J’ai peut-être une conception passéiste ou erronée de la chose, mais selon moi, le Black Metal doit vous chauffer les burnes au tisonnier pendant qu’un marteau vous tape continuellement sur le crâne. Le style se doit d’être bestial, laid, loin des préoccupations du mainstream, joué à l’arrache mais avec les tripes, et vous plonger dans une transe de violence à même de rassasier votre soif masochiste de privation des sens pendant une période limitée. Après tout, l’Enfer n’est pas un EHPAD dans lequel s’entassent les vieilles gloires sataniques des années 70, mais un lupanar, un bordel de débauche, avec mannequins écorchées et vent brulant qui vous rougit le cul plus efficacement qu’une fessée à la planche cloutée assénée par une maitresse zélée.
Tout ceci en évitant le piège du lo-fi qui vous étrille les tympans de ses aigus poussés à bloc. Non que je cherche les productions les plus épaisses et saines, mais pour sonner musclé, le genre doit faire rebondir la grosse caisse, virevolter les guitares, et vrombir le chant. Et en écoutant le nouvel album des hordes finlandaises de MORGAL, je me dis finalement que le genre peut encore me provoquer des crises de priapisme de sa méchanceté suintante.
Fondé en 2014 à Mikkeli, le quatuor MORGAL est une affreuse hydre à quatre têtes qui a tout compris du pouvoir de séduction vénéneux et sombre. Aussi intense qu’une tempête de sable en plein désert qui vous laisse le souffle court et l’espérance de vie méchamment diminuée, ce nouvel effort de la bande représente tout ce que le BM teigneux devrait toujours incarner. Une tornade de bestialité brute, une démonstration de puissance étouffante, et des charognes qui pourrissent au soleil sous l’œil affamé des vautours.
Construit et agencé comme une ode à la vitesse, Nightmare Lord va piocher dans tous les psaumes les rimes à sa propre gloire. Légèrement Thrash sur les bords, mais définitivement Black dans le fond, ce nouvel épitre renvoie Satan lui-même dans les cordes, et prend sa succession sur le trône maculé d’excréments et de liquide séminal. Sans aucun respect pour ses ancêtres, le groupe fonce comme un Mika Luttinen poursuivi par une nonne au déodorant béni par Marie elle-même, et caracole dans les neurones comme un virus qui s’insinue dans votre organisme sans rencontrer la moindre résistante.
Et pourquoi d’ailleurs ? Autant se laisser contaminer par ce microbe qui transforme la moindre de vos cellules en créature ignoble. En trente-cinq minutes seulement, la congrégation finlandaise convertit plus de fidèles qu’un gourou rompu à l’exercice de la dépendance pyramidale, lâchant des bombes tout sauf au hasard, et nous persuadant du bien-fondé de sa démarche d’une attitude décomplexée. Et si cette intro pompeuse laisse penser que le voyage risque d’être légèrement symphonique sur les bords, la première accélération est la bonne pour remettre sur les rails des Hadès : à l’image d’un BATHORY de légende passé en soixante-dix-huit tours, « Golden Sun of Satan », lâches les chiens, les watts, les riffs, et la cadence est si folle qu’on s’envole.
Rarement album de Black m’aura autant enthousiasmé de sa folie contagieuse. Avec un batteur au sommet de la chaîne alimentaire, un chant théâtral ressenti et pas simplement braillé, des mélodies sous-jacentes qui témoignent d’une culture nineties, Nightmare Lord sonne comme du IMPALED NAZARENE sous acide reprenant à son compte la grandiloquence de DISSECTION, sous le regard bienveillant d’une bande de trolls affamés.
Sans jamais céder un pouce de terrain à la sophistication, ce second album de MORGAL est plus qu’un simple album : il est une crise de folie, une séance de spiritisme qui se transforme en massacre, un bain de sang sans les tâches sur la chemise, une sorte de partouze sans fin dans laquelle les chibres et les culs se mélangent de façon si lubrique que Lucifer en détourne le regard, choqué.
Sans être dupe, on sait que les entrées en matière les plus féroces sont souvent suivies d’une accalmie obligatoire. Mais dans le cas des finlandais, cette théorie ne tient pas, puisque la tornade « Death Vortex » se montre encore plus centrifuge. Autant le dire avec sincérité, ce genre d’album ne court pas les égouts. Il en faut pour bander pendant trente-cinq minutes sans discontinuer, sans éclabousser tout le monde de son jus corrosif. Véritable acteur porno de la cause BM, MORGAL est une turgescence à filer les jetons à une vielle pute rompue à l’exercice du plan à quatre à l’arrière de la camionnette, et offre à tous les vicieux du chibre un exutoire plus satisfaisant que la poupée gonflable la plus souillée au monde.
Sans rustine ni capotes, Nightmare Lord est une entrée hystérique mais intelligente qui permet au Black de fricoter avec d’autres genres sans perdre de vue son crédo. On reste halluciné par les crises de démence de « Gateways of Flesh & Blood », et la seconde partie de l’album pourrait se vouloir bande-son idéale du final de Mother de ce cher Darren Aronofsky ou même d’un Jodorowsky inédit.
Exécuté au biseau, mais méchant comme un démon dérangé pour une pucelle ne l’étant pas, Nightmare Lord est une méga faciale à la tronche de la sophistication, qui ne fournit même pas de mouchoir. Déferlement de violence crue mais enregistrée avec soin, ce second long est un trip aux confins de la vélocité et transforme les débuts de 1349 en pédalage innocent sur des routes de campagne un dimanche après-midi.
Hail Satan !
Titres de l’album:
01. Golden Sun of Satan
02. Death Vortex
03. Extermination/Death Penetration
04. Flaming Mouth of Baphomet
05. Gateways of Flesh & Blood
06. Nightmare Lord
07. Mortifer
Mais c'est tout bon ça ! Bien furibard ! Merci pour la découverte !
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10/07/2025, 12:23
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Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
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Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
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"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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