Si je vous dis Death Metal à chanteuse, vous allez immédiatement et assez justement penser à ARCH ENEMY. Logique, puisque c’est la première référence qui vient à l’esprit. Mais si je vous dis Death Metal à chanteuse qui vient d’Allemagne la réponse risque d’être différente. Et pour cause, puisque les DARK ZODIAK font partie de l’underground et n’ont pas encore explosé au niveau européen comme leurs collègues suédois. Mais leur carrière ne faisant que commencer, tous les espoirs sont permis, spécialement en se basant sur la qualité de leur discographie, et celle plus précise de ce troisième album. Alerté par un mail envoyé à la rédaction, j’ai été je l’avoue charmé par le fait que le quintet soit mené par une chanteuse au timbre rauque, et c’est avec plaisir que j’ai écouté les dix pistes de ce troisième chapitre. Fondé en 2011 du côté d’Eggingen, DARK ZODIAK est en quelque sorte l’archétype de combo évoluant dans les eaux du professionnalisme, sans avoir été remarqué par un gros label, alors qu’il le mérite amplement. Le groupe jouit néanmoins d’un certain rayonnement, ce qui lui a permis d’évoluer sur scène aux côtés de TANKARD, DEBAUCHERY, ELUVEITIE, STILLBIRTH, ou PRIPJAT, et si ses productions restent éparses pour le moment, elles témoignent toutes d’un savoir-faire indéniable dans la brutalité. Et c’est après une initiale démo sortie en 2012 (Throwing Stones) que le quintet a vraiment démarré son parcours, nous laissant patienter deux ans avant de publier son premier long (See You in Hell) qui en disait long sur ses intentions. Il y a trois ans, Landscapes of Our Soul avait confirmé tous les espoirs nés des deux premières réalisations, et c’est donc avec un certain nombre d’exigences qu’Ophiuchus sera accueilli par la fanbase.
Mais rassurez-vous, accros à la brutalité made in Germany, la qualité est là, et la diversité aussi. En baptisant son album le plus important du nom d’une constellation de l’équateur céleste, et couramment représentée comme un homme saisissant un serpent, DARK ZODIAK justifie donc son nom et ses inclinaisons, et nous propulse dans un monde fantasmagorique à la violence bien réelle. Le quintet mixte (chant: Simone Schwarz, batterie: Dieter Schwarz, guitares: Charly Gak & Benni Poeck, basse: Steffi Bergmann) nous propose donc encore une fois un solide compromis entre la fluidité du Thrash et la solidité du Death, et si les riffs ont parfois tendance à se ressembler, l’ambiance de ce nouvel album reste suffisamment créative pour interpeller. Et pour cause, puisque le groupe ne se contente pas de pilonner pendant quarante-cinq minutes, mais varie son propos, insère des transitions mélodiques très à-propos, accélère le tempo, emprunte au Goregrind ses cris de goret si symptomatiques, et mélange le tout dans une énergie de tous les diables. Alors autant vous prévenir, si vous pensez être fixé dès l’écoute de l’introductif « Do More Say Less », vous faites fausse route : les musiciens en ont assez dans la besace pour vous surprendre d’un méchant coup de collier ou d’un adoucissement tout à fait imprévisible.
Première constatation, pour un album autoproduit, Ophiuchus a le son, et bien méchant. Les guitares sont vraiment agressives et blessantes, tandis que le chant est bien mixé sur le canal central pour nous attraper par les burnes. Sans effort, on parvient même à discerner les arabesques de basse de Steffi Bergmann, qui assure un lien créatif avec la frappe déterminée de Dieter Schwarz. Les structures sont classiques, et répondent au besoin de cruauté du Death moderne, celui justement inspiré des modèles suédois d’ARCH ENEMY et consorts, mais pas question de mimétisme ici, ni de gimmicks. Le groupe est soudé, sonne comme tel, et prend un véritable plaisir à jouer ces compositions alambiquées, et néanmoins directes. Talent technique individuel, osmose collective, la sauce prend, et si la voix très particulière de Simone Schwarz reste le point d’attraction principal, les deux guitares de Charly Gak et Benni Poeck ne la laissent pas empiéter sur leur terrain. Roulements, beat martial, coupures, reprises en coup du lapin, soli inspirés, et violence globale méchamment distillée, tels sont les ingrédients de cette constellation métallique qui regroupe les étoiles les pus brillantes de la galaxie Death.
Rois du riff emphatique qui trompe sur les directions, les DARK ZODIAK savent aménager l’espace, et construire de véritables pièces évolutives qui ne se satisfont pas d’une simple bestialité de surface. Et bien que les allemands se montrent très à l’aise dans les attaques les plus sanglantes (« Heaven, Earth And Beneath »), ils n’en restent pas moins d’habiles compositeurs qui savent aérer les morceaux pour leur éviter la linéarité. Jamais avares d’une trouvaille (harmoniques, couinements), les allemands nous saisissent dès les premiers instants, et ne relâchent jamais la pression, malgré des intermèdes mélodiques omniprésents. A l’aise dans les agressions instantanées et fulgurantes (« Invisible Apocalypse », qui rappelle méchamment CALAVERA CONSPIRACY), et dans les évolutions plus construites et mystiques (« Ophiuchus »), DARK ZODIAK présente donc un solide best-of de ses capacités, et étonne de sa créativité dans un contexte d’ordinaire assez rigide. Et finalement, les quasi cinquante minutes passent très vite en leur compagnie (au sens propre comme au figuré), entre les concassages en règle (« Destroy Destruction »), et les délires en communion qui montrent que les musiciens sont vraiment unis, et qu’ils considèrent la musique sous son aspect le plus ludique (« Humor »).
Ce qui n’empêche pas la grondante Simone de couiner comme un porc éventré (« From Thrash Till Death »), ce qui n’empêche pas le quintet de fondre dans la bestialité du Death le groove du Thrash, ce qui n’empêche pas des morceaux comme « 2020 A.D. » de se souvenir de la pesanteur guerrière éprouvante des BOLT THROWER, et ce qui n’empêche pas Ophiuchus de sonner plus carré, plus créatif et plus efficace que bien des sorties de gros indépendants. On imagine d’ailleurs assez bien cet album distribué par Nuclear Blast, ses qualités en faisant une bonne tête de gondole pour la maison de disques allemande. Et comme en plus ces marsouins terminent par une dernière claque bien dans la face (« Ignorance »), on reste au tapis, collé à la moquette par un Death de première catégorie, joué par des passionnés.
Belle performance, de l’envie, de l’enthousiasme contagieux, et une sacrée façon de démarrer l’année 2021 sur les chapeaux de tripes.
Titres de l’album:
01. Do More Say Less
02. Heaven, Earth And Beneath
03. Invisible Apocalypse
04. Ophiuchus
05. Destroy Destruction
06. Humor
07. From Thrash Till Death
08. 2020 A.D.
09. Total Freedom
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
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Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
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Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44