The Burial Begins

Killrazer

12/11/2021

Battlegod Productions

Malgré la situation actuelle, la vie continue. Malgré les multiples menaces qui planent au-dessus de nos têtes, la vie continue. Et si la vie continue, la musique aussi. The show must go on comme le chantait si bien Freddie, en dépit des catastrophes humaines et écologiques, mais d’aucuns seraient tentés de se demander, si par décence, les musiques violentes ont encore une place dans nos playlists, encourageant certainement les passionnés à s’orienter vers des choses plus en phase avec une éventuelle paix de l’âme. Je leur répondrai qu’en tant qu’exutoire, la musique violente est justement la catharsis la plus adaptée à une paix de l’âme, la violence réelle étant bien plus grave qu’une quelconque attaque sonore. Ainsi, le Thrash pourrait représenter la thérapie la plus idoine, même si ses rythmiques ne sont pas sans évoquer les bombardements ou des tirs en rafale, le quotidien du peuple ukrainien ces derniers jours.

Le parallèle est osé, mais l’agression consentie par les australiens de KILLRAZER s’inscrit tout à fait dans notre contexte mondial actuel, regrettable. Cette musique à la frontière entre le Thrash et le Death est la bande-son « idéale » à ce climat de guerre, localisée pour le moment, mais qui pourrait bien déraper. Formé en 2005 à Sydney, ce collectif furieux n’a pas vraiment fait parler de lui depuis, se contentant d’un simple EP éponyme en  2008. Les présentations étaient alors faites, encore fallait-il confirmer par un second rendez-vous pour que l’histoire d’amour prenne comme la traditionnelle mayonnaise. Visiblement peu pressés d’embrasser le succès, les australiens ont patienté jusqu’en 2021 pour se rappeler à notre bon souvenir qui les avait légitimement oubliés, et c’est en longue-durée que le quatuor revient aujourd’hui, avec sous le bras dix morceaux d’une puissance assez assourdissante.

Puissants certes et sans conteste, mais pas très originaux pour autant. Vous l’aurez compris, les KILLRAZER ont joué la prudence old-school comme bon nombre de leurs petits copains, allant piocher chez SLAYER quelques mélodies amères (« Sunken », c’est bon les gars, on vous a vu copier sur Seasons in the Abyss…), dans les réserves du Thrash/Death allemand ses coups de boutoir à rompre les cervicales, et dans les coffres de la violence US ces roulements de grosse caisse et ces lignes de chant rauques et vindicatives.

A défaut de briller par sa personnalité, le groupe a au moins la politesse de jouer juste, fort, et inspiré. Sans vouloir les encenser, autant dire que cet album est imperfectible dans son créneau vintage, qu’il fait preuve d’une brillance instrumentale assez rare, et qu’il se permet même une comparaison très flatteuse aux cadors les plus gradés du créneau. Là où les têtes pensantes s'égarent dans des considérations de production moderne et de nivellement du son, les australiens jouent crânement leur carte, et nous pondent des titres épiques, construits, solides, constellés de soli dignes d’un shredder de l’écurie Varney.

On prend acte des compétences et qualités une fois la superbe intro passée, et « Salt In The Wound » encaissé. Sous couvert de saccades traditionnelles et d’une basse crossover ronflante, les KILLRAZER entament les hostilités façon classique, se faisant l’écho de ces riffs syncopés en mi que les thrasheurs du monde entier affectionnent tant. Mais une fois la dose injectée, les choses se densifient, les muscles se raidissent et la violence se veut aussi radicale que fluide. On  remarque immédiatement une propension à jouer avec la précision, et à maculer la partition de soli coulant comme du champagne. Doté d’un batteur en poumon nucléaire, KILLRAZER shoote en rafale, mais avec une précision chirurgicale.

Très lettrés en ce qui concerne le Thrash historique et iconique, les amis de Sydney cherchent à rattraper le temps perdu dans le silence, mais ne se contentent pas de ruer dans les lignes ennemies comme des têtes brulées. Si la vélocité est évidemment patente, les plans Heavy s’imposent avec beaucoup d’efficacité, et entre une salve de blasts à rendre fous les amateurs de BM guerrier (« Suicide Command » qui peut éventuellement défier DEICIDE), et un mouvement preste typiquement Thrash germain (« The Legoins »), The Burial Begins s’offre une première partie de luxe, totalement passionnante.

La césure à l’hémistiche offerte par le progressif et déjà abordé « Sunken » calme un peu les esprits échauffés, mais ne fait pas retomber la pression ni l’attention. Dès lors, les musiciens se concentrent sur un Thrash pluriel, mélodique mais violent, à la manière d’une fusion technique entre KREATOR et TESTAMENT, supervisée par les soins du professeur SADUS.

Avec quelques titres concis et lapidaires (« Unleash Hell » et « Silence Your Insolence », à peine cinq minutes à eux deux), et un final évolutif en diptyque inquiétant et inspiré, The Burial Begins transcende son formalisme d’une véritable envie de jouer avec les codes, et de ne retenir que le meilleur d’une inspiration eighties. Proposé par des musiciens capables, trouvant les arrangements idoines (« Burn In Hell » et ses montées de guitare lointaines), ce premier album est une bonne découverte, et surtout, une autre façon de jouer le Thrash de papa, sans être trop poli ou complexé.

            

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Stations Of The Cross

02. Salt In The Wound

03. Suicide Command

04. The Legoins

05. Sunken

06. Seven Years

07. Unleash Hell

08. Silence Your Insolence

09. Burn In Hell

10. The Burial Begins


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par mortne2001 le 11/12/2022 à 18:15
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