Un premier album pour un groupe n’implique pas forcément que ses membres n’ont aucune expérience du business. Prenez pour exemple le premier long proposé par les américains de BLISSKRIEG, à ne pas confondre avec les BLITKRIEG. On sent dès son écoute que les mecs ont du métier, et pour cause. Ils ont chacun taillé leur chemin au sein de groupes professionnels et gagné une certaine crédibilité depuis des années, ce qui leur permet aujourd’hui de proposer une première œuvre très bien dessinée et apte à susciter l’intérêt des fans d‘un Rock moderne et totalement décomplexé. On s’en rend compte dès l’écoute du premier morceau qui est aussi judicieusement le premier single de l’album, cet « Inside Me » qui fleure bon les nineties, et le floutage des genres, pour donner naissance à ce que l’on a vulgairement appelé le « Rock alternatif ». Guitares franches et mélodiques, chant puissant, rythmique sobre mais efficace, les ingrédients sont en place, mas pour autant, inutile de pointer du doigt ces quatre-là et de les accuser d’opportunisme : ils ne font qu’utiliser leur expérience pour jouer une musique efficace et séduisante, et sous cet angle, Remedy est le plus parfait remède à cette sinistrose ambiante.
Qui trouve-t-on caché derrière ce baptême étrange de BLISSKRIEG ? Le chanteur Donald Carpenter (SUBMERSED, EYE EMPIRE) ainsi que d’anciens membres de DAYS OF THE NEW et TANTRIC, Todd Whitener (guitare), Jesse Vest (basse) et Matt Taul (batterie). Soit trois quarts d’instrumentistes/amis ayant déjà rodé leur cohésion dans d’autres combos, et l’un des chanteurs les plus doués de sa génération. L’expérience paie donc, mais ne tombe pas dans la routine des années passées ensemble, et ce premier LP sonne aussi frais que le travail d’aboutissement d’un jeune groupe prêt à en découdre avec le public. Il se dégage donc de ce remède une énergie incroyable, mais aussi une sensibilité palpable. Comme un sirop magique qu’on prend lorsqu’on tousse un peu trop et qui adoucit la gorge sans sucrer les cordes vocales. La hargne est là, cachée sous une couche impressionnante de mélodies, et la nostalgie est omniprésente malgré l’énergie déployée. Le groupe de l’Indiana n’a cure des modes, et des us de son époque. Pour autant, il n’en profite pas pour nous resservir tiède des plats déjà engloutis dans les nineties, tout en admettant avoir été proche de CREED, NICKELBACK ou tout autre représentant de la nouvelle génération.
Attention, cet album n’est pas du Hard Rock, encore moins du Heavy Metal. Mais il n’est pas non plus constitué de Rock généraliste et interchangeable qui condamnerait sa présence dans ces colonnes. Assez musclé pour vous intéresser, il est aussi suffisamment souple et ouvert pour concerner des publics ne gravitant pas dans notre sphère étouffante. De fait, vous serez sans doute surpris par l’intro a cappella de « Inside Me » qui reprend plus ou moins les codes du grand « Because » des BEATLES. Mais une fois cette sensation étrange passée, la puissance revendique ses droits, et la rythmique se met en place pour développer des arguments Americana revus et corrigés alternatifs pour ne pas sonner trop US pour un public européen.
Ouvert, varié, débordant de vitalité et de joie de partager des plaisirs simples, Remedy est donc d’une posologie bien équilibrée, qui propose un traitement assez fort, mais supportable pour l’organisme. Souvent réminiscent des ordonnances prescrites à la fin des années 90, avec cette superposition de Pop, de Rock des seventies et d’inspirations plus orientales ou Folk (« Parasitic »), il revisite tout un pan de la culture américaine, si prompte à phagocyter des années de Rock, de Blues, de Hard, pour en régurgiter un résumé complet. On tape donc du pied sur les inserts les plus dansants (« Take It Back », Pop comme du PEARL JAM égaré sur la piste de STYLE COUNCIL), mais on se laisse aussi prendre par l’émotion qui ne nous lâche pas d’une larme. Ainsi, l’amertume de « She Cries » rappellera aux amateurs les ballades les plus symptomatiques des années 80, mais aussi cette façon étrange de les traduire dans un langage plus nuancé des nineties.
