Groupe originaire de Melipilla au Chili, DISASTER s’est d’abord fait les dents sur des reprises de grands classiques, comme SODOM, SLAYER, KREATOR, histoire de se forger une personnalité avant de proposer un répertoire plus personnel. Aujourd’hui, presque vingt ans après leur formation, les chiliens nous proposent leur troisième longue-durée, après Criaturas del Mal en 2006 et Pestilencia en 2012. C’est donc à peu près un album tous les six ans que nous offrent ces musiciens au long-cours, qui n’ont pourtant pas hésité à multiplier les formats durant leur carrière. On retrouve donc pas mal de choses dans leur discographie, dont de régulières démos (cinq depuis leurs débuts, dont pas mal de répétitions captées), mais aussi un live, un split en compagnie des THE CRUCIFIER / VIOLENT ATTACK / CRIMSON STEEL, soit un beau parcours pour une foi indéfectible en un Thrash sud-américain qui sent bon la tradition. Rien de spécial à préciser à leur sujet, leur musique parlant d’elle-même, orientée méchant sans sonner trop véhément, soit un joli équilibre entre les options européennes (DESTRUCTION/KREATOR) et les exactions brésiliennes (SEPULTURA/SARCOFAGO). Le quintet avance donc à son rythme (Pedro Cavieres - guitare, Felipe Morales - guitare, Alejandro Alfaro - chant, Carlos Araya - batterie et Daniel Hermosilla - basse), nous imposant quand même une cadence soutenue, pour amorcer le virage le plus important de leur carrière, ce fameux troisième album qui confirme ou laisse infirme.
Cela dit, peu de chance de conceptuellement voir les DISASTER traîner en chaise roulante. Rituales De Sangre, chanté en espagnol natal est un petit concentré de savoir-faire, certes classique dans le fond, mais terriblement efficace dans la forme. Privilégiant des motifs ayant fait leurs preuves, les chiliens ne nous assomment pas de nouvelles informations, mais relaient d’anciennes théories avec beaucoup de flair et de panache. En écoutant leurs morceaux, on pense au DESTRUCTION de la fin des années 80, relevé d’une touche de RAZOR et épicé de sauce salsa à la SEPULTURA, même si parfois le groupe aime fricoter avec l’occulte d’un Blackened Thrash un peu plus rapide et paillard que la moyenne (« Necrofilia », mais avec un titre pareil, ils étaient bien obligés). Toujours prompts à dégainer une cassure de rythme ou un break moins prévisible que la moyenne, les cinq musiciens frôlent toujours la frontière entre Thrash et Thrashcore, mais savent rester raisonnables tout en lâchant la vapeur. Presque un cas d’école, ce troisième album est d’un classicisme nostalgique qui fait plaisir à entendre, mais surtout un témoignage de la passion de cinq hommes qui ne se sont jamais vraiment remis de la découverte du big-bang des années 80. Toujours francs, mais parfois plus travailleurs que la moyenne, les DISASTER n’hésitent pas à s’éloigner des schémas trop établis pour proposer une musique plus évolutive, sinon progressive, en laissant leur inspiration voguer au-delà des cinq ou six minutes. C’est ainsi que l’entame « Sentencia » ose un développement plus conséquent dès le départ, histoire de bien situer les débats. Tout commence après une longue intro qui plante le décor, avant qu’une accélération à la DESTRUCTION n’enflamme les débats, basse claquante à la NYHC en exergue, et riffs qui modulent et varient à loisir. On se laisse vite happer par cette énorme énergie qui vampirise toutes les recettes des eighties, mais qui les recrache avec flair et véhémence, sans toutefois jouer avec les limites de vitesse.
Les mélodies sont bien présentes, un peu étouffées mais discernables, le chant a ce petit plus de hargne sud-américaine qui permet au phrasé espagnol de sonner plus diabolique que la moyenne, et le refrain, simple, répète un leitmotiv contagieux qui nous replonge dans l’efficacité des années 80. On sent dès les premières minutes que le groupe a toujours l’envie, et la créativité se manifeste au détour de nombreux changements d’humeur et de breaks rondement menés. Privilégiant des structures évolutives, le groupe n’en pense pas moins à accélérer la cadence pour s’approcher d’une folie instrumentale palpable (« Rito Suicida »). Ce sont évidemment les grand classiques qui viennent immédiatement en tête, les exactions brésiliennes d’il y a trente ans, à cheval entre Bestial Thrash et Blackened Thrash, la marque de fabrique locale, mais le niveau technique des chiliens leur permet parfois de fricoter avec un Techno-Thrash light sans perdre de leur impact, ce qui a le don de rendre leur musique encore plus prenante. « Cultos De Muerte », gros morceau de l’album est en quelque sorte le parangon de ces théories, profitant d’une longue mise en place scandée pour aboutir à une synthèse de tous les courants en vogue dans les eighties, entre des couplets mesurés et de soudaines embardées d’une violence soutenue, pour se rapprocher d’un Thrash maléfique à la VIO-LENCE/ACCUSER/DESTRUCTION, et ainsi imposer une cadence solide et modulable. Le chant, méchamment evil souligne le caractère blasphématoire de l’entreprise, mais les DISASTER ne sont pas que des chiens fous à qui on donne avec crainte un énorme os à ronger, et ils démontrent leur capacité à s‘imposer avec des tempi plus raisonnables, sans sombrer dans les travers du Heavy/Thrash peu digeste (« Maldito Parricida »).
Aucune faute de goût à souligner, le tout étant très agréable à l’oreille, avec toujours cette alternance entre les BPM qui souvent s’affolent (« Falso Augurio », le genre de truc qu’on aurait pu retrouver sur le Schizophrenia de qui vous savez), mise en relief par une production compacte, un peu sourde, mais aux fréquences équilibrées et qui évite le grave systématique. Quelques soli très propres, une rage dans l’interprétation, pour un troisième LP qui confirme et risque de faire passer les chiliens au stade supérieur. Ce qu’ils méritent amplement.
Titres de l’album :
01. Sentencia
02. Rito Suicida
03. Necrofilia
04. Posesión
05. Cultos De Muerte
06. Maldito Parricida
07. Falso Augurio
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