D’étranges affaires ?
Pourtant, celle associant un guitariste français et un chanteur suédois me paraît claire comme de l’eau de roche. D’un côté, un musicien prolifique, et guitariste de session recherché, et de l’autre, un vocaliste suédois, au timbre puissant et au phrasé diaboliquement précis. Le lien entre les deux ? Un amour indiscutable des années 80, et plus particulièrement de cet AOR qui faisait les beaux jours du Billboard il y a trente ou quarante ans. Cette rencontre, c’est celle d’Arthur Vere et Jack L. Stroem, qui ont décidé d’unir leur force pour sortir l’album de Nostalgic Melodic Rock de ce premier semestre 2022. Loin des automatismes irritants de l’écurie Frontiers, ou des démarcages plus ou moins habiles de l’école suédoise, le tandem a choisi la voie de la sincérité et de la passion, et dès les premières notes de « One Thousand Years », la sensation est incroyable : fraîcheur, pulsion, et hérissement des poils sur les bras tant la reconstitution est fidèle au décor d’origine.
Mais loin d’une simple imitation de JOURNEY, FOREIGNER ou autres héros de la mélodie ciselée, SQUARED propose sa propre version de l’histoire. Une version authentique, spontanée mais ouvragée, et surtout, respectueuse des codes tout en imprimant sa patte en filigrane sur les billets. Comme deux musiciens californiens s’étant rencontrés dans une convention quelconque ou dans un bar spécialisé, Arthur Vere et Jack L. Stroem se complètent à merveille, et la guitare du premier permet au second des envolées incroyables, et des refrains truffés de chœurs qui s’impriment dans la mémoire comme une carte postale aux palmiers verdoyants.
SQUARED ne doit rien à personne, et il est important de le noter. Arthur s’est chargé de la composition et de l’instrumentation, et les deux hommes ont choisi la voie de l’autoproduction pour garder le contrôle. Le travail est donc conséquent, et incroyable de mimétisme, et autant jouer cartes sur tables : tous les morceaux de ce Strange Affairs sont des hits en puissance qui rappellent MEN AT WORKS, PARADOX, LIAISON, et autres outsiders de la scène AOR des années 80 et 90.
Sans aide extérieure, le résultat n’en est que plus bluffant. En écoutant le merveilleux et soyeux « Darkest Fantasies », on se croirait sur une plage de Californie, en fin d’après-midi, à siroter un cocktail en repensant à cette magnifique blonde athlétique croisée un peu plus tôt dans la journée. Chaque détail a été soigné, et le tandem, parfaitement soutenu par une section rythmique composée de Robin Risander (batterie) et Kammo Olayvar (basse), s’en donne donc à cœur joie, d’un naturel époustouflant, et d’un talent presque surnaturel.
Evidemment, l’effort fourni par Arthur Vere est remarquable. Le guitariste français survole l’histoire de sa guitare volubile en solo, et solide et versatile en rythmique, et nous offre une démonstration de panache sidérante, abordant tous les secteurs de jeu et toutes les nuances. Ainsi, entre hit Hard-Rock léger comme un nuage estival et tube sensible et radiophonique (« Love Can Be Lonely »), ce premier album nous en donne clairement pour notre argent. En se montrant concis et pointilleux à l’extrême, SQUARED signe un petit miracle qu’on croyait réservé à la première division AOR revival venue de Suède, et nous entraîne dans un succulent voyage dans le temps dont on apprécie chaque seconde.
« Say That You Love Me », punchy à souhait, « Love Affair », nappé de volutes de claviers et caressé d’une guitare amoureuse pourra réveiller les ardeurs de la fanbase de Richard MARX ou de Michael BOLTON, alors que le plus tendu et viril « Clutching At Straws » permet à Jack L. Stroem de faire montre de toute l’étendue de sa palette vocale, passant du mid au high range avec une facilité déconcertante.
Il est rare de tomber sur un album totalement parfait de son entame à son terme. Terme qui d’ailleurs nous offre une cascade d’harmonies suédoises à la ABBA, pour un final que l’Eurovision aurait pu sacrer dans les années 90 (« Anthem of a Broken Heart »). Et une fois les trente-cinq minutes terminées, le réflexe est immédiat. Remettre l’album en mode boucle pour s’en délecter encore et encore, en louant le travail phénoménal accompli par deux musiciens s’entendant artistiquement comme larrons en foire. Un véritable bréviaire de la perfection AOR, pour une affaire simple d’osmose entre deux talents complémentaires.
Album à acquérir d’urgence, et disponible pour un prix tout à fait modique sur le Bandcamp d’Arthur Vere.
Go and buy
Titres de l’album :
01. One Thousand Years
02. Stranger At Heart
03. Personal Matter
04. Darkest Fantasies
05. Love Can Be Lonely
06. Say That You Love Me
07. Love Affair
08. Clutching At Straws
09. Anthem of a Broken Heart
Voyage au centre de la scène : Le Metal français des années 80' / Seconde partie
Jus de cadavre 10/06/2024
Moi qui me fout royalement des J.O., je dois bien avouer que c'est un vrai tour de force de la part de Gojira, avec une scénographie pas piquée des vers. Bravo à eux!Par contre, j'espère qu'ils diffuseront la prestation sans commentaire et avec juste(...)
27/07/2024, 11:02
J'ai enfin pu voir la prestation ( décalage horaire oblige) et clairement c'était énorme. Du Gojira bien vénère et avec un son qui claque. Ça fait sincèrement plaisir a voir et entendre. Chapeau !!
27/07/2024, 08:43
Oui, belle ouverture d'esprit au final. C'est pas tous les jours que cette culture là est assumée chez nous, à vrai dire JAMAIS donc ça procure une sensation étrange et puissante. Gros friss(...)
27/07/2024, 07:23
J'y pensais un peu a leur présence. On parle d'un groupe connu et reconnu a l'international et pour une cérémonie qui mettait en valeur la culture française, c'est qu'il ne soit pas présent qui aurait été malvenu.(...)
27/07/2024, 05:45
Voilà, Chair de poule pour moi ! Et énormément de fierté ressentie pour le groupe, pour le Metal français, et la scène Metal dans son ensemble. J'ai adoré ! Et la scénographie était top ! Puis c'était du Gojira pur ju(...)
27/07/2024, 01:13
Il y aura toujours des pisse-froid pour critiquer mais putain, quelle carrière !
26/07/2024, 20:01
J'ai rien contre Agell, mais passer après Wagner, c'est une putain de gageure...A voir (ou plutôt à entendre) ce que cela vaut avec Reagers... ... ...
23/07/2024, 07:43
L'intermède du projet parallèle Corrupter annonçait assez bien cette suite pour le principal. C'est une forme de retour aux sources du Death le plus obscur, mais par un chemin un peu différent que les premières publications du groupe Cévenol au (...)
22/07/2024, 19:23
ce serait sympa un nouvel album de Tiamat !Tiens d'ailleurs, quelqu'un aurait-il un retour à faire de leur concert au Hellfest ?Merci d'avance !
21/07/2024, 13:53
La signature chez Prophecy laissait supposer un changement de style, on n’est plus en effet sûr du black up tempo. Pas sûr qu’ils aient dû garder le même nom.
20/07/2024, 14:45
En même temps, fallait pas espérer qu'ils reprennent 666 millions d'esclaves et de déchets de Peste Noire.
19/07/2024, 15:49