Ah tiens, des nostalgiques des années 80…quelle surprise ! Reste-t-il encore des créatifs qui essaient de faire avancer les choses, ou bien les remparts de la production discographique ont-ils cédé sous les coups de boutoir old-school répétés ? La question est légitime, et si la sensation est loin d’être désagréable, elle risque de tourner au vinaigre à moyen terme. Car on ne perpétue pas un esprit en regardant constamment en arrière, mais bien en acceptant ses racines tout en les laissant pousser sur une terre vierge et fertile.
Les chiliens d’ACERO LETAL sont sympathiques, c’est incontestable. Ils savent jouer, savent composer rétro, et s’habiller vintage avec des frusques estampillées années 80, des lunettes d’aviateur et des moustaches fières et plates. Là-dessus, aucun problème, le mimétisme est troublant, et on se croirait revenu au temps béni des MJC dans lesquelles les groupes faisaient leurs armes en toute confiance.
ACERO LETAL est un peu l’image la plus symptomatique de cette vague passéiste qui frappe tous les continents et pays. Un nom en hommage à tous les cadors d’il y a quarante ans et moins, une musique symptomatique et caractéristique, des aptitudes réelles et une énergie concrète, pour une synthèse rondement menée à défaut d’être bien galbée. Des titres qui portent en eux un amour inconsidéré pour la scène Speed ibérique mais aussi les géants de la NWOBHM, avec ce petit accent d’Amérique du Sud très chantant, mais agressif au demeurant.
Considéré comme un EP, Legiones dure pourtant presque aussi longtemps qu’un LP de feignants. Moins de trente minutes pour convaincre un auditoire, ce qui permet d’éviter les redites maladroites, mais qui condamne aussi à ne proposer que des chansons enlevées, rythmées, intenses et relevées. Jag (chant/guitare), Pablo Pizarro (batterie), Duncan Arancibia (basse) et Felipe Morales (guitare) connaissent leur boulot, et si le line-up a subi quelques changements depuis 2007, la formation actuelle donne le sentiment d’être à l’aise, en totale communion avec l’esprit antique d’un Heavy/Speed des années 83/84.
Il y a un peu d’Espagne, un peu de la Belgique, de l’Allemagne, de l’Angleterre, des Etats-Unis, et évidemment, pas mal de sauce chilienne, pour un résultat qui tient plus de la bonne tambouille de grand-mère que du plat avant-gardiste de grand chef étoilé. Mais il faut bien bouffer, et ACERO LETAL ne le fait pas à tous les râteliers. Concentré sur sa mission de propagation de la bonne parole Metal, le quatuor avance à fond la caisse, tout en prenant soin de disséminer quelques surprises sur son passage.
Ainsi, Legiones n’intègre pas moins de trois instrumentaux, ce qui est plutôt chose rare à notre époque. Si deux d’entre eux servent plus volontiers de transition, « El Trueno Cruza Sudamérica » incarne l’esprit eighties avec beaucoup de fidélité, lorsque les orchestres se devaient de passer par la case « le chant reste dans les champs ».
Mais le reste du tracklisting nous propose un visage totalement différent, plus grimaçant, plus agressif et violent, avec même quelques allusions Thrash mélodique sur le final explosif « Rayo Mortal ». On ne peut s’empêcher de penser à la scène allemande de Noise Records, même si le tout reste digeste et très fluide. Plus proche de SCANNER et EXCITER que de RUNNING « choucroute garnie » WILD, ACERO LETAL joue la finesse dans le chaos, les mélodies dans le dos, et les plans radicaux.
Legiones semble donc un point de départ parfait pour une carrière déjà entamée de dix-sept années. Malgré une longue période de silence entre 2009 et 2014, ACERO LETAL est remonté comme une pendule à enclume et prêt à décapiter tous ses adversaires de sa lame effilée et chromée. Et en excusant les facilités vintage d’usage pour se concentrer sur la qualité du matériel déballé, il est tout à fait raisonnable de se laisser séduire par ces compositions nobles, épiques, et qui collent les grammes.
