Road To Eternity

Eternal Knight

12/03/2021

Autoproduction

Voici donc l’histoire d’ETERNAL KNIGHT, groupe brésilien de Heavy Metal vraiment super Heavy Metal. Tout y est, vous pouvez recompter, les riffs solides, l’ambiance gentiment épique, la voix sombre et lyrique, et les structures évolutives. Le groupe a été fondé en 2019 par le guitariste Eric Palavro et le bassiste Jean Palavro, vite rejoints par le claviériste/chanteur Lenon Rios Simon et le batteur Alan Rios Simon, puis par le second guitariste Júlio César. Puis, le visage du groupe a soudainement changé, avec le départ de Jean Palavro, remplacé par Gabriel Tusset. Et deux ans plus tard, et quelques morceaux composés, le quintet ose enfin sortir son premier album en autoproduction, album marquant une ferveur indéniable pour les premières années du Metal européen dérivant de la NWOBHM. Se concentrant sur des lyrics inspirés de jeux vidéo comme Street Fighter ou Shadow of the Colossus, le groupe propose donc une immersion dans un monde de batailles, d’honneur et de violence, et développe de beaux arguments Heavy pour nous convaincre de son héroïsme musical. Mais toutefois, attention à vous lors de l’écoute de ce Road To Eternity, car les originaires de Caxias do Sul pratiquent vraiment un HM à l’ancienne, comme si le style n’avait pas évolué depuis les premiers SAXON ou MANILLA ROAD. Ne pas vous attendre donc à des envolées mélodiques radiophoniques ou à des accessits modernes susceptibles d’aménager la tradition à notre époque.

Je dois avouer d’ailleurs que les premières écoutes en question m’ont plutôt laissé de marbre, voire franchement ennuyé. Entre des guitares se repaissant d’un formalisme de gamelle bien remplie, des structures de chansons assez téléphonées et figées dans le temps, et un chant en constant décalage, l’approche n’est pas facile, et la séduction ne fonctionne pas au premier degré. Il faut prendre le temps de se laisser amadouer, et de pénétrer les arcanes d’une œuvre sincère, mais difficile d’accès. Il semblerait même que le groupe ait accepté de tremper sa plume dans des encriers externes, tant sa musique sonne parfois légèrement gothique dans les accents.

Le plus complexe à accepter n’est pas ce classicisme ambiant qui trahit les influences. Mais en acceptant le poste de chanteur par défaut, Lenon Rios Simon a essuyé les plâtres, le combo ayant trop de mal à trouver un vocaliste digne de ce nom. Mais avec ses inflexions graves et théâtrales, le chanteur/claviériste propose des lignes de chant assez surprenantes, donnant parfois le sentiment qu’il s’est échappé de la gamme, et son vibrato forcé pourra rebuter les amateurs de chant lyrique. Le tout sonne donc pour le moins étrange, mais après un certain temps passé à essayer de s’accommoder à cette accroche, on se prend au jeu de ce Heavy Metal atypique, qui propose néanmoins des soli savoureux.          

De plus, le groupe brésilien n’a pas choisi la facilité, en poussant constamment le chronomètre au-delà des six minutes. Les titres sont donc relativement longs, d’autant qu’ils reposent sur des idées assez similaires, aux nuances à peine perceptibles. La ressemblance pousse parfois les comparaisons du côté d’un fils illégitime de TYPE O NEGATIVE et ODIN, ce qui vous donne un bon aperçu de l’incongruité de la chose. Mais cette différence la fait justement, et permet au quintet de se distinguer de ses concurrents old-school copiant tous les tics des grandes légendes. Ici, le propos est personnel, et les musiciens n’ont cure des courants et des idoles, préférant jouer leur propre main au risque de ne pas ramasser le tapis. Un peu gauche parfois, ETERNAL KNIGHT m’a souvent rappelé les premiers albums de certains groupes de Hard français, aux intentions nobles, mais aux capacités limitées. « Morning Star (Damien) » par exemple, propose des mélodies de guitare suivies à la croche par un chant qui n’essaie pas de se démarquer, et qui aimerait bien faire preuve de qualités plus prononcées, malgré ses possibilités réduites. Il serait d’ailleurs opportun que le groupe se trouve un véritable chanteur, et non un simple vocaliste de substitution pour continuer son aventure, sous peine de rebuter les fans de Dickinson, Kiske ou Halford.

Mais musicalement, l’aventure ne défriche pas non plus énormément de terrain, sauf lorsque les brésiliens osent fouler le sol plus mystique du Heavy évolutif sur l’opaque et brumeux « Black Bomb ». On remarque alors des qualités d’agencement, même si les parties restent d’une simplicité confondante. En raccourcissant leurs compositions d’une ou deux minutes, les musiciens auraient gagné en concision, et auraient pu éviter la redondance, d’autant que leurs enchaînements manquent parfois de fluidité et s’imbriquent un peu à la louche.

Le bilan n’est toutefois pas catastrophique, et on sent que le groupe a les moyens de s’extirper de ce passéisme un peu maladroit. « Calix » développe une belle ambiance, le guilleret « Sharktooth » se rapproche d’un Hard Rock du dimanche avec ses chœurs posés un peu n’importe comment, et le véloce « Eternal Knight Pt.I » représente une entame tout à fait crédible, malgré ce handicap inévitable d’un chant vraiment trop approximatif.

La production quant à elle est assez efficace, rude mais souple quand il le faut, et le Rock n’Heavy de « Eternal Knight Pt.II » ouvre des perspectives plus réjouissantes. Mais il faudra la prochaine fois réfléchir à des morceaux plus originaux et mieux planifiés, et surtout, régler ce problème de chant qui vient gâcher le plaisir. Des encouragements donc, pour l’énergie et la sincérité, mais de sérieuses recommandations pour obtenir une mention.   

        

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Eternal Knight Pt.I         

02. Calix        

03. Morning Star (Damien)   

04. Black Bomb        

05. Ancient Sword    

06. Sharktooth           

07. The Blade Was the Law 

08. Eternal Knight Pt.II


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par mortne2001 le 25/01/2022 à 18:15
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