Off With Their Heads

Fabulous Desaster

16/11/2018

Black Sunset

On ne va pas revenir là-dessus une fois de plus, mais après tout, autant poser les bonnes questions qui n’amèneront pas de bonne réponse. Vous êtes plutôt Bay-Area ou Ruhr lorsqu’il s’agit de Thrash ? Oui, comme vous le constatez, cette question est stupide, puisque lorsque vous êtes Thrash, vous êtes forcément Bay-Area ET Ruhr, sinon, vous n’avez rien compris au schmilblick. Autant demander à une mère de choisir l’un de ses enfants, et je me vois mal trancher entre KREATOR et EXODUS, ou préférer SLAYER à DESTRUCTION (quoique dans ce dernier cas, on ne pourrait pas vous en vouloir d’opter pour les premiers). Alors, puisque la vague old-school fait depuis quelques années passer le Gulf Stream pour une jolie petite fontaine de village, il convient de débusquer les groupes vraiment susceptibles de nous apporter le meilleur en synthèse et non le pire en exégèse. Et si d’aventure vous cherchiez un combo ayant les moyens de réconcilier une fois pour toutes les deux camps complémentaires et opposés, vous savez pertinemment qu’il est inutile de continuer votre quête, puisque je vous l’apporte sur un plateau rouillé. Et c’est évidemment d’Allemagne que nous en (re)viennent les sauveurs du Metal torride, puisque les FABULOUS DESASTER proposent en ce mois de novembre aux températures joueuses leur second LP, quasiment identique en tous points au premier, mais toujours aussi jouissif de sa volonté de réunir les deux écoles de pensée dans un même creuset d’inspiration en fusion. Pour les étourdis, apprenez que les FABULOUS DESASTER ont vu le jour du côté de Bohn outre-Rhin, et qu’ils s’y sont formés en 2010, proposant la même année un premier EP éponyme qui mettait les choses au point. Depuis, les musiciens ont fait du chemin, et largué sur un monde médusé leur première bombe, ce Hang ‘Em High que j’avais abordé en son temps, et dont j’avais dit tout l’EXODUS que je pensais de son bien ASSASSIN. Depuis, je n’ai pas changé mon short de placard, et je confirme ma première opinion, nuancée de quelques reproches un peu plus formalisés.

Non, le quatuor, comme Julio, n’a pas changé (Jan Niederstein - guitare/chant, Andi - basse, Matthias Terstegge - guitare et Lukas Terstegge - batterie), et continue de frapper fort pour se faire remarquer, sans se départir des influences flagrantes qui placent sa musique dans l’ombre des plus grandes références. Si évidemment l’ambiance générale évoque avec générosité la période la plus exubérante du Thrash allemand, elle n’en oublie toujours pas de se baser sur une fluidité tout à fait américaine, EXODUS en tête de liste des maîtres de thèse es-mosh, proposant de fait un Crossover géant sur deux continents. Le tout est évidemment secoué comme une démo d’ASSASSIN captée sur un magnétophone habilement planqué, et l’énergie dont font preuve ces quatre marsouins est au moins équivalente au tremblement d’une terre bombardée sans relâche. Alors, on craque ? Bien sûr, puisque l’allant dont font preuve ces déments est décidément irrésistible, mais on n’en oublie pas pour autant son esprit critique au vestiaire. Car si la majorité des hymnes proposés sur cet Off With Their Heads est digne d’intérêt et d’adhésion, on finit par trouver le temps long, les morceaux se suivant et se ressemblant quand même pas mal. Vous me répondrez avec pertinence que c’est la caractéristique principale d’un style qui se veut assez imperméable aux innovations, pourtant, je ne peux m’empêcher de regretter que les quatre allemands ne fassent pas preuve de plus d’audace en incrustant des variations dans leurs coups de tromblon. Et sans faire la fine bouche, puisque le Thrash pratiqué est du genre qui tâche et qui fait tanguer, on arrive au bout de l’entreprise la langue un peu pendante et le headbanging un peu mou du genou, puisque les trois quarts d’heure paraissent parfois subtilement plus longs qu’ils ne le sont.