Pour les transformer en tonnes, s’entend.
Titres de l’album:
01. Bestias del Sur
02. Lucharemos a Muerte
03. Legiones
04. Tiempos Cruciales
05. El Trueno Cruza Sudamérica
06. Opositor
07. Acantilados de Quirilluca
08. Rayo Mortal
Il est évident que je souscris à tout cela chers camarades...Mais quid du prix dans tout ça ???
16/05/2024, 08:29
J'ai acheté les deux numéros (le prix est dérisoire) au Anthems of Steel. C'est vraiment un superbe fanzine avec de vrais interviews. Il y a énormément à lire, c'est très bien écrit et intéressant. On s'y plonge av(...)
15/05/2024, 21:10
C'est tout le problème de la conservation des données et du savoir auquel notre époque se trouve confrontée avec l'avènement du numérique. Et dans les faits, ce dernier est très vulnérable à des pertes définitives. Ri(...)
15/05/2024, 20:11
Mmh... pas d'accord avec toi DPD. Si on pousse ta réflexion plus loin, pourquoi ne pas arrêter les webzines aussi, puis les magazines ? Il n'y a plus que les vieux qui lisent ça. Autant tout arrêter et ne garder qu'Instagram et TikTok... Mais b(...)
15/05/2024, 15:27
Pour avoir les deux numéros de ce Fanzine, la qualité du travail est remarquable. Le fait d'avoir un fanzine entre les mains te pousse à lire des articles que tu ne lirais pas forcément en ligne, ce qui encourage la découverte et sortir un peu le public de (...)
15/05/2024, 15:05
Hell'o DPD,'Franchement il est temps d'arrêter les zines papier, c'est ridicule.'Sur 250 copies du premier numéro sorti en septembre 2023, il en reste 35, on dirait que pas mal de monde trouve le format encore pertinent :)'Le but c&a(...)
15/05/2024, 10:55
Les métalleux sont les seules personnes au monde à payer pour de la publicité.
15/05/2024, 06:55
Franchement il est temps d'arrêter les zines papier, c'est ridicule. Le but c'est de partage une passionr non ? au moins publier les interviews sur le net, ça toucherait bien plus de monde, oh merde c'est gratuit, il faut pas imprimer du papier format torche-cul. (...)
15/05/2024, 06:50
De mon côté, j'ai vu Shellac au Bataclan il y a une dizaine d'années. Un très bon souvenir.
11/05/2024, 21:57
Et dire que je l'ai vu avec Shellac il n'y a même pas un an, la guitare à la ceinture comme toujours ! J'ai écouté un certain nombre de ses pensionnaires, à l'époque. Tout le Rock lui doit beaucoup.
11/05/2024, 19:44
C'était un génie du son ce mec, un de mes producteur préféré... Il choisissait toujours soigneusement les artistes avec qui il bossait. Même ses prods live en studio (quand tout le monde enregistre en même temps) étaient monstrueuses.
11/05/2024, 17:47
Triste nouvelle. Et le nouvel album de Shellac qui doit sortir la semaine prochaine...
11/05/2024, 17:34
Étant donné le poutrage du précédent, pas de grande surprise, c’est toujours aussi bon !
11/05/2024, 15:55
Se fout-il que l'on copie sa musique, la mette dans un pressoir à IA et on recrache à l'envi ? Probablement, oui.Dieu merci, ça fait un bail qu'on en a plus rien à péter de Deicide aussi !
10/05/2024, 07:05
Encore une belle merde auto-générée ... il semblerait que la musique le soit aussi vu le manque criant d'originalité ...
10/05/2024, 06:57
ben moi, je l'adore ce L.B.! étrange que tu passes du live à "Master..." alors qu'entre deux il y a eu la bombe qu'est "Visual lies" en '87
07/05/2024, 10:05
J'ai adoré le premier morceau quand il est sorti, typiquement ma came, mais suis "un peu déçu" du reste qui n'est pas tout à fait dans la même veine. Mais putain tu ne peux pas te tromper sur l'aspect norvégien, presque un album ho(...)
07/05/2024, 08:35