Voilà une pochette qui sent bon le Larzac, la vie à la fraîche, le lait de chèvre, le laid de chanvre, les robes de chambre, et qui s’entortille autour de vos mirettes comme les poils de barbe d’un vieux beatnik perdu dans les limbes post-soixante-huitardes. On imagine assez bien cette demoiselle avec un chemisier blanc en lin, s’extasier devant la beauté d’un parterre de marguerites sauvages, chantant et dansant la nature en ressentant soudainement le besoin de s’affranchir de toute couche de tissu superflu. Mais pas de bol pour vous sales petits voyeurs virtuels à deux sous, cette scène se passe à Cincinnati dans l’Ohio, et en guise de communion avec mère nature, vous allez vous cogner un EP/LP de Sludge bien poisseux, urbain comme un chewing-gum collé sous une godasse à l’heure de pointe, et sale comme un container de quartier qui vomit ses immondices par ses interstices. Et vous savez quoi ? Finalement, le tableau me plait infiniment plus qu’une ode champêtre dédiée aux existentialistes ruraux exilés pour cause de ras-le-bol du métro. Hop. Pas de malaise.
Mais vous en risquez un par contre en confiant vos tympans à cette horde de pesants qui n’ont pas oublié la lourdeur et la graisse dans la poche de leur salopette. Leur unique but semble en effet de rendre concrète la dualité qui existe entre l’oppression et l’agression, en confrontant les deux concepts dans un même exutoire, à deux tiers du chemin entre le Sludge sud-américain que la vague Nola affectionne tant, et un tiers des poussées de colère des PRIMITIVE MAN et autres NAILS. Pour autant, c’est tout de même le Heavy qui l’emporte sur l’embolie, même si le dénominateur commun reste la folie. Et sur ce sujet-là, nos amis du jour semblent incollables.
Entendons-nous bien, le Sludge, on commence à connaître aussi bien qu’un fan d’Ozzy et Tony ses idoles de BLACK SABBATH en 1975. On se disait justement que le style, comme celui de ses aînés commençait à tourner en rond, sauf qu’à chaque fois que cette assertion affleure la surface de la raison, une bande de tarés se pointe avec son esprit de contradiction. C’est le cas des FLESH MOTHER, qui tout en respectant les dogmes du créneau qu’ils honorent, prennent leurs distances pour affirmer leur indépendance, et nous offrent un premier jet presque longue-durée qui remet le débat sur le tapis usé. D’un coup de dés (ou de sept, plus exactement), les originaires de l’Ohio ne se demandent pas d’où en vient le O, mais en fond de jolis avec la fumée qui sort de leurs instruments. Riffs de mammouth, voix rauque dégueulée, basse pachydermique assurée, rythmique plombée, tout y est pour que notre compte soit bon, sauf qu’en plus, les gus y ajoutent deux ou trois soudaines accélérations. Alors, on ne sait plus trop sur quel pied stagner, puisque la surprise nous guette à chaque rangée, bien que la cohésion de l’ensemble soit confortée. Lourd donc, mais aussi nerveux, et surtout, créatif dans la méchanceté, puisque ce Nourishment aux accents aussi psychédéliques que dissonants n’évite aucunement de nous provoquer. D’une part, avec l’utilisation d’un format très court pour des morceaux du cru, bien cuits, qui ne dépassent que très rarement les trois minutes (une seule fois d’ailleurs). Le Sludge et le Doom nous ont habitués à des digressions bien plus élargies, et c’est avec un plaisir non feint que l’on constate que certains osent enfin bousculer les conventions pour modifier notre horizon. D’autre part, et ce dès l’introductif et glauque « High Power » - et son riff à faire verdir de dégoût Kirk Windstein accro à ELECTRIC WIZARD - FLESH MOTHER n’hésite pas à se barrer en couille Grind et Crust pour ne pas nous laisser nous installer trop confortablement dans notre foi aveugle en des prévisions trop certaines.
Mais pas de méprise. Les lascars sont Sludge quand même, et ce, jusqu’aux trous de leurs chaussettes. Ils sont simplement un peu plus que des feignasses lambda qui se reposent sur un thème unique pour causer la panique.
