Encaissant la vague old-school comme un gamin de six ans sur sa petite planche de bodyboard, il est bon parfois de retrouver les sensations d’origine telles qu’elles ont été pensées par les véritables créateurs d’époque. Apprenant que les allemands de TRANCE remettaient le couvert en 2021, je me suis rué sur leur nouvel album comme un pauvre chiant errant sur un quignon de pain. Pensez-donc, un groupe qui depuis la fin des années 70 répand la bonne parole Hard n’Heavy sans s’affilier à la trop légendaire NWOBHM n’est pas chose courante, et si beaucoup les rangent dans la même case que les précurseurs ACCEPT et SCORPIONS, il y a toutefois une limite à ne pas franchir. A l’image des HIGH TENSION et autres acteurs de la série B germaine, TRANCE a toujours été un ajout de choix au patrimoine national, mais jamais un chef d’œuvre en péril. J’en veux pour témoignage leurs trois albums eighties, Break Out, Power Infusion ou Victory, très honnêtes et groovy, mais à cent lieues des pierres de rosette Blackout, Restless & Wild, Metal Heart ou Love at First Sting.
Honnêtes artisans, les membres de TRANCE n’ont pas connu un parcours tranquille. Plusieurs splits et périodes de hiatus sont venus combler les trous, et c’est seulement depuis 2011 que le quintet a trouvé un semblant de stabilité. En une décennie, le combo d’Edenkoben n’a pris le temps de ne graver qu’un seul album, dernier en date d’ailleurs, le très en forme The Loser Strikes Back. Et avec son titre en forme d’aveu face au destin, le groupe a pioché la bonne carte et prouvé que l’arrière-garde se meurt, mais ne se rend jamais.
J’ai toujours éprouvé beaucoup de sympathie pour ces ensembles qui s’acharnent en seconde division, convaincu que le gâteau du destin a été découpé depuis longtemps, sans leur laisser une petite part. Mais les fans, les seuls vrais juges savent à quel point ces travailleurs de l’ombre sont essentiels à la légende, et Metal Forces vient à point nommé pour le rappeler. Avec un nouveau frontman en la personne de Nick Holleman (METHUSALEM, POWERIZED, SINBREED, ex-INDUCTION, ex-VICIOUS RUMORS), TRANCE a fait le bon choix, et Markus Berger (guitare, depuis 1979) et Thomas Klein (basse, depuis 1981) peuvent se frotter les mains et savourer leur victoire : ce nouvel album du gang (le neuvième seulement en quarante ans) est une vraie réussite, et pas seulement un gros plat de Heavy en vrac suintant de graisse et pénalisé par une cuisson au micro-ondes pour réchauffer la nostalgie plus rapidement.
TRANCE fait donc du TRANCE, mais ne se contente pas de s’asseoir sur sa réputation pour flatter les instincts rétrogrades des fans les englués dans les eighties. Le groupe a travaillé ses ambiances, modulé son propos, et proposé des choses plus étonnantes, à l’image de ce lourd et guerrier « Deep Dance », au tempo tribal, et à l’esprit légèrement Folk traduit dans un idiome Heavy. Mais pas d’inquiétude à avoir : TRANCE n’a pas changé son fusil d’épaule, et nous sert encore bouillants des récits de bataille sous la forme de narration en burners qui sentent bon le Metal d’autrefois (« The Fighter »).
Très intelligemment agencé, ce neuvième album du quintet (complété de Joris van Rooij à la guitare et Neudi à la batterie depuis 2016) propose des intermèdes aérant le propos, et surtout, le plus important, une collection de riffs à filer le tournis à Wolf Hoffmann lui-même. Retrouvant l’impulsion de leur début de carrière et fauchant quelques parallèles avec le MAIDEN le plus galopant (« Believers »), TRANCE joue sur tous les tableaux, mais reste homogène et crédible. Sans rien renier de ses racines, le combo tente de retranscrire la rage des jeunes années dans un langage plus mature et en phase avec son temps.
Alors évidemment, sans jouer les midinettes affolées, autant dire qu’on prend son pied en dégustant ce Metal Forces qui en appelle à toutes les factions Metal pour fédérer une armée entière de fans dévoués. Le propos est certes classique la plupart du temps, avec ce Heavy à l’allemande qu’on aime tant après quelques bières et deux groupes d’ouverture (« As Long as I Live »), mais les quelques arrangements plus modernes, et ce groove typiquement 82/83 (« Metal Forces ») font tomber les derniers doutes quant à la viabilité du projet. Un revival comme on les aime, avec de la rage, de la foi, une interprétation hors-pair (à la limite du Progressif parfois, les musiciens n’ont pas oublié leur solfège), et quelques instants de douceur qui évidemment, penchent du côté de la sensibilité des SCOPRIONS, les frères d’armes de la A-list de l’époque (« Ballad for a Group »).
Sans appuyer sur la valise pour y faire entrer les clous et le cuir superflus, TRANCE reste dans les balises eighties des sacro-saintes quarante minutes, et nous délivre une composition quasiment parfaite. Largement à la hauteur de son petit mythe des années 80, le quintet se balade dans les couloirs du temps, et revisite quelques épisodes connus du Hard-Rock allemand de tradition. Mais loin d’être coincés dans un passé castrateur, les musiciens osent le relooking partiel, et dament le pion à la nouvelle génération qui se contente d’imiter sans vraiment comprendre comment tirer les ficelles.
Titres de l’album:
01. The Fighter
02. Troublemaker
03. Death Machine
04. Deep Dance
05. Believers
06. The Horns of Jericho
07. As Long as I Live
08. The Drums of Waterloo
09. Metal Forces
10. Ballad for a Group
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Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26
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08/07/2025, 19:23
@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.
08/07/2025, 17:31
Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.
08/07/2025, 17:18