Night Parade Of One Hundred Demons

Earthless

28/01/2022

Nuclear Blast

Mon fils est à fond dans les créatures mythiques et les vieilles légendes parlant de fantômes et de monstres. Nous avons trouvé cette histoire, Night Parade of One Hundred Demons dans un vieil ouvrage traditionnel de fantômes  japonais. J’ai aimé cette idée de gens qui se cachent et peuvent entendre toute la folie mais ne pas la voir. C’est vraiment la peur de l’inconnu. 

Ainsi parlait non Zarathoustra, mais Mike Eginton, le bassiste d’EARTHLESS, pour expliquer la genèse de ce nouvel album que les fans attendaient de pied ferme depuis 2018. D’ailleurs, plus que de pied ferme, c’est d’oreille intransigeante que les fans patientaient, puisque Black Heaven avait révélé au grand jour une pratique peu coutumière chez les américains. Un raccourcissement notable des titres, et même des lignes de chant, de quoi éloigner la fanbase de ses obsessions, et les interroger sur la direction. Conscients d’avoir joué cette carte une fois suffisante, les trois compères décidèrent donc de revenir aux fondamentaux, en utilisant même le premier riff composé pour le groupe, il y a plus de vingt ans.

Et s’il n’y a pas de mal à s’écarter d’une ligne de conduite trop bien tracée, il n’y a rien de condamnable à y revenir, et même encore plus : à se rapprocher de ses racines les plus anciennes pour publier une œuvre qui pourrait presque faire croire que le trio fait ses armes en ce moment même. En choisissant cette légende japonaise truffée de fantômes, les originaires de San Diego, Californie, optaient pour une nouvelle palette de sons, et un durcissement de ton. Les fantômes nippons s’accordant assez mal d’une badinerie de surface, il convenait d’assombrir les guitares, et de transformer l’arrière-plan pour qu’il colle au concept. Et c’est ainsi que Night Parade of One Hundred Demons est sans conteste l’album le plus assombri et le plus violent de la bande, sans toutefois jouer les fiers à bras démoniaques et rompus à l’exercice de l’occulte.

Ce retour aux sources s’accompagne évidemment d’un ajustement. Les compositions, au nombre de trois, dévoilent un triptyque ambitieux, et surtout, un pivot central basé sur la légende de plus de quarante minutes, totalement instrumentales. Blindé de feedback, de percussions tribales, de fulgurances Rock, « Night Parade Of One Hundred Demons » est évidemment le point de focalisation de ce sixième album, qui retrouve l’impulsion du classique Sonic Prayer, tout en explorant des pistes plus déviantes. Pas de folklore déplacé à craindre, ni d’appropriation culturelle, puisque les trois californiens s’en tiennent toujours à ce qu’ils savent faire de mieux : adapter le Desert Rock des nineties aux exigences corrompues des libertés 70’s. Et en fusionnant le FLOYD, HAWKWIND, NEUROSIS et KYUSS, le tout sous couvert d’une exploration à la JEFFERSON AIRPLANE des grands jours et aux amplis au maximum de leur rendement, EARTHLESS nous fait une fois de plus quitter cette terre trop rationnelle pour nous entraîner dans un voyage cosmique à la frontière de la vie et de la mort.

A la base, nous voulions condenser le morceau titre pour qu’il occupe toute une face de LP. Mais plus nous le jouions, plus nous explorions de directions. Alors, finalement, nous avons décidé de le laisser respirer et de continuer à jouer.      

C’est ainsi que cette légende couvre donc un territoire vaste, constellé d’effets, de changements de rythme et d’humeurs, de continuité dans la liberté, comme un trip ultime à Joshua Tree avec quelques champignons dans le sac à dos. En retrouvant sa zone de sécurité, le groupe s’est laissé aller à sa nature profonde, et n’a rien fait pour altérer ce son si particulier, entre Space Rock et Stoner alourdi, pour mieux retrouver des sensations qu’il avait laissées de côté l‘espace d’un instant.

Black Heaven se situait au-delà de notre zone de confort. Je le considère toujours comme un bon album, mais c’était un défi que d’écrire des chansons plus traditionnelles, suivant le schéma couplet/refrain/couplet. Ce nouvel album a été plus enthousiasmant et motivant, et si je reste persuadé que nous enregistrerons des morceaux chantés à l’avenir, nous nous concentrons pour le moment sur cette parenthèse. 

Et cette parenthèse, loin d’être enchantée, reproduit comme elle peut les contours d’une légende de fantômes comme en regorge la culture japonaise, toujours respectueuse de ses aînés et de leur mémoire. Les longues digressions sur un thème unique, évoquent avec acuité cette farandole d’esprits qui reviennent sur terre pour contempler le spectacle, non comme des menaces, mais comme des souvenirs d‘une ancienne vie. A ce titre, « Night Parade Of One Hundred Demons (Part 2) » est vraiment conçu comme une continuité globale, à la manière qu’avaient les groupes Kraut des années 70 de triturer un concept pour en tirer toutes les possibilités avant de revenir façon jazzmen à un gimmick initial.

En clôture, « Death To The Red Sun » retrouve le Blues seventies, et le cajole de soli chauds, de breaks parcimonieux, pour se rapprocher d’un mix entre le SAB le plus léger et SIR LORD BALTIMORE, avec wah-wah, fuzz et tous les ingrédients nécessaires. Sorte de jam en épilogue, ce troisième chapitre, plus illuminé et moins confiné, retrouve le EARTHLESS des débuts, celui qui posait les jalons avant de partir à l’aventure.

De fait, et comme conclusion, affirmons que ce Night Parade of One Hundred Demons se rapproche le plus de l’identité la plus sincère et vraie d’EARTHLESS. Une façon de confronter les cultures sans perdre la sienne, mais en s’ouvrant à d’autres possibilités. Un album que les puristes de la première heure apprécieront, mais aussi un point d‘entrée idéal pour découvrir un groupe toujours aussi farouchement libre.    

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Night Parade Of One Hundred Demons (Part 1)

02. Night Parade Of One Hundred Demons (Part 2)

03. Death To The Red Sun


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 27/01/2022 à 15:31
80 %    482

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20