Et ce bouillonnement de puissance nous fascine. En tout cas, ME fascine, parce qu’un groupe qui parvient à me faire apprécier la lourdeur par contraste de terreur, je suis preneur. D’autant plus qu’ils ont travaillé leur copie pour la rendre impeccable et sans fouillis, en bossant les transitions histoire que l’eau continue de couler sous les ponts. Un travail de mixage presque digne de celui de sir George Martin sur Sgt Pepper (j’exagère à peine, mais je suis de bonne humeur), pour seize minutes de logique instrumentale à deux voix parfois (John Hays & Tyler Bollinger), le tout dissimulé sous une production impeccable de John Hoffman et Jerome Westerkamp. Et ne cherchez pas à en savoir plus sur le produit en question, puisque les facétieux n’ont ni page Facebook, si site sous leur propre nom. Quant à leur Bandcamp, il préfère se taire et laisser parler la musique. Ce qu’il y a de mieux à faire, puisqu’elle parle beaucoup mieux que n’importe quel argument présomptueux. On pourrait même dire que les musiciens l’ont tellement mauvaise qu’ils nous la jouent bonne, en affirmant qu’après tout, nous « ne sommes pas humain, juste une maladie ». Et ils n’ont pas tort. Sauf que leur virus à eux est du genre pur et non muté, et qu’il galvanise l’organisme tout en faisant descendre le moral en flèche. Paradoxal ? Pas tant que ça, puisque Sludge mais pas que. Et ce groove qui sort de nulle part sur « Disgusting Creatures », fabuleux non ? Et ce sens de la concision mid sur le gluant « Lizard King », via une schizophrénie vocale pleine de mordant…Impeccable, je prends. Aussi. Des constats à l’avenant ? Oui, « Sick World / Sick Shit », qui s’accompagne d’une embardée de blasts à main levée, et d’un mélange d’OLD et EYEHATEGOD. Effets offerts par la maison, et larsen trituré plus que de raison.
Basse profonde comme une tombe sur laquelle des poivrots pissent (« Felt Death », le fameux à presque franchir la barre des quatre minutes), tombe en elle-même pas vraiment fleurie mais qui sent bon le bourbier Sludge bien moisi (« Graves »), et puis…c’est fini. Mais pour eux, l’aventure commence, ou continue plutôt (vous référer à leur Bandcamp pour en savoir plus sur leur passé, j’ai la flemme). Elle continue dans l’Ohio, et ne finira pas dans le Larzac, puisque les FLESH MOTHER sont à peu près aussi américains que les bayous de Louisiane. Et il n’y a pas de chèvre dans les bayous.
Titres de l'album:
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
08/07/2025, 22:42
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54
Avant d'aller me faire voir ailleurs, je partagerai avec vous cet hommage Fernandelien :"Aux adieux de Black Sabbath, il tremblait pas mal d'la patte.Fais l'Ozzy, assis."
08/07/2025, 21:31
Ben tu m'étonnes, DPD, d'être passé à autre chose. En même temps, quand on a eu ces groupes là comme entités fétiches, on ne peut qu'aller de l'avant. C'est comme partir de zéro (je plaisante
08/07/2025, 21:26
Je comprends juste pas cette envie adolescente permanente de revoir ses groupes de jeunesse. Je veux dire je suis de la génération qui est passé par Korn Slipknot et compagnie mais je suis passé à autre chose.
08/07/2025, 19:55
Lors du dernier concert de Motorhead auquel j'ai assisté, Lemmy était... pathétique (mais pas loin). Et pourtant il était planté sur ses quilles. Alors jouer assis avec Parkinson en bandoulière ? Business is business, la machine à biftons DEVA(...)
08/07/2025, 19:23
@HumungusJe fais une exception pour Motörhead (que je n'apprécie pas plus que ça) parce que Lemmy était sous un haut dosage de drogue/alcool pour tenir le coup et pas s'écrouler sur une chaise.
08/07/2025, 17:31
Je vois pas ce qui est légendaire à un trubo grand-père qui tiens péniblement sur une chaise. Je dois manquer quelque chose. Pour ma part c'est autant ridicule que les concerts avec des stars mortes en hologrammes. Faut vraiment être con.
08/07/2025, 17:18
@LeMoustre : espèce d'abruti... le but du concert, outre le fait que c'était un évènement caritatif, c'était qu'Ozzy puisse faire des adieux en bonne et due forme à la scène, chose qu'il n'avait pas pu réaliser (...)
08/07/2025, 06:08
J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)
07/07/2025, 22:26
La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la !
07/07/2025, 18:34
@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)
07/07/2025, 17:42
Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)
07/07/2025, 13:18
j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant !
07/07/2025, 12:48
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36