The Blindness of Faith

In Malice's Wake

13/11/2020

Autoproduction

L’Australie, ses insectes, sauriens, mammifères géants, ses grandes étendues sèches, et ses groupes de Thrash. Aujourd’hui, nous nous intéresseront à ces derniers, puisque les locaux d’IN MALICE'S WAKE nous honorent de leur quatrième longue-durée qui n’en usurpe pas le nom. Encore plus de cinquante minutes d’agression non-stop, ce qui a tendance à devenir une norme, mais qui représente le même cap à franchir que le célèbre nez de Cyrano. Mais les spécialistes de la question connaissent bien ces originaires de Melbourne, qui mine de rien représentent l’arrière-garde de l’extrême austral avec leurs vingt ans d’existence, ou presque. Formé en 2002, ce collectif n’a pas tardé à s’illustrer par une démo l’année suivante, puis par un EP en 2005, avant de passer à la vitesse supérieure avec un premier LP, Eternal Nightfall, publié en 2008. Ce qui n’empêche que nous étions sans nouvelles d’eux depuis 2015 et la parution de l’excellent Light upon the Wicked, et autant dire que nous nous inquiétions un peu. Certes, les deux albums précédents étaient eux aussi séparés de quatre ans, mais la question de savoir si le groupe existait encore effleurait les consciences, que ce The Blindness of Faith vient rassurer de sa véhémence et de sa puissance. Sans changer d’un iota la formule qui a fait leur succès dans l’underground et qui leur a assuré des premières parties de luxe sur leurs terres mais aussi en Nouvelle-Zélande (BLOODBATH, DESTRUCTION, AT THE GATES, THE HAUNTED, VOIVOD, NAPALM DEATH, TOXIC HOLOCAUST, ANGELUS APATRIDA, GOATWHORE, FORBIDDEN, KRISIUN ou WARBRINGER), les membres d’IN MALICE'S WAKE franchissent un nouveau palier, et nous livrent avec cette dose de brutalité l’un des albums de Thrash/Death les mieux troussés de cette fin d’année.

Il suffit pour en comprendre la qualité de le comparer au dernier ACCUSER, et de constater la différence d’intensité de d’efficacité entre les deux. D’un côté, un groupe accusant deux décades, de l’autre, une référence des abysses avec quasiment vingt ans de plus au compteur, et une rage animant les premiers qui fait méchamment défaut aux seconds. Pourtant, les similitudes sont là, cette tendance à jouer avec les frontières et à brouiller les pistes entre Thrash et Death, sans sombrer dans les affres du chaos. Pour parvenir à ce résultat au-dessus de tout soupçon, le groupe a renouvelé la confiance accordée à Chris Themelco, ingé-son et mixeur qui avait déjà peaufiné Light upon the Wicked, et qui a concocté au quatuor un son à décorner les buffles aux Monolith Studios. En découle une sensation de puissance extrême, chaque riff nous explosant au visage dans une déflagration de rage, rage palpable qui rapproche les australiens des plus grandes références du genre. D’ailleurs, la bible The Metal Archives n’hésite pas à aligner les rapprochements, en citant TESTAMENT, LOST SOCIETY, DEAD TROOPER, BRAINDEADZ, TOXIC HOLOCAUST, EXODUS, KREATOR et évidemment les légendaires MORTAL SIN pour baliser le parcours des australiens qui se retrouvent en bonne compagnie. On pourrait d’ailleurs ajouter à cette liste loin d’être exhaustive le nom de POWER TRIP, pour cette façon d’appréhender la brutalité sous son angle le plus ténébreux, même si les IN MALICE'S WAKE acceptent une philosophie plus légère dans le fond et la forme.   

Admettons alors que leur musique à des airs de fusion entre la rage de KREATOR, la redondance cyclique de MORTAL SIN, et le souffle terrassant d’EXHORDER. Nous parvenons alors à un consensus qui met tout le monde d’accord, et qui définit avec assez d’acuité le contenu de ce quatrième effort. Mais pour être fixé sur le sort qui vous attend en ces sillons numériques, une seule attitude à adopter : commencer l’écoute logiquement, et encaisser le choc frontal de « The Blindness of Faith » qui durant son intro ne ménage ni les mélodies inquiétantes ni les blasts affolants. Un son gigantesque, une batterie qui mouline comme une turbine de centrale nucléaire (Mark Farrugia, toujours aussi efficace sur son tabouret), des guitares qui riffent dans toutes les directions (Shaun Farrugia et Leigh Bartley, qui n’ont pas le médiator en mousse), un chant hargneux et râpeux (toujours Shaun Farrugia, remonté comme un kiwi enragé, et légèrement Core sur les bords), un bassiste sobre mais efficace qui lie le tout et suit les lignes de guitare avec dextérité (Karl Watterson), pour un mélange qui explose les tympans comme un dynamitage en règle. Certes, les spécialistes argueront du manque de finesse, et pourtant, la fluidité technique de l’ensemble permet à l’album de ne pas se vautrer dans la luxure de la bestialité gratuite. Alternant avec flair les tempi, appuyant ou relâchant la pression sur les blessures causées, le groupe fait preuve de beaucoup d‘intelligence, et se permet de tutoyer les anciens d’INCUBUS ou DEMOLITION HAMMER avec leurs segments les plus létaux (« Graven Image »). En découle un sentiment d’agression constante, qui profite d’ambitions évolutives pour ne jamais lasser.