On trouve donc de tout dans cette auberge espagnole, très heureuse de vous accueillir toutes portes ouvertes, et la poésie de l’ensemble, son désir de rester honnête et de pratiquer des tarifs raisonnables permet aux BLISSKRIEG de toucher un public vaste, mais aux goûts assurés. « Destination Unknown » pourrait évoquer la jeune garde des GRETA VAN FLEET, sans les citations ZEP encombrantes, mais le travail sur les percussions, l’option bluesy très développée nous ramènent à cette époque sudiste des années 90, lorsque les jeunes musiciens redécouvraient le LYNYRD, Tom PETTY, SPRINGSTEEN et tous les amoureux d’une Amérique rurale de cols bleus.
D’un certain côté, ce premier long nous rappelle le miracle accompli par les MATCHBOX 20 qui dans les années 90 avaient décroché le jackpot des charts sans changer leur nature de bar-band. Un miracle qui était parvenu à fédérer toutes les audiences sans en trahir une seule de sa vulgarité, et si les guitares sont souvent énergiques et syncopées (« New Age »), si la basse roule sur la caisse claire, si le chant se détache de sa passion, l’ensemble reste d’une modestie proportionnelle à sa richesse artistique. Une richesse formelle, j’en conviens, mais qui nous évite les redites pénibles et old-school d’une époque gangrénée par son manque d’audace.
Ici l’audace consiste à renouveler un bail, à insérer des éléments de progressif, de Pop dans un contexte purement Rock et direct, pour accoucher d’un album sensible, attachant, et surtout, terriblement accrocheur. Sans refuser de faire appel à des astuces souvent utilisées par les musiciens de Stoner (« Waiting »), les BLISSKRIEG ne misent pas sur une guerre éclair, ni une bataille rangée dans les tranchées, et se contentent de se battre avec leurs propre armes pour gagner du terrain, les chœurs, omniprésents, suggèrent un BON JOVI plus en forme que d’habitude, mais le tout garde sa personnalité, pour oser le décalage et les ambiances confinées (« Wherever You Go »). Un peu de la même manière que les BLACK CROWES avaient recentré les débats à la fin des années 80, les américains nous ramènent à l’essentiel. A la composition de chansons susceptibles de parler à tout le monde, et d’offrir un bien précieux à n’importe qui voudra bien l’accepter.
Titres de l’album:
01. Inside Me
02. Parasitic
03. Take It Back
04. She Cries
05. Destination Unknown
06. Rise and Fall
07. New Age
08. Waiting
09. Wherever You Go
10. Remedy
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31
Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)
09/07/2025, 18:22
Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
09/07/2025, 15:34
"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
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"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
09/07/2025, 12:20
Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44
Les bénéfices du concert était entièrement reversés à une œuvre caritative. Aucun des groupes présents n'a palpé pour leur concert (en même temps c'était 20 minutes de live par groupe...). Après ça (...)
08/07/2025, 22:42
@SalmigondisJe sais pas si tu veux quelque chose qui fait plus l'unanimité j'ai vu Morbid Angel au bout et c'était de la merde, une prestation robotique au possible, j'ai pris plus de plaisirs sur des trucs plus locaux à la con. Il faut savoir tourn(...)
08/07/2025, 22:28
Mais quelle bande de clodos...tout le monde se branle du batteur sans déconner. Se faire du fric de cette manière c'est franchement pathétique. Massacra est mort et enterré...qu'il le reste pour conserver son statut CULTE. Honte &agrav(...)
08/07/2025, 21:54