Depuis 1994, Steve Newman, musicien et compositeur anglais, régale les amateurs de Hard-FM et d’AOR de ses compositions délicates et mélodiques au sein de son combo NEWMAN. Douze albums se sont succédé depuis l’éponyme Newman, publié en 1997, et la renommée de l’artiste n’est donc plus à faire depuis longtemps, et pourtant, Steve sentait qu’il pouvait élargir ses horizons. C’est ainsi qu’il a décidé de créer un projet parallèle, sans se servir de son propre nom cette fois-ci, pour jouer une musique fidèle à ses principes, mais un peu plus technique et précieuse que son parcours d’origine. Pour cela, il s’est entouré de musiciens partageant sa vision, et a monté de toutes pièces COMPASS, qui lui permet de mettre le cap sur de nouvelles aventures. Nous retrouvons donc le guitariste, claviériste et compositeur flanqué d’une nouvelle section rythmique (Dave Bartlett à la basse et Toni Lakush à la batterie), mais aussi d’un nouveau chanteur assez méconnu (Ben Green), Steve ayant décidé une fois n’est pas coutume de se concentrer sur l’instrumentation. Qu’attendre dès lors de ce nouveau concept manigancé par un vieux loup de mer de la scène harmonique mondiale qu’il n’ait pas déjà tenté dans ses groupes antérieurs ? Une surprise en soi, puisque le musicien s’est cette fois-ci surpassé, prouvant à son public qu’il domine tous les sujets et maîtrise tous les genres. Et c’est donc dans le créneau risqué du Hard progressif que nous retrouvons notre ami, qui est allé puiser de quoi étendre son champ d’activité sans trahir ses dogmes d’origine. Parrainé par le célèbre label Espace Music, Our Time on Earth n’est rien de moins que le plus bel écrin pour le talent d’un home qui décidément n’aura de cesse de nous surprendre de sa créativité et de sa productivité, ce premier LP faisant suite à un douzième album de NEWMAN publié un peu plus tôt dans l’année. Difficile de se dire que ces deux albums impeccables sont l’œuvre d’un seul homme dans la même année, tant ils flirtent tous les deux avec une perfection mélodique dont peu de groupes peuvent se targuer d’atteindre la beauté.
Huit morceaux pour une heure de musique, l’anglais a respecté les canons du genre, mais ne s’est pas contenté de nous assommer de longues digressions stériles. On pourrait à la rigueur concevoir COMPASS comme une extension de NEWMAN avec des aspirations plus ambitieuses, et une façon de traiter le Progressif comme un genre populaire qui n’oublie pas de séduire les auditeurs avant de chercher à les impressionner. Bourré de technique, Our Time on Earth n’est pas un simple démarquage présent sur des théories passées, mais un album aussi à l’aise dans son époque qu’il n’est hors du temps. Flirtant parfois avec le Power Rock, parfois avec la Pop, souvent en union civile avec le Rock, il développe de vraies chansons qui sans ce timing allongé pourraient passer pour des morceaux simples et directs d’un Heavy Rock des nineties. Steve a d’ailleurs pris grand soin de ne prendre personne en traître en plaçant en ouverture deux des trois morceaux les plus longs de son œuvre, et c’est avec « Skies On Fire » qu’il nous accueille à bras grands ouverts. Sans prendre la peine de dispenser une intro, Steve nous rassure d’une production claire aux proportions humaines qui ne cherche pas à étouffer l’auditeur, et c’est avec une guitare claire et un synthé discret qu’il entame les non-hostilités. On comprend en quelques secondes les aspirations de différence du musicien qui s’éloigne de la facilité de ses tics habituels, et l’ambiance très DREAM THEATER simplifiée nous enchante. La voix pure et posée de Ben Green n’en fait pas trop, et se contente d’illustrer les superbes mélodies sans abuser d’aigus ou d’un vibrato déplacé. S’adressant à la frange métallique des amateurs de SAGA, IT BITES, ARENA et même PINK FLOYD, COMPASS joue le Progressif accessible et populaire, et signe de véritables petites pépites mélodiques, certes alambiquées, mais modernes et compréhensibles par les néophytes. L’ensemble respire la cohésion et le plaisir de jouer, et on succombe assez vite aux charmes de ce Rock dense, aux riffs polis mais fermes, et aux nombreux soli stellaires qui nous envoient dans les étoiles. Assez proches du DT de Falling into Infinity, mais aussi du NEWMAN le plus touffu, « Skies On Fire » est une entrée en matière qui n’est pas sans rappeler le génie harmonique d’un Robby VALENTINE, avec cette adaptation AOR des standards progressifs.