Plus Thrash qu’il n’est Death, The Blindness of Faith pointe du doigt le ridicule des religions organisées, et propose une vision libre de l’humanité, qu’il souhaite imposer sans ambages. On pense parfois à l’ACCUSER de Who Dominates Who mixé par un DJ infernal à du CRIMSON SLAUGHTER (« Religious Holocaust »), mais lorsque les australiens s’amusent Thrashcore, le tempo monte dans les tours et évite toute comparaison trop encombrante (« Houses of God » boucherie qui tâche les sièges du pick-up). Efficaces dans tous les secteurs de jeu, épaulés par un producteur qui les connaît bien, les IN MALICE'S WAKE jouent sur du velours qu’ils transforment en râpe à fromage vous lacérant les chairs. Mais c’est encore le groupe qui résume le mieux sa démarche et le résultat qui en découle sur notre audition :

« The Blindness of Faith is a journey into the dark side of religion, narrated by the harrowing In Malice’s Wake sound – haunting melodies, an onslaught of classic riffs and drumming and vocals that resonate from the depths of hell. The album is a further push along the extreme path of darkness and brutality set upon by the previous album, Light Upon the Wicked »

Pour résumer, l’enfer sur terre, et une version de l’Australie encore plus chaude et dangereuse que n’importe quel reportage à sensation. Mais plus prosaïquement, un album qui écrase la concurrence de sa violence, et qui cavale comme un pauvre touriste surpris par une araignée géante dans la salle de bain de son hôtel.            

              

                                                                                                                               

Titres de l’album:

01. The Blindness of Faith

02. Graven Image

03. See the Light

04. Religious Holocaust

05. Unbound Sinful Light

06. Houses of God

07. To Die As One

08. Into the Outer Darkness

09. Ritual Slaughter

10. Gehenna


Site officiel

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 31/08/2021 à 17:48
88 %    1110
Derniers articles

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Buck Dancer

J'ai pas encore tout regarder mais y a t'il un groupe qui a joué le morceau Black Sabbath ?LeMoustre, pour ce concert je pense que l'émotion et la communion entre groupes et public était plus importante que le reste. A voir les vidéos j(...)

07/07/2025, 22:26

War

La dernière du Madman ! Déjà vu en live debout et il chantait moins bien que la ! 

07/07/2025, 18:34

Humungus

@LeMoustre :Effectivement... Point de vue totalement respectable que celui de ne pas vouloir payer un prix de dingue pour mirer un show proche du pathétique.Mais perso, face à des légendes comme celles-ci, je mets mon impartialité de côté et (...)

07/07/2025, 17:42

LeMoustre

Bravo pour ton travail ! 

07/07/2025, 14:48

LeMoustre

Ozzy sur sa chaise hé ben.Bon l'âge nous aura tous mais bon quand même c'est pas cool de voir ça.Moi ça m'aurait emmerdé.Autant un Anthrax, un Maiden ont toujours la peche après tant d'années (quitte &a(...)

07/07/2025, 13:18

labbe

j'ai eu l'occasion de les voir en première partie de Seum mi Juin. vraiment bien prenant ! 

07/07/2025, 12:48

Humungus

Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)

07/07/2025, 07:36

Benstard

Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy. 

06/07/2025, 21:25

Oliv

C’est toujours parodique ou c’est mieux 

06/07/2025, 19:11

Oliv

Merci Ozzy pour tous 

06/07/2025, 19:10

DPD

Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..

06/07/2025, 14:20

metalrunner

Les chutes de Symbolic

05/07/2025, 08:26

DPD

Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.

05/07/2025, 06:51

DPD

Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)

05/07/2025, 06:47

DL100

Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)

04/07/2025, 07:16

Ivan Grozny

Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !

03/07/2025, 16:57

Ivan Grozny

Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour,  mais pour le moment bof.

03/07/2025, 16:47

Jus de cadavre

Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)

03/07/2025, 12:55

Buck Dancer

Toujours aussi léger !!! 

03/07/2025, 03:25

Simony

Clairement ! Trop de blabla et de remplissage.

02/07/2025, 18:56