Et si la boucherie live attendue aura bien lieu, espérons qu'à l'avenir, les filles se souviendront que le Thrash est avant tout une affaire de passion, et non de perfection dans l'agression.
C’est sur cette ligne que je terminais ma chronique du précédent album des brésiliennes de NERVOSA, Downfall of Mankind, il y a deux ans. Je n’y étais pas allé de main morte, et j’avais descendu la note de ces demoiselles à cinquante sur cent, ce qui en disait long sur ma frustration et l’échec que j’estimais regrettable. J’avais mes raisons, moi qui comme beaucoup d’autres suivait les musiciennes depuis leurs débuts et qui avait porté aux nues des albums aussi frais que Victim of Yourself et Agony. Déçu de la tournure que prenaient les choses, je pensais ranger les NERVOSA sur l’étagère des espoirs déçus, d’autant plus que le groupe connaissait alors un grand chambardement comme le chantait ce cher Guy Béart. Avec un line-up complètement évaporé, ne laissant que la seule Prika Amaral accrochée à sa guitare, le groupe semblait promis aux limbes de l’oubli, mais l’acharnement de Prika a eu raison de tous les pronostics. C’est ainsi que l’entité brésilienne se présente plus solide et soudée que jamais en 2021, avec une formation presque entièrement renouvelée, et il n’est pas nécessaire d’être devin pour comprendre que Prika a eu envie de prendre une sacrée revanche sur le destin avec ce quatrième album. Et cette fois-ci, ma chronique ne sera pas assassine, bien que toujours modulée d’un doute palpable en arrière-bouche.
Pour ce Perpetual Chaos, le groupe a mis les petits plats dans les grands, nous servant sur un plateau Thrash/Death pas moins de treize compositions pour quarante-cinq minutes de musique. On sait d’expérience que les albums du style ne supportent que très peu la durée, qui les condamne à une répétition salement redondante. C’est évidemment le cas ici par moments, mais l’apport d’intervenants extérieurs permet à ce chaos perpétuel de sonner comme tel. Le tracklisting révèle donc des participations fameuses de musiciens capés, et ce ne sont pas moins de trois noms de légende que nous retrouvons au casting. Celui du géant Schmier de DESTRUCTION, venu brailler un peu, de Guilherme Miranda d’ENTOMBED A.D venu gratter parce que ça le démangeait, et surtout, le grand Eric A.K de FLOTSAM & JETSAM apportant son timbre unique sur le morceau « Rebel Soul ». Il n’est guère étonnant de retrouver les deux vocalistes dans les couloirs de l’enregistrement, puisque le son de l’album a été élaboré par Martin Furia, qui a justement travaillé avec les deux groupes, en sus de ses implications avec EVIL INVADERS ou SISTERS OF SUFFOCATION. D’ailleurs, le son de l’album est quasiment parfait, laissant la batterie sonner analogique malgré quelques passages un peu compressés, mais évitant le piège de la concentration des albums de Thrash contemporains.
Le nouveau line-up tenait donc à faire ses preuves sur ce quatrième tome des aventures lusophones, et admettons que la leadeuse Prika ne s’est pas trompée au moment de choisir ses partners in crime. Le pedigree des musiciennes est assez impressionnant, que ce soit celui de Mia Wallace à la basse (ex-THE TRUE ENDLESS, KIRLIAN CAMERA, MIA WALLACE, NIRYTH, ex-ABBATH, ex-TEUTA, ex-DARKNESS, ex-HUGINN, ex-SKOLL, ex-TRIUMPH OF DEATH), d’Eleni Nota à la batterie (LIGHTFOLD, MASK OF PROSPERO, SIMPLEFAST), ou de la mystérieuse Diva Satanica au chant (aka Rocío Vázquez, BLOODHUNTER). Les trois nouvelles guerrières donnent donc un sacré aperçu de leur talent individuel au service d’une osmose collective, et le résultat s’en fait ressentir. NERVOSA est donc une entité plus puissante que jamais, toujours à la lisière du Thrash et du Death, et les morceaux ne font pas de quartier, tout en restant brefs et immédiats. Leur impact n’en est que plus renforcé, et la puissance accentuée, à tel point qu’on a parfois le sentiment d’écouter une version sud-américaine d’ARCH ENEMY, le timbre de voix de Diva Satanica se rapprochant de celui de la blonde Angela. Heureusement pour nous, les brésiliennes n’ont pas joué la carte du Death mélodique, mais bien du Thrash hyper compact légèrement morbide à la WITCHES, et si ce quatrième album ne détrônera pas sur mon podium personnel les deux premiers, il enterre le médiocre Downfall of Mankind qui m’avait tant déçu.