« Our Time On Earth Part 1 » prend vite la relève avec ses neuf minutes bien tassées, et aménage une longue intro de claviers, avant de trépider d’un up tempo moderne et élastique. On comprend assez bien que le compositeur a voulu transposer le vocable seventies dans une traduction contemporaine, et la richesse des arrangements coule comme du miel dans les oreilles. Dès lors, on se prend à rêver d’une nouvelle mouture d’AOR progressif, mais la guitare du maître est un peu trop agressive pour se contenter de cette appellation. Sans trahir son amour des refrains fédérateurs et contagieux, Steve propose des digressions logiques et enchanteresses, et le temps passe si vite qu’on se demande même si le compositeur n’a pas le pouvoir de le dilater pour transformer les minutes en secondes. N’abusant pas des travers habituels du créneau, le compositeur refuse de tomber dans le piège de la redite complexe et rédhibitoire, et nous offre de véritables moments de bonheur musical, fidèle à sa philosophie populaire. « Caught In A Frame » se permet même des accélérations symptomatiques d’un Power Metal light, avec une violence instrumentale toujours nuancée par les mélodies subtiles et pures. Produit de son temps, Our Time on Earth est plus qu’un simple caprice ou un projet annexe comblant les vides entre deux albums d’un projet principal. C’est une véritable perle qui montre un autre visage d’un musicien talentueux et versatile, mais cohérent dans sa démarche. Certes, les petites prouesses techniques sont nombreuses, mais toujours dissimulées sous une épaisse couche d’humilité, comme le démontre le très syncopé « Neon » à la basse frappée et aux couplets diaboliquement séduisants. Avec des refrains qui nous envolent, des nappes vocales qui se superposent comme de la poussière d’étoile sur une nuit magnifique, COMPASS dépasse le cadre strict du Progressif tel qu’on le connaît depuis les années 70, cédant aux plaisirs de la subtilité, mais toujours avec énergie et entrain, et cet irrésistible beat jumpy qui respire la joie de vivre.
Si parfois l’ambiance s’assombrit quelques peu pour se rappeler du Hard FM mélancolique des années 80 (« Another Life Suicide »), l’aventure nous réserve un long passage initiatique, sous la forme d’une suite de dix minutes, « A Warning From History ». On pense à RUSH bien sûr, mais aussi à IQ, MARILLION, et tous ceux ayant en leur temps construit des ponts entre le Rock, la Pop, le Classique et le Hard-Rock. L’album se termine par une dernière preuve d’amour, avec le sublime « Our Time On Earth Part 2 », gorgé d’harmonies, de claviers brillants et de guitares effectives. COMPASS prouve ainsi que le talent d’un seul homme ne peut pas toujours s’exprimer au travers d’un vecteur unique, et qu’il a parfois besoin d’explorer d’autres espaces, plus vastes, pour montrer son visage complet.
Titres de l’album :
01. Skies On Fire
02. Our Time On Earth Part 1
03. Caught In A Frame
04. Neon
05. The Preacher And The Pigeon Feeder
06. Another Life Suicide
07. A Warning From History
08. Our Time On Earth Part 2
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