On ne peut pas dire que la discrétion soit le fort de cette bande là. Cette pochette mazette, genre comics cheap ou film de Richard Z Thompson relooké D.C pour l’occasion, et ses super-héros sortant d’une boutique de location de costumes frappe les esprits, et surtout, fait briller le regard. Mais dès lors, les interrogations se multiplient pour le néophyte. Qui sont ces hurluberlus qui non contents de nous épater de leur retape bon marché, nous refourguent un troisième album de plus d’une heure de musique presque inclassable ? Mais il n’y a aucune réponse à cette question si vous ne connaissez pas les MORGANATICS, qui trustent quand même le hit-parade du Spleen Rock depuis un paquet d’années. Spleen Rock ? Encore une astuce marketing pour attirer le chaland perdu dans la normalité, ou vrai style développé par des musiciens doués ? Un peu des deux je pense, et avec des influences aussi étendues, un parcours aussi hors-norme, et une approche artistique unique, ce collectif ce gentils doux-dingues au verbe haut et à la musique amplifiée s’est construit un monde à part, perdu dans la galaxie Rock, entre la démesure des MUSE, l’efficacité des ENHANCER et les mélodies surmultipliées du Metalcore le plus branché. Le genre de mecs qu’on invite toujours à la fête parce qu’ils y mettent l’ambiance, mais qui font peur de leur comportement à pisser dans les pots de fleurs et à se barrer avec l’argenterie de grand-mère Yetta. Faites un effort, vous connaissez les MORGANATICS. Vous les connaissez d’une façon ou d’une autre, parce que vous les avez admirés comme des héros en concert, ou parce que vous avez posé vos délicates oreilles sur les pas-si-délicats Never be Part of your World ou We Come from the Stars. So, enjoy, so, be it, les cinq marsouins reviennent fin mai 2019 avec un disque qui aurait pu ne jamais voir le jour, mais qui a fini par s’exposer à la lumière…Ce Love Riot Squad Vs The F-world, aussi tape-à-l’œil que probant musicalement parlant, qui semble pousser à bout les concepts et les renouveler en même temps.
Toujours aussi attachés à leur racines Rock, ces cinq individus (Seb - chant/guitare/claviers, Chris - chant/samples, Lauris - guitare, PM - basse/chant saturé et Franck - batterie) conservent donc leur singularité tout en adoptant des postures à même de séduire le plus grand dénominateur commun. Sans vraiment s’affilier à une scène particulière, mais sans conchier la cohérence et la logique, les MORGANATICS gardent donc les pieds sur terre, et continuent leur voyage en DIY, après avoir séduit les M&O Music lors de leur entrée en matière. Mais avec une bonne boîte de promo derrière eux, et des morceaux qui tiennent encore une fois admirablement bien la route, le quintet aurait tort de ne pas faire preuve d’une certaine morgue, même si une fois encore, quelques défauts entachent les nombreuses qualités. Ces qualités, nous les connaissons. Un sens de la démesure prôné par Lauris au niveau de ses propres riffs, une tendance à la dramatisation à outrance, et surtout, des sons hétérogènes qui donnent lieu à un mélange homogène, entre Modern Hard Rock décomplexé et Pop suramplifiée aux rythmiques élastiques et aux chœurs dramatiques. « 18'44’ » pour l’exemple, n’est pas le genre de morceau qu’on compose quand on veut discrètement se faire introniser à l’Iconoclast Hall of Fame. Des voix toujours aussi traitées, des cassures toujours aussi prononcées, la voix éthérée de Chris qui nous entraîne dans ses rêves de douceur brutale, et une ambiance générale de fête un peu triste, un genre d’after de veillée funèbre avec l’émotion dans la poche et les yeux vers les étoiles. Se décrivant toujours avec ironie comme la rencontre entre « la voix de LINKIN PARK, l’ambiance d’ARCHIVE et les guitares de PORCUPINE TREE », THE MORGANATICS fait encore la jonction entre le Nu Metal des années 2000, la Pop-Rock légèrement électro de la même décennie, et un univers plus personnel, piquant à Devin de quoi rendre à EVANESCENCE, et aimant humer la truculence de Zappa pour la confronter à la grandeur décadente de THE GATHERING. Le tout emballé dans une production énorme signée par le pote d’occasion Bill, d’ENHANCER, qui en plus de poser son flow sur un morceau, a doté le groupe d’un son gigantesque, ample comme une nouvelle galaxie, et puissant comme un aphorisme lâché en pleine salade de mots.
Word salad, no ballad. Si, pourtant, on en trouve sur ce troisième album, qui passe la rampe difficile avec brio, se rattachant aux qualités intrinsèques de départ tout en prenant ses distances de sa rudesse inattendue. Plus agressif et volumineux que ses deux aînés, moins accessible pour les allergiques de la saturation, Love Riot Squad Vs The F-world est une somme de travail contre l’adversité et les complications de la sacro-sainte trilogie famille/boulot/impôts. La perte du frappeur Nico aurait pu les réduire au silence, surtout après un travail accompli pareil, mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté des quatre restants (plus le producteur, plein d’allant), qui ne comptaient pas voir leur boulot réduit à néant. On sent cette urgence de la revanche sur l’ouverture « Table 9 », qui après une longue intro et des présentations d’usage bondit de son Rock moderne et pugnace, aux arrangements électroniques, qui en disent long sur l’envie des musiciens de se battre contre le destin. Sorte de Pop song idéale cachée derrière un épais mur du son, ce premier titre est une déclaration de guerre à la morosité, sur laquelle la voix de Chris se veut infantile, alors que la guitare de Lauris s’affirme comme indicateur de méchanceté probant. De son côté « Hannah » préfère planter les bases de toutes les recherches futures, et développe de beaux arguments harmoniques, ceux que l’on connait et apprécie depuis quasiment les débuts du groupe. Les astuces ? Toujours les mêmes, un couplet soft et doucereux, la fusion des voix, et un refrain qui éclate au-dessus de vos têtes avec une force de balayage commerciale indéniable.
Point fort mais aussi point faible, puisque encore une fois, le groupe se repose un peu trop sur cette astuce pour surprendre, même si quelques chapitres s’éloignent du schéma avec un certain panache. « Stubborn Girl » par exemple, et ses presque dix minutes de développé/couché progressif et emphatique. Plus de simplicité dans la complexité, une osmose basse/batterie à tomber, et une recherche qui s’éloigne enfin des sentiers battus. Mais trop de riffs coupés au biseau, trop de saccades interrompues électroniquement, trop de gimmicks parfois, et des lignes de chant similaires rendent cet album encore plus long qu’il ne l’est à la base, et nous empêchent de voir en ces héros les véritables sauveurs d’un monde encore trop stylisé. Heureusement, « OMDB (Il Faudra me Passer sur le Corps) », titre en français et astucieusement placé en final relève un peu la barre, et nous laisse sur une bonne impression et un goût moins acidulé. Une aventure ? Oui, car avec les MORGANATICS c’en est toujours une, mais gare à la normalisation dans l’excès. On a connu des naufrages graves pour moins que ça…
Titres de l’album :
01. Table 9
02. Hannah
03. Shark Or Tank
04. 18'44
05. Done With The Wings
06. The Bitter Strife
07. Gloria
08. Stubborn Girl
09. Square One
10. Can't Rise (To your Expectations)
11. OMDB (Il Faudra me Passer sur le Corps)
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39