Six

Extreme

09/06/2023

Ear Music

Deux dates essentielles : l’été 1990 à La Roche/Yon avec des potes, et 2008, tout seul face à mon ordinateur. La première date correspond à la découverte du monumental Extreme II : Pornograffitti (A Funked Up Fairytale) en vacances côtières, la seconde, à ma chronique de Saudades De Rock il y a quinze ans. Entre les deux, dix-huit ans d’une vie de passion, et de fascination pour un groupe qui avait tout pour devenir le VAN HALEN des nineties, avec ce petit plus PARLIAMENT/FUNKADELIC, avant de se saborder dans les grandes largeurs avec un album trop ambitieux et maqué par les BEATLES et QUEEN, et une suite sans importance qui fonctionnait comme un avis de décès.

Je n’avais guère l’intention de me pencher de nouveau sur le cas EXTREME, subtilement refroidi par ce fameux disque lâché en 2008 sur Frontiers. J’avais déjà perdu pas mal de temps à en parler dans les colonnes de Metal Impact, négativement à mon grand dam, pour cause de non inspiration totale. Mais à force de voir le faciès simiesque de Pake Nuga sur les réseaux sociaux, je me suis résolu à me faire violence le temps d’une petite heure de découverte d’un disque qui est resté sur les étagères de l’imagination pendant une décennie. Le concert de louanges célébrant sa qualité m’avait finalement forcé à lui confier mes oreilles, certain d’être déçu, une fois de plus, à la manière d’un SKIDROW post-Sebastian Bach qui accumulait les contre-performances. Mais si même SKIDROW est parvenu à redresser la barre avec son dernier effort, alors peut-être qu’EXTREME en était capable aussi.

Six, sobrement baptisé, nous présente le même line-up que le fâcheux Saudades De Rock. Les soldats du Rock sont donc toujours les mêmes, avec Gary Cherone au chant, Pat Badger à la basse, Kevin Figueiredo à la batterie, et l’incontournable héros Nuno Bettencourt à la guitare, au chant, et à la production. Une affaire de famille donc, une entreprise qui fonctionne en interne, et qui essaie au mieux de se rapprocher d’une version moderne de son passé, sans oublier ses hauts-faits, mais sans les porter comme un fardeau non plus. Pornograffitti accusant plus de trente ans d’âge, il est inutile de s’y référer pour parler du travail contemporain du quatuor. Qui une fois encore fait ce qu’il peut pour se montrer à la hauteur des attentes.

Je l’avoue, il m’a fallu trois morceaux consécutifs pour enfin m’intéresser à Six. Les trois premiers singles, modernes, se voulant catchy et décomplexés n’ont pas vraiment stimulé mon affect, trop génériques, avec un Cherone qui déguise sa voix comme s’il était embarrassé par son talent, et un Nuno B. lâchant des riffs se voulant percussifs, mais sonnant dans le vide comme une tentative désespérée de s’accrocher à la locomotive Alt Rock en vain.  

C’est donc « Other Side Of The Rainbow » qui a entamé les hostilités, avec sa mélodie classique mais séduisante, son tempo raide et son acoustique humble qui m’a fait entrer de plein pied dans ce comeback, comme si l’intimité du groupe était sa facette la plus intéressante. Et ce sont en effet les titres les plus doux et ouverts qui se montrent les plus attachants, le quatuor retrouvant sa magie d’antan en adoptant des postures sensibles et empathiques. Ainsi, « Small Town Beautiful » évoque ces vendredis soirs dans une petite ville des Etats-Unis, quelque part entre Boston et New Bedford. Cette mélodie pastorale, cette nostalgie dans les lignes vocales, cette sincérité dans les chœurs qui s’envolent comme des papillons au-dessus d’un champ de fleurs sauvages, nous ramènent tout droit à l’ambitieux III Sides to Every Story et son chapitre Yours, voyage dans le temps qui sent bon les années qui passent et ne reviennent jamais.

Admettons donc que les trois singles proposés par le groupe en amont de son retour sont les talons d’Achille d’un disque sensible, honnête, qui réserve de superbes surprises, entre Rock généraliste, Classic pour les radios, ou Pop déguisée en Hard bubble-gum à l’image de « The Mask » qui dodeline du chef comme un AEROSMITH tapant le carton avec David Lee Roth. Le groove est là, le riff pique le thème du « Beautiful People » du vilain MANSON, avant que le refrain ne nous explose au visage comme une piñata cognée un peu trop fort.

