et le doute. Reviendront-ils comme ils l’ont promis ? Seront-ils toujours à la hauteur ? Meilleurs ? Différents ? A toutes ces questions, une seule réponse, ferme et créative : III: Chaotic Lethal.
C’est ainsi que les américains de DEMIRICOUS s’adressent à leur fanbase en 2022, quinze ans donc après lui avoir dit au-revoir via Two (Poverty), bien accueilli par la presse et le public. Dustin Boltjes (batterie), Ben Parrish & Scott Wilson (guitares), et Nate Olp (basse/chant) se proposent donc de prolonger le mythe en cinquante minutes, pour excuser leur long silence. Et avec un tel cri du cœur, il y a fort à parier que ces distances prises pendant cinq ans seront très vite oubliées.
DEMIRICOUS connaît donc un parcours ascendant assez impressionnant. Devenant de plus en plus solide, de plus en plus accrocheur, le quatuor d’Indianapolis dans l’Indiana se montre aujourd’hui sous un jour particulièrement agressif, les rangs resserrés, et l’inspiration claire, avec en point de mire le SLAYER le plus convaincant des années 2000, le tout relevé d’un poil de Néo-Death des nineties, avec des réflexes automatiques admirables et une science exacte des arrangements. Depuis leur dernière apparition, les américains ont corrigé deux ou trois petits détails, et redéfini les contours de leur approche. Moins de morceaux, mais plus intenses et conséquents, malgré un line-up qui n’a pas bougé en quinze ans. Du coup, III: Chaotic Lethal sonne plus sophistiqué, plus peaufiné, sans que le groupe n’ait concédé un pouce de terrain sur la rage et la puissance.
Bien sûr, inutile de nier que la combinaison SLAYER/WARBRINGER fonctionne toujours à plein régime. Entre ces riffs en héritage de Jeff et Kerry, cette rythmique implacable et pilonnée de l’intérieur, ces cassures au biseau et ces accélérations de grosse caisse, le parallèle est vite établi, et les accointances assumées. A tel point que le mimétisme est parfois troublant, à l’occasion du mimétique « The Follow », qu’on croirait presque chanté par ce bon vieux Tom Araya lui-même.
Mais outre ce parrainage évident et ce soin apporté à l’évolution de structures plus complexes, c’est bien l’efficacité incroyable qui impressionne sur ce troisième album, qui tient son rang de bout en bout. Les approximations et le généralisme de One (Hellbound) ont été remplacés par une précision millimétrée et des ambiances prenantes. Ainsi, l’épilogue dantesque de « Faith Crime » rappelle tout autant le mythique Seasons in the Abyss que la NOLA le plus poisseuse et marécageuse. Un travail de fond admirable donc, pour une stimulation des sens les plus pervertis par la violence des années 80 remise au goût d’un jour beaucoup plus actuel.
Engoncé dans son armure en carbone et titane, DEMIRICOUS est aujourd’hui un vengeur Thrash de premier ordre, et un soldat de la violence armé jusqu’aux dents. Les morceaux se suivent, se ressemblent évidemment, mais proposent tous une petite pointe de démarcation, pour que III: Chaotic Lethal reste cohérent sans avoir à souffrir d’une uniformité trop flagrante et redondante. La vélocité est donc remisée au placard quand il le faut, pour qu’un beat Heavy martelé comme à la grande époque de « Criminally Insane » impose une lourdeur suffocante, et « Chaotic Lethal » de tout écraser sur son passage en mode Crossover Hardcore teigneux comme un boogeyman increvable.
Parvenu à un state de maturation incroyable, DEMIRICOUS foule donc le sol de la cour des grands, et ne compte pas se faire éjecter de sitôt. Concentré de haine et de ressenti, ce troisième chapitre est certainement ce que vous pourrez écouter de mieux dans le style ce mois-ci, et même peut-être cette année. Entouré d’un écran de fumée, se dispersant pour dessiner les contours d’un champ de bataille maculé de sang et jonché de cadavres, III: Chaotic Lethal est sans conteste chaotique et létal, et insiste sur le caractère impératif de cette brutalité maîtrisée (« Merciless Slut Cult », qu’on pense évadé des sessions de Divine Intervention).
Epais et magnifiquement produit, III: Chaotic Lethal est le petit chef d’œuvre des américains, qui excuse avec classe ces longues années de silence. On pardonne facilement à ceux qui vous offrent tout ce qu’ils ont dans le ventre, et DEMIRICOUS a vraiment tout donné cette fois-ci, pour se hisser à la hauteur des plus grands du revival Thrash des années 80/90. Sonner old-school sans l’être, se placer dans l’ombre d’un géant pour attirer la lumière, tels sont les paradoxes soulevés par cet album qui n’a pas fini de tourner sur votre platine pour gicler sur des murs envahis par des posters de SLAYER.
Titres de l’album:
01. Unconditional Hate
02. Terminal Future
03. Smoke Chaser
04. The Follow
05. Fuck The Fire
06. Chaotic Lethal
07. Merciless Slut Cult
08. Choke
09. Faith Crime
Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts
15/06/2025, 08:42
Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!
13/06/2025, 00:29
En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)
12/06/2025, 01:04
Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.
11/06/2025, 12:53
Ça vaut vraiment le coup d'écouter ce qu'ils font, j'aime beaucoup et c'est vraiment bon !
09/06/2025, 21:35
Je comprends son raisonnement car je le partage en partie. Je déteste le mot "contenu" quand on parle de vidéo. Ca ne veut pas dire grand chose. Les lyrics video, je trouve que c'est une solution de facilité. On se contente de coller une(...)
07/06/2025, 09:04
J'suis probablement trop vieux, je trouve ça atroce, autant à écouter qu'à regarder.
07/06/2025, 08:32
Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
06/06/2025, 18:05
Mouais, un peu médiocre son commentaire sur les lyrics videos... perso, j'aime bien avoir la musique et le texte qui défile... c'est pas spécialement élaboré mais je voix pas en quoi c'est minable...
06/06/2025, 18:02