La faute à quoi ? A une linéarité de ton qu’il est impossible de ne pas souligner avec un minimum d’objectivité, les FABULOUS DESASTER se contentant la plupart du temps de calquer des riffs à la Gary Holt sur des trames piquées aux DESTRUCTION et autres MUNICIPAL WASTE. On se replonge alors avec plaisir au début, puis par habitude dans la période glorieuse de surproduction de la sidérurgie allemande des années 80, tout en gardant du coin de l’œil l’importance de vinyles comme Fabulous Disaster et Bonded By Blood qui ont visiblement traumatisé nos héros du jour. Non que tout ça sente la bière bon marché qui coule entre les allées d’une fête bavaroise bien arrosée, le niveau technique des musiciens permettant de s’extirper d’une attitude trop beauf pour être honnête, mais avec des rythmiques pilonnées toujours sur le même tempo, des riffs certes joyeux mais légèrement soyeux, et des variations circulaires qui parfois restent le nez en l’air, notre appétit n’est pas rassasié, d’autant plus que certains groupes versés dans la nostalgie font beaucoup mieux avec moins de moyens. Néanmoins, et pour ne pas jouer les vieux râleurs, admettons aux allemands une sérieuse tendance à être à l’heure. S’ils nous inondent d’informations au point que l’on en oublie le propos de fond, ils ont le mérite d’appuyer sur la pédale à fond et de jouer le jeu d’un Thrash vraiment pas bidon. Et si « The Dealer » et « Abra Cadaver » cavalent Speed Metal sur fond de chœurs de chorale pour nous dégourdir les arpions, « Nut Up Or Shut Up » envenime enfin les débats pour nous rapprocher d’une version survitaminée d’un « Metal Militia » revu et corrigé choucroute et pavés, et nous permet de nous affoler sans tout casser. Mais ne nous leurrons pas, une fois le schéma compris, les riffs assimilés, les rythmiques avalées et les chœurs collégiaux assumés, le schéma ne dévie que très rarement de son chemin, et nous laisse un peu orphelins, même si le timbre de voix possédé d’un vocaliste démené permet de faire abstraction de certaines facilités.

L’humour est évidemment toujours aussi présent, tout comme ce sens du groove qui permet à quelques titres de s’extirper de la masse (« Shaved Bears »), mais malgré ces accélérations qui penchent du côté carton, on saute d’un morceau typiquement explosif à une tranche de vie à vif, sans surprises, et donc avec un peu de déception. Pourtant, le groupe a largement les moyens de s’extirper de sa condition, et de proposer quelque chose non d’original, mais au moins de plus versatile, mais à force de vouloir faire déborder leurs morceaux au-delà des cinq minutes chrono, ils finissent par manquer de jus, et d’avoir recours à des astuces déjà vues. Ainsi, ils jouent parfois la dualité (« Off With Their Heads »), tout en restant accrochés à un passé qu’ils ne peuvent occulter, et multiplient les appels du pied en se servant largement dans les coffres pillés, et justement cognent sans discontinuer, en se rapprochant dangereusement du plagiat parfois, surtout lorsque la voix colle à la gorge de Steve Souza, à tel point qu’on se demande s’il n’a pas été hébergé durant l’enregistrement. Bien sûr, globalement, le tout tient admirablement bien la route, mais pour gagner sa croute il faut parfois viser plus haut, spécialement lorsque votre créneau est déjà saturé d’anonymes mais vaillants combos. Sans être un échec cuisant, Off With Their Heads se fond dans la masse des sorties, et se présente réussi, mais un peu trop cuit. On espère que les FABULOUS DESASTER feront preuve de plus de culot à l’avenir et éviteront de recycler des riffs de DESTRUCTION (« Eye For An Eye ») pour nous faire remuer du pantalon.     

   

Titres de l’album :

                         1. The Dealer

                         2. Abra Cadaver

                         3. Nut Up Or Shut Up

                         4. Shaved Bears

                         5. The Revenge Of The Mighty

                         6. Off With Their Heads

                         7. Against The Wall

                         8. Eye For An Eye

                         9. Family Values

                         10. Evolutionary Sins

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par mortne2001 le 16/12/2018 à 17:42
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