Il faut dire qu’EXTREME a largement eu le temps de peaufiner ce disque, qui se devait de corriger les erreurs impardonnables du passé, y compris le passage éclair de Gary au sein d’un VAN HALEN en perdition. On regrettera évidemment le Funk torride de l’heure de gloire en découvrant le presque Indus « Thicker Than Blood », qui s’agite dans sa cage comme un SHOTGUN MESSIAH réveillé du royaume des morts, mais on se souviendra du boulot en solo du sieur Bettencourt, touche à tout de génie capable de passer d’un style à l’autre sans perdre le sien.

Alors, certes, les gros riffs le sont, mais ils sont tellement impersonnels qu’on ne peut s’y attacher. Heureusement, ils sont souvent modulés d’une impulsion vocale de génie, ou d’arrangements finauds pour fanbase en perfusion d’amour.  

Je garde donc en analyse la passion d’une moitié d’album consacrée à l’émotion et toutes ses ramifications, la fragilité acoustique d’un « Hurricane » et ses harmonies vocales à la EAGLES/QUEEN, et puis pourquoi pas la modernité d’un « X Out », qui balance sévère et qui nous replonge dans les années 90, lorsque le Hard-Rock s’est assombri pendant quelques années, acceptant même le synthétisme des machines pour survivre.

Mais ce qui fait vraiment plaisir, c’est cette diversité retrouvée, qui permet même de faire passer la pilule du très léger « Beautiful Girls » que les BEACH BOYS auraient pu emprunter aux GIRLS ALOUD. On sent que le quatuor a voulu proposer un résumé de carrière complet, ou presque, puisque nous ne retrouvons pas ici la Fusion géniale des premières années de carrière.

Six se termine même sur un dernier baiser, via la caresse de « Here’s To The Losers », dernière balade main dans la main avant l’au-revoir de rigueur. Gary n’a pas perdu de sa pureté, Nuno s’est souvenu de son génie, Pat est toujours aussi fidèle et solide, et la frappe de Kévin puissante et stable. EXTREME n’est plus le messie, encore moins le sauveur, mais il reste un groupe attachant, authentique, qui se contente aujourd’hui de faire ce qui lui plait sans penser à ce dont le Hard-Rock à besoin.

Parce qu’on a parfois plus besoin d’un ami avisé qu’un Avenger testostéroné.  

   

      

Titres de l’album:

01. Rise

02. #rebel

03. Banshee

04. Other Side Of The Rainbow

05. Small Town Beautiful

06. The Mask

07. Thicker Than Blood

08. Save Me

09. Hurricane

10. X Out

11. Beautiful Girls

12. Here’s To The Losers


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 07/07/2023 à 16:58
78 %    719
Derniers articles

Defeated Sanity + HM 2

RBD 09/07/2025

Live Report

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Je pense que là, tout est dit... ... ...

11/07/2025, 10:01

DPD

Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?

10/07/2025, 21:43

DPD

T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..

10/07/2025, 21:36

DPD

Désoler si j'en ai rien à foutre du dernier groupe Brésiliens de war metal.

10/07/2025, 21:29

Alain Akbar

@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.

10/07/2025, 21:20

DPD

Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)

10/07/2025, 15:17

DPD

L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)

10/07/2025, 15:09

Ivan Grozny

Oui très bon groupe, je recommande également !

10/07/2025, 14:36

Ivan Grozny

C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)

10/07/2025, 14:34

DPD

Sinon j'aime beaucoup Chat Pile comme groupe récent.

10/07/2025, 14:27

DPD

@GPTQBCOVJe suis  horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)

10/07/2025, 14:16

DPD

Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)

10/07/2025, 13:47

Humungus

Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".

10/07/2025, 13:22

RBD

Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)

10/07/2025, 12:23

DPD

Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)

10/07/2025, 12:04

Gargan

Dans le clip tu as ceux en civil avant le Hellfest, puis pendant ☝

10/07/2025, 08:58

Simony

Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !

10/07/2025, 08:38

Dede

Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer 

09/07/2025, 23:09

Dede

Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)

09/07/2025, 23:07

NecroKosmos

Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)

09/07/2025, 21:39