Sans qu’il ne représente mon style de prédilection, je n’ai foncièrement rien contre le Doom, du moment qu’il puisse rendre les gens heureux. J’y vois une certaine forme de monolithisme et de statisme qui nous renvoient aux premières tentatives de lourdeur d’un Heavy Metal naissant, même si je ne me reconnais que très difficilement dans cette accumulation de plans pachydermiques et de riffs plombés, qui semblent vouloir à tout prix faire office de gimmicks, et non d’une réelle volonté de faire progresser les choses. Le grief le plus valable et pertinent que je pourrais formuler à l’encontre des groupes s’incarnant dans ce créneau est que la plupart du temps, ils se contentent de reprendre des formules déjà largement éprouvées, sans chercher à réellement composer. Et c’est bien là que le bât blesse, puisque les fondateurs, au-delà de leur désir de mettre en forme des idées d’oppression, voulaient avant tout formaliser la puissance sans pour autant mettre l’intelligence musicale de côté. Il suffit pour cela d’écouter avec un peu plus d’attention que d’ordinaire les premiers efforts de BLACK SABBATH, de PENTAGRAM et de THE OBSESSED, et même de ST VITUS ou TROUBLE d’ailleurs, et constater alors que la pesanteur n’était qu’une conséquence et non un but, et résultait d’un son naturel que les auteurs ne cherchaient aucunement à imposer, mais qui se manifestait de lui-même. C’est ainsi que j’ai énormément apprécié le premier album des américains d’ALMS, qui avec Act One nous prouvent que cet art séculaire ne s’est pas perdu dans les limbes du temps, et que des instrumentistes sont toujours capables de faire revivre cet esprit initial sans avoir à accumuler les poncifs et développer des idées reçues.
Des chansons. Tout ça peut paraître lénifiant, puisqu’il symbolise la base même de toute création musicale, mais la problématique est plus importante qu’il n’y parait. Et celles qu’on trouve sur ce premier LP en sont, agencées comme telles, offrant des thèmes accrocheurs, des breaks intelligents, et surtout une variation, qui permet au quintette de s’éloigner des stigmates les plus prévisibles pour se concentrer sur une liberté artistique qui fait chaud au cœur et aux oreilles. Et au final, il devient difficile de rattacher le groupe a un mouvement particulier, tant il s’ingénie à ressusciter l’esprit originel du Heavy Rock du début des années 70, tout en multipliant les clins d’œil à la décennie suivante, via quelques allusions à la NWOBHM fort bien maîtrisées. Leurs références sont d’ailleurs plurielles, le SAB’ bien sûr, mais aussi WISHBONE ASH, DEEP PURPLE, les PAGAN ALTAR, et même le SCORPIONS le plus psychédélique de Lonesome Crow et des premiers délires dominés de la guitare magique d’Uli Jon Roth. Nous en venant de Baltimore, ce quintette (Andrew Harris: basse, Bob Sweeney: guitare/chant, Derrick Hans: batterie, Jess Kamen: claviers/chœurs, et Danny McDonald: guitare) s’est donc formé il y a quelques années, et s’est déjà fendu d’une démo vite repérée l’année dernière, qui a très justement attiré l’attention du label Shadow Kingdom Records. Pour l’occasion, l’écurie s’est même éloignée de ses obsessions habituelles, et nous offre donc cet Act One sous plusieurs formats, dont une splendide édition vinyle qui rend parfaitement justice au contenu qu’elle dissimule. En faisant la nique à bien des groupes revival, les américains signent donc la une entrée en matière hautement recommandable, qui use des tierces si chères à la scène anglaise de l’orée des années 80, pour mieux les intégrer à un contexte global que les THE OBSESSED se sont évertués à développer au début de leur carrière. Beaucoup de puissance évidemment, de la pesanteur, mais aussi la légèreté d’harmonies un peu amères sur les bords, parfaitement mises en valeur par le chant légèrement en retrait de Bob Sweeney, au timbre similaire à celui de Brian Ross des miraculeux SATAN, dont on retrouve ici une partie de l’inspiration, dans les plans les plus virevoltants. Une sorte de Crossover entre la magie Heavy des seventies et l’art de la repompe de la vague vintage suédoise, la sincérité en plus, le tout interprété avec une conviction qui force l’admiration, et qui retrouve même la flamboyance incandescente des échanges de soli sudistes des mid 70’s (« For Shame »).
De là, une question me taraude, et demande un minimum de réflexion, même au vu du caractère anecdotique de sa réponse. Peut-on encore affilier les ALMS au Doom, alors même que leur musique va bien plus loin qu’une simple succession de leitmotivs lourds et usants ? Je pense, après écoute attentive et répétée de leur premier album qu’il est en effet possible de trouver des points communs, mais il est tout aussi impossible d’être catégorique dans le choix des rattachements. Dans le même ordre d’idées, je me refuse à accoler l’étiquette Ô combien réductrice de « Vintage Rock » à un album qui en refuse justement toutes les pirouettes, et qui préfère se concentrer sur le fond de la musique que sur sa forme. Si le son global se veut aussi analogique qu’une vieille Yamaha PM-430 PM 430, le rendu instrumental prend en compte les incarnations passées d’années 70 qui bénéficiaient encore d’une bonne longueur de terrain à défricher, et un morceau aussi casher que « Deuces Low » parvient mieux que la plupart des combos scandinaves à la mode à recréer cette effervescence créative qui transformait les albums de l’époque en véritables manifestes d’affranchissement. Il est évident que les fans de violence et de Heavy auront du mal à y reconnaître leurs mises en terre préférées, spécialement lorsque le beat adopte une démarche enlevée, et que l’atmosphère globale se rapproche des prémices de la nouvelle vague Heavy britannique. Mais pour autant, et là aussi se cache le défi relevé avec brio par cet album, on ne trouve que très peu de traces de cette scène émergente dans les six pistes de ce premier effort, qui préfère consacrer les siens au Rock à tendance Hard d’il y a quarante ans, tout en y apportant un éclairage plus contemporain. Ce melting-pot à largement de quoi faire fondre les grands anciens, mais aussi les petits jeunes désireux de découvrir un pan de l’histoire musicale qui nous concerne tous.
Et si « Dead Water » en intro, du haut de ses sept minutes est probablement ce qu’Act One peut revendiquer de plus Doom, « Hollowed » en clôture se propose d’en prendre un certain contre-pied, en ouvrant des perspectives moins restrictives. Tout aussi Rock qu’il n’est Heavy, tout aussi lourd qu’il n’est groovy, ce premier LP des originaires de Baltimore incarne avec panache une vision moins restrictive que d’ordinaire, et pioche dans l’histoire de quoi alimenter ses fantasmes présents, sans oser des références trop prononcées, mais en assumant le fait que depuis quarante ans, tout a déjà été dit en matière de Rock amplifié. Une bonne façon de détourner des codes pour sortir du moule, et plus simplement un album qui roule et rocke, sans se poser de question, et qui transforme notre aujourd’hui en hier, avec de bonnes raisons. Et la manière.
Titres de l'album:
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31