S’Accabadora

Hell Theater

28/10/2022

Wormholedeath

Oyez, oyez, fans de la commedia dell'arte horrifique made in 2022, votre soif d’improvisation sur un même thème va être étanchée par le deuxième album d’un groupe décidément hors-norme. Un groupe qui s’est pourtant fait discret ces huit dernières années, et dont les dernières nouvelles musicales datent de 2012. HELL THEATER revient donc du pays des morts nous conter une nouvelle histoire d’horreur, à base de Heavy Metal trafiqué, de Power Metal boosté et d’Horror Metal maitrisé. Aujourd’hui hébergé par le label national de référence WormHoleDeath, HELL THEATER vous propose donc une immersion totale dans son monde déviant, fait de créatures de la nuit, de goules malfaisantes et autres surprises à base de toiles d’araignée et de vieille ferme abandonnée.

Pour ceux étant passé à côté du phénoménal et enthousiasmant Reincarnation of Evil il y a dix ans, sachez que ce quatuor très spécial peut s’envisager comme le croisement de la folie d’un KING DIAMOND avec la prestation théâtrale morbide d’un DEATH SS. Adeptes d’un Metal original et très expressif, ces originaires de Trévise osent donc aller un peu plus loin que leurs petits camarades, et franchir la ligne séparant le Metal factuel du Metal fantasmagorique. Et ces onze morceaux - minus une intro et une outro - forment un nouveau voyage dans l’occulte, et dans les rues nocturnes de Trévise qui réservent toujours de drôles de surprises.

Avec un line-up stable depuis 2010 (Unh Buryan - batterie, Brian "Slaughter" Steele - guitare, Victor "Death" Solinas - chant et Bob "Raven" Axx - guitare, le groupe utilisant un bassiste de session live), HELL THEATER peut donc s’appuyer sur une osmose non négligeable, et nous raconter son dernier cauchemar en date en toute quiétude. Et justement, ce cauchemar raconté par S’Accabadora se base sur la légende d’Accabadora, surnommée « celle par qui tout se termine », figure à laquelle étaient prêtés des pouvoirs magiques, sorte de sorcière tout de noir vêtue.

Un bon point de départ pour un concept viable, mais surtout, une musique incroyable, lyrique, presque opératique, qui flatte les tympans les plus rompus à l’exercice du conte musicale sombre. Le quatuor a mis le paquet sur le dramatisme musical, mais sans avoir recours à des effets cheap ou des claviers un peu trop envahissants. C’est là le tour de force de cet album, de faire peur uniquement par sa musique étrange, et de se rapprocher des bandes-originales de gialli connus, tout en restant fermement ancré dans une tradition Heavy Metal.

Au premier plan, la cohérence qui lie des morceaux très différents les uns des autres. Au second plan, les interventions individuelles, avec en exergue, un chanteur incroyable, fils spirituel de KING DIAMOND ayant usé jusqu’à la corde les albums de MERCYFUL FATE, mais aussi Abigail, Them et Conspiracy. Mais résumer le propos à cette simple comparaison serait injuste, puisqu’on trouve aussi des traces de LIZZY BORDEN dans cette musique, ainsi que quelques empreintes partielles de MAIDEN, bien cachées, et plus en filigrane qu’en évidence. Et une simple écoute du phénoménal et nuancé « In the Dark Room » suffit pour valider cette théorie.

On connaît bien les travers du Metal horrifique, qui souvent se laisse abuser par sa propre démesure. Pas de dialogue schizophrénique ici, pas d’atmosphère bon marché aux décors en carton, mais un vrai voyage aux confins des légendes régionales, encore très vivaces dans les coins les plus ruraux. Un  hommage aux petites histoires d’un pays qui en regorge, mais surtout, un Heavy de première classe en constante représentation, qui ose parfois taquiner la sophistication du Progressif pour faire avancer son histoire.

Ainsi, « Domus De Janas » se développe pendant près de dix minutes pour mélanger tous les ingrédients précédemment utilisés, et former une symphonie de l’étrange, avec murmures, envolées lyriques, climat opératique et grandiloquences rythmiques. C’est à ce moment-là que le groupe atteint son plein potentiel, mélangeant des saccades typiques du Power Metal et des lignes de chant toujours plus exubérantes. Et c’est aussi dans ces moments-là que Victor "Death" Solinas ressemble le plus à son maître spirituel, vitupérant, susurrant, transformant parfois fugacement cette musique en un clin d’œil appuyé à la scène Thrash japonaise de la fin des années 80.

Toutes les nuances sont donc utilisées, la violence, la peur, l’émotion, la terreur, l’interrogation, pour finalement donner corps à un concept album de toute beauté. Entre efficacité immédiate et ambiances plus éthérées, HELL THEATER navigue intelligemment, avant d’admettre son amour pour cette sorcière sur le morceau « Dressed in Black ».

Une heure de musique pleine, d’énergie maléfique, et de nostalgie teintée de réalisme contemporain. Des musiciens investis, qui croient en ce qu’ils jouent, et qui n’hésitent pas à faire monter la tension de plusieurs crans lorsque la narration l’exige. Jouant parfois avec les limites séparant le Heavy du Thrash, à la mode ANNIHILATOR (« Morte Be Thy Name » superbe final orgiaque aux proportions gigantesques), se moquant du cloisonnement des genres, S’Accabadora est une biographie musicale très bien rédigée, dans laquelle on s‘immerge avec un plaisir certain. HELL THEATER se sera fait méchamment désirer, mais l’attente en valait la peine.

Je vous laisse maintenant affronter cette sorcière aux habits noirs, au risque de vous faire maudire sur dix générations. Mais que le maléfice est doux…

         


Titres de l’album :

01. Laughing Doll (Intro)

02. Eyes Painted Blood

03. A Strange Death

04. Church of Saint Anthony, Pt. 1

05. Church of Saint Anthony, Pt. 2

06. Mamuthones Dance

07. In the Dark Room

08. Domus De Janas

09. Dressed in Black

10. Morte Be Thy Name

11. The Legend Will Never Die (Outro)


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par mortne2001 le 10/11/2022 à 17:56
85 %    539

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


Hell Theater
@128.116.234.227
11/11/2022, 17:01:58

Merci METALNEWS.FR pour cette revue incroyable, nous sommes honorés de lire une analyse aussi profonde et enthousiaste de notre travail.
Hell Theater


Humungus
membre enregistré
19/11/2022, 13:09:54

Moi, quand on me cite KING DIAMOND et DEATH SS, mon sang ne fait qu'un tour !

Je me suis donc écouté leurs deux albums :

Bah c'est vraiment pas mal du tout... Voir très, très bon pour ce dernier (je le préfère car bien moins Power que le premier).

Pis le chanteur, il se pose là hein... ... ...


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