Remedy

Blisskrieg

22/02/2021

Autoproduction

Un premier album pour un groupe n’implique pas forcément que ses membres n’ont aucune expérience du business. Prenez pour exemple le premier long proposé par les américains de BLISSKRIEG, à ne pas confondre avec les BLITKRIEG. On sent dès son écoute que les mecs ont du métier, et pour cause. Ils ont chacun taillé leur chemin au sein de groupes professionnels et gagné une certaine crédibilité depuis des années, ce qui leur permet aujourd’hui de proposer une première œuvre très bien dessinée et apte à susciter l’intérêt des fans d‘un Rock moderne et totalement décomplexé. On s’en rend compte dès l’écoute du premier morceau qui est aussi judicieusement le premier single de l’album, cet « Inside Me » qui fleure bon les nineties, et le floutage des genres, pour donner naissance à ce que l’on a vulgairement appelé le « Rock alternatif ». Guitares franches et mélodiques, chant puissant, rythmique sobre mais efficace, les ingrédients sont en place, mas pour autant, inutile de pointer du doigt ces quatre-là et de les accuser d’opportunisme : ils ne font qu’utiliser leur expérience pour jouer une musique efficace et séduisante, et sous cet angle, Remedy est le plus parfait remède à cette sinistrose ambiante.  

Qui trouve-t-on caché derrière ce baptême étrange de BLISSKRIEG ? Le chanteur Donald Carpenter (SUBMERSED, EYE EMPIRE) ainsi que d’anciens membres de DAYS OF THE NEW et TANTRIC, Todd Whitener (guitare), Jesse Vest (basse) et Matt Taul (batterie). Soit trois quarts d’instrumentistes/amis ayant déjà rodé leur cohésion dans d’autres combos, et l’un des chanteurs les plus doués de sa génération. L’expérience paie donc, mais ne tombe pas dans la routine des années passées ensemble, et ce premier LP sonne aussi frais que le travail d’aboutissement d’un jeune groupe prêt à en découdre avec le public. Il se dégage donc de ce remède une énergie incroyable, mais aussi une sensibilité palpable. Comme un sirop magique qu’on prend lorsqu’on tousse un peu trop et qui adoucit la gorge sans sucrer les cordes vocales. La hargne est là, cachée sous une couche impressionnante de mélodies, et la nostalgie est omniprésente malgré l’énergie déployée. Le groupe de l’Indiana n’a cure des modes, et des us de son époque. Pour autant, il n’en profite pas pour nous resservir tiède des plats déjà engloutis dans les nineties, tout en admettant avoir été proche de CREED, NICKELBACK ou tout autre représentant de la nouvelle génération.

Attention, cet album n’est pas du Hard Rock, encore moins du Heavy Metal. Mais il n’est pas non plus constitué de Rock généraliste et interchangeable qui condamnerait sa présence dans ces colonnes. Assez musclé pour vous intéresser, il est aussi suffisamment souple et ouvert pour concerner des publics ne gravitant pas dans notre sphère étouffante. De fait, vous serez sans doute surpris par l’intro a cappella de « Inside Me » qui reprend plus ou moins les codes du grand « Because » des BEATLES. Mais une fois cette sensation étrange passée, la puissance revendique ses droits, et la rythmique se met en place pour développer des arguments Americana revus et corrigés alternatifs pour ne pas sonner trop US pour un public européen.

Ouvert, varié, débordant de vitalité et de joie de partager des plaisirs simples, Remedy est donc d’une posologie bien équilibrée, qui propose un traitement assez fort, mais supportable pour l’organisme. Souvent réminiscent des ordonnances prescrites à la fin des années 90, avec cette superposition de Pop, de Rock des seventies et d’inspirations plus orientales ou Folk (« Parasitic »), il revisite tout un pan de la culture américaine, si prompte à phagocyter des années de Rock, de Blues, de Hard, pour en régurgiter un résumé complet. On tape donc du pied sur les inserts les plus dansants (« Take It Back », Pop comme du PEARL JAM égaré sur la piste de STYLE COUNCIL), mais on se laisse aussi prendre par l’émotion qui ne nous lâche pas d’une larme. Ainsi, l’amertume de « She Cries » rappellera aux amateurs les ballades les plus symptomatiques des années 80, mais aussi cette façon étrange de les traduire dans un langage plus nuancé des nineties.

On trouve donc de tout dans cette auberge espagnole, très heureuse de vous accueillir toutes portes ouvertes, et la poésie de l’ensemble, son désir de rester honnête et de pratiquer des tarifs raisonnables permet aux BLISSKRIEG de toucher un public vaste, mais aux goûts assurés. « Destination Unknown » pourrait évoquer la jeune garde des GRETA VAN FLEET, sans les citations ZEP encombrantes, mais le travail sur les percussions, l’option bluesy très développée nous ramènent à cette époque sudiste des années 90, lorsque les jeunes musiciens redécouvraient le LYNYRD, Tom PETTY, SPRINGSTEEN et tous les amoureux d’une Amérique rurale de cols bleus.      

            

D’un certain côté, ce premier long nous rappelle le miracle accompli par les MATCHBOX 20 qui dans les années 90 avaient décroché le jackpot des charts sans changer leur nature de bar-band. Un miracle qui était parvenu à fédérer toutes les audiences sans en trahir une seule de sa vulgarité, et si les guitares sont souvent énergiques et syncopées (« New Age »), si la basse roule sur la caisse claire, si le chant se détache de sa passion, l’ensemble reste d’une modestie proportionnelle à sa richesse artistique. Une richesse formelle, j’en conviens, mais qui nous évite les redites pénibles et old-school d’une époque gangrénée par son manque d’audace.

Ici l’audace consiste à renouveler un bail, à insérer des éléments de progressif, de Pop dans un contexte purement Rock et direct, pour accoucher d’un album sensible, attachant, et surtout, terriblement accrocheur. Sans refuser de faire appel à des astuces souvent utilisées par les musiciens de Stoner (« Waiting »), les BLISSKRIEG ne misent pas sur une guerre éclair, ni une bataille rangée dans les tranchées, et se contentent de se battre avec leurs propre armes pour gagner du terrain, les chœurs, omniprésents, suggèrent un BON JOVI plus en forme que d’habitude, mais le tout garde sa personnalité, pour oser le décalage et les ambiances confinées (« Wherever You Go »). Un peu de la même manière que les BLACK CROWES avaient recentré les débats à la fin des années 80, les américains nous ramènent à l’essentiel. A la composition de chansons susceptibles de parler à tout le monde, et d’offrir un bien précieux à n’importe qui voudra bien l’accepter.

    

                                                                                              

Titres de l’album:

01. Inside Me

02. Parasitic

03. Take It Back

04. She Cries

05. Destination Unknown

06. Rise and Fall

07. New Age

08. Waiting

09. Wherever You Go

10. Remedy


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par mortne2001 le 02/10/2021 à 14:06
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