La forme et là, et le son est à la hauteur des trois ans d’attente. Le quatuor se permet même de temps à autres de défier les défunts SLAYER sur leur propre terrain, avec notamment le brillant « Guided By Evil » que l’on penserait exhumé des bandes inédites de Seasons in the Abyss. Mais l’intention de Prika n’était pas de revenir par la petite porte de l’hommage, et ces quelques allusions sont vite contrebalancées par des interventions plus propres et furieuses. Ainsi, la tornade « People Of The Abyss » emporte tout sur son passage, et le talent d’Eleni Nota derrière son kit lui permet de placer moult plans furieux et quelques blasts curieux. Ceux qui le sont attendront bien évidemment avec impatience la première intervention extérieure, celle de Schmier sur le rieur et dégoulinant de terreur « Genocidal Command », qui sonne comme si Kerry King avait effectué un stage prolongé en Allemagne. Eric A.K profite quant à lui d’un titre plus ambiancé pour donner du gosier, et ainsi transcender le speedé « Rebel Soul ». Ses inflexions permettent d’aérer un peu le morceau qui aurait sans doute sonné trop convenu sans lui, et qui devient une véritable boucherie grâce à son intervention.
Il y a pourtant un certain nombre de fillers sur Perpetual Chaos, ce qui est inévitable lorsqu’on joue la prolixité. Mais contrairement à Downfall of Mankind qui ne comblait pas les manques d’inspiration par des hits fatals, Perpetual Chaos sait boucher les trous avec des coups de pelle profonds. Le title-track par exemple se montre allusif à la samba si chère à Igor Cavalera en intro, avant de tout écraser d’un riff redondant, tandis que la fluidité classique de « Pursued By Judgement » nous ramène aux jeunes années du groupe, qui faisait encore le chien fou sur le terrain de jeu des grands.
Il y a encore des scories, des défauts à corriger, des approximations à améliorer, mais il semblerait que Prika ait trouvé les bonnes partenaires pour se remettre sur les rails. Sans sonner comme le classique qu’il n’est surement pas, Perpetual Chaos se montre solide, épais, conséquent, et porteur d’un message d’espoir pour la nouvelle génération Thrash mondiale. En espérant qu’un jour prochain, les filles puissent ruiner les scènes du monde entier.
Titres de l’album:
01. Venomous
02. Guided By Evil
03. People Of The Abyss
04. Perpetual Chaos
05. Until The Very End
06. Genocidal Command
07. Kings Of Domination
08. Time To Fight
09. Godless Prisoner
10. Blood Eagle
11. Rebel Soul
12. Pursued By Judgement
13. Under Ruins
Très cool de découvrir ce groupe ! La présentation est plus fluide mais il faudrait laisser la place à un extrait à mon avis et ça permettrait de mieux rythmer la vidéo.
19/03/2024, 08:17
Perplexe également.Dehydrated et Out of the Body (Out, pas Ovt sans déconner ! C'est quoi leur manie de remplacer les U par des V ?) sans Martin Van Drunen, j'ai même pas assez de curiosité pour écouter ce que ça peut donner.
19/03/2024, 07:52
J'avais aimé le premier Vltimas. Il fait partie de cette tonne d'albums que l'on oublie mais qu'on ressort de temps à autre pour se les repasser et se dire "ah ouais, c'est pas mal" avant de les remettre en place.J'ai écout&eacut(...)
19/03/2024, 07:43
Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.
18/03/2024, 17:37
J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)
18/03/2024, 13:13
Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)
18/03/2024, 08:05
J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse leurs tubes.
17/03/2024, 14:07
J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)
16/03/2024, 11:55
Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.
13/03/2024, 07:24
groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR
13/03/2024, 06:17
Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable
11/03/2024, 15:32
Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire
11/03/2024, 14:55
toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout ...
11/03/2024, 07:39