Vous connaissez tous cette (fausse) légende qui affirme que les mille personnes ayant acheté le premier album du VELVET UNDERGROUND ont toutes fondé un groupe par la suite. Il en existe une autre, plus contemporaine, qui dit que soixante-pour cent de la population suédoise est constituée de musiciens, et que quatre-vingt pour cent de ces soixante pour cent s’affirment dans le Rock le plus mélodique qui soit. C’est certes totalement fantasmagorique, et pourtant, on se demande comment un pays aussi petit a pu devenir l’épicentre du Rock depuis vingt ans, sans que quiconque ne voie la chose venir. Mais imaginez un peu, Stockholm, ville de moins d’un million d’habitants, recèle en son sein plus de groupes que Berlin, New-York, Londres ou Paris, proportionnellement bien sûr. Et chaque semaine charrie son lot de nouveaux arrivants, comme s’il fallait asseoir définitivement cette réputation de « nouvelle capitale du Rock », certes, plus mélodique que la moyenne, mais d’une inspiration qui le confine au génie absolu.
Je ne cache pas non plus que la recette commence à méchamment montrer ses limites. Alors que le nouveau NIGHT FLIGHT ORCHESTRA est accueilli plutôt fraichement, alors que GHOST divise de plus en plus, la scène scandinave est en train de faire sur surplace à force d’occuper le terrain sans avancer plus loin. Le syndrome L.A diront certains, à une époque où il suffisait d’arborer plus de conchas sur sa ceinture que son voisin et de mettre plus de laque pour se faire signer. Il n’est donc guère surprenant de prendre acte du premier album des locaux de STRŸKENINE, qui proposent peu ou prou la même chose que leurs concitoyens, et qui auraient pu indifféremment se faire signer par Frontiers, AOR Heaven, ou tout autre label spécialisé, dont le leur, Pride & Joy.
Qualifiés de nouveau poster band du Hard mélodique, STRŸKENINE accuse pourtant quelques années d’existence, et un premier EP au compteur. Fondé par trois amis, le guitariste Andi Sarandopoulos, le batteur Henrik Remesaho et le chanteur Jacob Petäjämaa, STRŸKENINE est le parangon de la méthode suédoise de séduction de masse par des refrains imparables, des harmonies enchanteresses, et des lignes vocales qui caressent dans le sens des tympans. Inspiré à la base par les légendes incontournables de EUROPE, WHITESNAKE, DEF LEPPARD ou MÖTLEY CRÜE, les trois musiciens étaient bien décidés à imprimer leur patte à la musique Rock nationale, en trouvant les ingrédients manquants à leur collègues. Ces ingrédients, vite identifiés, étaient l’attitude et l’adrénaline. Des ingrédients pourtant assez répandus sur la scène, mais qu’ils souhaitaient développer pour en faire un trait de caractère unique. Et au moment de juger de la pertinence du résultat, le doute demeure : en effet, les STRŸKENINE ne proposent rien de neuf avec leur Strÿkenine I, et se contentent de jouer un Hard Rock évoluant entre Metal soft et Rock dur, ce qui compose quand même la grosse majorité de la production nationale.
Certains webzines ont déjà joué le petit jeu des comparaisons, et réservé cette sortie aux fans de GATHERING OF KINGS, TEMPLE BALLS, SUNSTRIKE, et WILDNESS. Certes, c’est encore un peu réducteur, mais admettre que la musique du quintet est si générique qu’elle peut rappeler dix groupes à la douzaine n’est pas vraiment excessif. On apprécie évidemment ces compositions franches et spontanées, travaillées juste ce qu’il faut pour mériter le label de qualité suédois, mais dans les faits, les STRŸKENINE ne jouent qu’un Hard-Rock des années 80 remis au goût d’un jour suédois plus élastique et souple, ce qu’on connait déjà par cœur depuis plus d’une vingtaine d’années.
Ce qui n’empêche guère ce premier album de se distinguer par une qualité constante, et par quelques individualités notables, tant chez les musiciens que parmi les compositions. Un titre comme « Religion » aurait fait un carton dans la Californie des années 88/89, et rappelle même les astuces les plus éprouvées des magiques BALANCE. Un peu de EUROPE avec cet orgue tardif qui s’en remet à Jon Lord, un peu de SLAUGHTER pour l’énergie jumpy, un peu d’alternatif des nineties pour la crudité du jeu, tout est en place, rien ne pique les oreilles, et tout est fait pour procurer des sensations calibrées. On le sent dès l’ouverture « Once And For All », qui de son intro synthétique replace le contexte dans le nord de l’Europe en évoquant les Etats-Unis AOR de la décennie des yuppies.
Carré, professionnel en tout point, doté d’une production épaisse mais aérée, Strÿkenine I est une entrée en matière calibrée en diable, avec des titres plus jumpy que la moyenne (« All About Us »), et Jacob Petäjämaa en monsieur loyal au timbre irrésistible. Le vocaliste se met à la hauteur d’un instrumental qui fouine un peu partout dans l’histoire pour se montrer suffisamment versatile, et livre une performance homérique en parvenant à faire oublier le formalisme de riffs déjà entendus des centaines de fois.
Entre crises de sensibilité dignes d’un hiver suédois interminable qui donne envie de se réchauffer sous une couverture (« Hold On To You »), ballades Heavy inscrites au patrimoine américain depuis l’invention de l’émotion en musique (« All I Need »), inspiration Heavy vite édulcorée par des synthés FM (« Fool For Love » méthode TNT, solide et sans faille), STRŸKENINE passe en revue le cahier des charges en espérant jouer les têtes de file de la nouvelle génération du pays. Ce qu’ils deviendront sans doute au vu de leur attitude pleine de confiance, mais une fois encore, et sans jouer les esprits chagrins, je le répète : la méthode suédoise est toujours aussi efficace, mais montre ses limites comme la scène californienne de la fin des années 80.
Album savoureux mais à l’arrière-gout de production en chaine, musiciens top notch, Strÿkenine I est en l’état une nouvelle victoire suédoise, mais un peu par défaut, et par manque d’adversaire de poids.
Titres de l’album:
01. Once And For All
02. All About Us
03. Toxic
04. Live And Die
05. Fool For Love
06. Religion
07. Falling Down
08. Hold On To You
09. Better Believe It
10. All I Need
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