J’avais bien besoin d’une bonne dose de violence ce matin. Il y a des jours comme ça où le poids des maux pèse sur la moelle et la peau, et où seul un électrochoc de puissance phénoménale peut vous extirper de votre pitoyable condition de larve vivante. Dans ce cas précis, autant errer sur les différentes plateformes pour en tirer un remède quelconque, susceptible de vous faire accepter une énième journée sans intérêt. Et au hasard des rencontres et des pochettes du net, je suis tombé sur le premier effort d’un projet cryptique, nous venant d’Allemagne. Et Satan sait si j’adule le Black Metal germain.
VHOYD est un vide creusé dans l’humanité pour en extraire les virus les plus dangereux. Plus simplement, VHOYD est un one-man-band comme le style en connaît tant, le BM étant le genre le plus misanthropique de la création avec le Harsh Noise. Aux commandes de cet énigmatique projet, un anonyme lambda, simplement baptisé S, qui prend en charge la totalité du processus créatif, en composant, écrivant, jouant de tous les instruments et en enregistrant et mixant. En découle un produit fini assez impressionnant, qui donne vraiment l’illusion d’avoir été cogité en groupe et non seul dans un coin.
Aucune information sur S, et c’est très bien comme ça. Ce musicien inconnu gagne à ne plus l’être d’ailleurs, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. Utilisant des combinaisons malicieuses pour parvenir à ses fins, l’allemand nous propose un voyage dans le dédale d’inspiration du Black Metal traditionnel et moderne, empruntant aux norvégiens leur froideur, aux américains leur puissance, et à son propre pays sa rigueur métronomique. Le tout recouvert d’un glaçage épais, pour refroidir le tout.
Et le résultat est tout bonnement divin.
On sent MAYHEM, on respire EMPEROR, mais au final, on déguste VHOYD pour ce qu’il incarne. Le talent à l’état brut, et une capacité assez impressionnante de transcendance qui mixe les sous-genres avec une science du dosage exacte.
Nous sommes donc loin de la tape enregistrée à la hâte sur un coin de table avec un vieux magnétophone à piles épuisé. Le son de cette sortie est conséquent, profond, avec des graves qui tremblent, et des strates facilement perceptibles. Adepte de la digression créative, S brosse un portrait assez fidèle du BM moderne, et nous entraîne dans une spirale d’obsessions diverses, entre délire lysergique et lucidité sociale. Musicalement très abordable, ce premier album a de nombreuses qualités. Il est carré, imaginatif, impitoyable, et laisse une impression durable dans la mémoire. Avec l’ajout de maigres mélodies à la limite de l’agonie, I Am The Void prend corps autour d’un néant que son créateur vénère, comblé par des idées multiples, et des arrangements assez intelligents.
Notamment au niveau du chant, qui se sépare en deux pistes distinctes la plupart du temps, créant un décalage à la DEICIDE dans un contexte de Metal très noir. Mais loin des facilités d’usage, VHOYD s’aventure en terre atmosphérique, et propose de longues suites fascinantes, à l’image du terrassant « You Can´t Kill What´s Already Dead » qui ne donne pas vraiment envie de rencontrer le croquemitaine. Intro léchée, plans qui s’imbriquent en toute logique, montée en puissance, crescendo destructeur, ce morceau habilement placé en ligne médiane est en constant bouillonnement, et donne des indices important sur le talent d’un homme seul.
Mais donc, pas mal accompagné. Ce qui est le principal.
Et si les quatre premiers morceaux créent rapidement une addiction (« Sleep Paralysis » est la prise de contact rêvée de tous les acteurs BM des années 2020), les deux derniers achèvent de vous rendre accro grâce à un habile stratagème de déviances et autres vices sonores. S pousse les potards au maximum, laisse exploser sa rage, et signe un monstrueux « The Descent » qui n’est rien de moins que l’équivalent sonore du film du même nom.
On s’imagine accroché aux parois d’une cave millénaire, avec de sales bestioles aux trousses, capables d’entendre le moindre son à trente mètres. Claustrophobie, noirceur, misanthropie, tout y est, mais amalgamé en une histoire solide, narrée d’un ton très solennel.
L’issue ?
A savoir s’il en existe une.
« Venenum Noctis Aeternae » semble prouver le contraire, du haut de ses dix longues minutes. Epilogue grandiloquent, il est la conclusion rêvée de ce trip immersif sans pitié ni remord. On y retrouve tous les ingrédients déjà utilisés, cette fois-ci compactés en une boule difforme, aux reliefs étranges, entre saga venteuse suédoise et épisode traumatique norvégien, le tout relevé à la sauce allemande d’un alcool fort pour les tympans. Le type même de titre à tiroirs que nous aimons tant, et qui continue de livrer ses secrets des mois après sa découverte.
VHOYD n’est donc pas qu’un nom de plus sur l’arbre généalogique du BM européen. Il est un cousin éloigné que personne ne connaît vraiment, mais qui a bien des choses à raconter. Encore faut-il que vous sachiez écouter, et comprendre.
Titres de l’album:
01. Sleep Paralysis
02. Mara´s Dominion
03. Into the Void
04. You Can´t Kill What´s Already Dead
05. The Descent
06. Venenum Noctis Aeternae
Merci pour cette belle chronique.Voici notre site.https://burningdead-official.com/fr/categories/
04/06/2025, 14:18
Ah pis j'avais même pas vu (encore entendu) qu'il y avait une reprise de GOATLORD !!!Ceci confirmant donc cela.
04/06/2025, 07:35
Tout ce que j'aime !!! !!! !!!En même temps, venant d'un groupe dont le batteur porte un t-shirt TRISTITIA, ce ne peut-être que bonnard...
04/06/2025, 07:34
Je n’ai jamais entendu parler de ce split vous savez ou l’écouter ou ce le procurer
03/06/2025, 13:35
Effectivement difficile de rester insensible à ce type de festival, à taille humaine, avec une ambiance conviviale sans tomber dans la cour des miracles et surtout avec une bell prog’. Très content d’avoir découvert Gravekvlt et pris la mandale attendue de (...)
02/06/2025, 23:00
Excellent report ! J'y étais. C'était purement génial. Dans le même style, tout aussi excellent, le Courts Of Chaos fut aussi un fantastique moment.
01/06/2025, 19:36
Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.
31/05/2025, 21:53
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32