Santa Cruz, California. Le décor est planté, je n’ai plus qu’à présenter nos invités du jour, qui d’ailleurs s’invitent eux-mêmes. Sans-gêne obligatoire, impolitesse de rigueur, casquette vissée sur la tête et skate à portée de main, pour une exploration des spots les plus roulants de Californie. Et via Epitaph s’il vous plaît.
Les DRAIN (attention, rien à voir avec les mannequins Néo-Metal/Grunge) sont le genre de mecs à porter des t-shirts blancs immaculés, et à bien présenter. Mais derrière cette apparence propre et mesurée se cache l’une des bandes les plus agressives de Santa Cruz, qui connaît bien les astuces pour se faire mal et pour énerver son auditoire. Et pour cause, puisque dans cette bande, on parle le langage du Hardcore métallique le plus lourd et emphatique, quelque chose entre POWER TRIP et les GOLDFINGER.
Si les SUM41 s’étaient pris des enclumes par paquets de douze sur la tronche, ils auraient pu sonner comme sur ce Living Proof, preuve vivante que le Crossover est encore le style privilégié des porteurs de bandana, et des adeptes de la chemise déboutonnée par le bas. Fondé en 2015, DRAIN a publié divers formats pendant des années, démos, EP’s, compilations, live et j’en passe, avant justement de passer la vitesse supérieure avec California Cursed, premier long du nom, qui a séduit beaucoup de nostalgiques de l’époque de Venice et de la Bay-Area.
Mais loin des imitateurs bon marché, les DRAIN sont des originaux qui n’hésitent pas à racler les fonds de tiroir pour étonner, entre deux charges plein la tronche et une bonne rouste sur le béton. La preuve, puisqu’ils n’hésitent pas à imposer un interlude à la Orelsan (« Intermission », feat Shakewell), ou à reprendre les dieux du Punk-Pop, les bien-nommés DESCENDENTS (Milo forever).
Vous le constatez, nous sommes loin du métissage de base 50% Hardcore/50% Thrash. Non, ces gens-là sont de fins lettrés de la cause Hardcore, et savent varier les plaisirs, d’autant qu’ils disposent de l’une des meilleures productions du marché (mixage Jon Markson, mastering Mike Kalajian). Alors, remercions de concert Tim Flegal (batterie), Sammy Ciaramitaro (chant), Cody Chavez (guitare) et AJ Hoenings (basse) de ne pas nous avoir pris pour des imbéciles en nous refourguant un truc prémâché pour épater la galerie et s’en tirer à bon compte.
Entre un soleil implacable et un bitume qui laisse des traces sur le fond de pantalon, Living Proof est une journée type dans la vie de branleurs de planche à roulettes, avec magnétocassettes à fond la caisse, et pack de bière à portée de main. « Run Your Luck » dessine d’ailleurs le panorama, quelque part dans un skate park décati aux tags fatigués, avec pour seule énergie la colère envers une société de plus en plus partiale.
Les riffs sont évidemment énormes, les accointances remarquables (et vite remarquées, je vous laisse le plaisir de les trouver), les plans rythmiques étouffants ou décoiffants, les breaks maousses et le tout porte à ébullition assez vite. Mais en gros, pour verser dans l’hagiographie, disons que chaque morceau de cet album contient plus d’idées qu’une intégrale old-school vendue à la sauvette.
Saccades, syncopes, changement d’humeur, BPM qui soudainement explosent, voilà le menu d’un disque qui ne perd pas son temps et ne nous fait pas perdre le nôtre. « FTS (KYS) » permet justement à Tim Flegal de développer un jeu de taré à la R. J. Herrera levé de bonne heure, tandis que ses camarades se mettent au diapason, en plaquant des thèmes simples mais efficaces, et en laissant briller les basses de la grave ou l’inverse. Le ton est donné, le thon est péché, et mieux vaut le ramener à la barque avant qu’il ne se fasse bouffer.
Plus street cred que n’importe quelle déclaration de Mike Muir, plus pugnace qu’un Roger Miret agacé par des abrutis à la barbe trop fleurie, DRAIN est un relooking sauvage du Crossover de Venice, capable de réconcilier les fans des CRUMBSUCKERS et du FRONT, sans pour autant les pomper jusqu’au bout de la nuit. Bien équilibré, solide et enrobé, entre cavalcade de dératés (« Imposter ») et bandage de muscles en pleine rue (« Living Proof »), Living Proof est une visite guidée de l’arrière-boutique californienne, celle qui ne vend aucun souvenir et qui vous prend vos thunes sans rien vous donner en échange.
On peut trouver le procédé un peu cavalier, mais ça marche comme ça.
This is Santa Cruz man, not Los Angeles.
Titres de l’album:
01. Run Your Luck
02. FTS (KYS)
03. Devil's Itch
04. Evil Finds Light
05. Imposter
06. Intermission
07. Weight of the World
08. Watch You Burn
09. Good Good Things (DESCENDENTS cover)
10. Living Proof
Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.
Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait drôle ! Putain on dirait du punk californien à midinette ! Incroyable ! Et puis en fait, pan, sur d'autres titres ça remet des tatanes comme avant. Donc on verra à l'usure.
ridicules
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
Jus de cadavre 07/05/2023
Élue pochette de l'année. Et musicalement c'est pas dégueu. Faut que j'écoute ça attentivement.
29/05/2023, 16:54
Ça sentirait pas un peu la pochette faite par IA ça ?. Midjourney sera bientôt le "cover artist" le plus productif sur Metal archives...
26/05/2023, 20:56
Le premier album a énormément tourné chez moi, gros Hardcore à bagarre avec riffs à la Slayer mais toujours avec une ambiance... jouasse ! Genre, du HxC en chemise Hawaïenne.Mais là je dois dire que le titre Good Good Things m'a fait dr&o(...)
25/05/2023, 18:25
RIPC'est quand même le second du line originel qui passe l'arme à gauche....
25/05/2023, 15:17
Grosse perte, voilà un Monsieur dont la contribution à la scène Rock en général est largement inconnue.Un grand merci pour avoir permi tant de chose et montrer non pas une mais plusieurs voies possibles pour s'exprimer dans la musique.
25/05/2023, 08:37
MARDUK a communiqué depuis en disant que ce n'était là que l'une des nombreuses fois où il est apparu totalement ivre sur scène (il aurait par exemple fait un streap tease sur scène...) et que c'était une condition de départ p(...)
25/05/2023, 08:35
Du calme les excités antitout, vous disiez pareil de slayer, jouer avec l'interdit c'est tout à fait l'esprit adolescent du metal
24/05/2023, 21:49
Le clip - aussi moche soit il - est déjà bien plus intéressant que 99% des clips métal réalisé en usine désaffecté avec ces sicos mode playback.
24/05/2023, 16:39
L'intelligence artificielle n'est pas - par définition - l'intelligence. Un bon monde d'assistés qui se prépare.Le clip n'est pas si mal malgré tout.
24/05/2023, 15:10
Juste au moment où je me mets à apprécier de nouveau pleinement Type-O après une parenthèse de presque vingt-cinq ans... Comme quoi il reste toujours un public pour les grands groupes même après leur disparition active.
24/05/2023, 13:44