Attention dès le départ à ne pas confondre ces SACRILEGE de Gillingham avec les autres SACRILEGE de Birmingham. Car même si leurs origines sont proches, et même s’ils se sont formés à peu d’années d’intervalle, la différence est d’importance. Les seconds ne proposent plus en effet que des compilations depuis 2014, alors que les premiers, depuis leur reformation en 2009 alignent les albums originaux. Et si les natifs de Birmingham ont changé de style comme de chemise, passant d’un Crust teigneux à un Thrash hargneux, pour finir sur un Doom un peu miteux, les premiers sont toujours restés fidèles à une recette héritée de la NWOBHM dont ils sont issus. Fondé en 1982 sous l’impulsion du guitariste/chanteur et seul membre originel Bill Beadle, SACRILEGE connaît donc une seconde partie de carrière assez fertile, puisque la première ne fut pas très féconde et uniquement marquée par des démos intervenant assez tard, une fois que le train de la gloire s’était déjà éloigné avec IRON MAIDEN, SAXON et DEF LEPPARD à son bord. Pas assez symptomatique pour être culte, le groupe a donc pris sa revanche en se montrant très prolixe, avec pas moins de sept réalisations depuis son retour, d’une régularité métronomique. Nous eûmes d’abord droit à un premier éponyme en 2011, le premier véritable LP du groupe, puis The Unknown Soldier en 2011, suivi de The Wraith en 2012, avant l’enchaînement Sacrosanct (2013) et la doublette Ashes to Ashes/six6six en 2015. C’est donc quatre ans de patience qu’il fallut aux fans pour retrouver leurs anciens/nouveaux héros, et ce The Court of the Insane, signé sur le label allemand Pure Steel Records vient les tirer de leur torpeur avec ses dix morceaux assez longs, et ses ambiances délicatement surannées et Heavy.
Toujours mené de front et de guitare d’acier par l’inamovible Bill Beadle, SACRILEGE compte aujourd’hui dans ses rangs les fidèles Jeff Rolland à la basse et Neil Turnbull à la batterie, soit la même section rythmique depuis 2013, et a accueilli en 2018 le soliste Eddie Webb, avant de ramener dans son giron Paul Macnamara, guitariste, cette même année. C’est donc animé d’un sentiment d’urgence que le groupe effectue son retour sur le devant de la scène underground, puisqu’il n’a jamais pu s’extirper de ce succès d’estime le confinant au respect dû aux anciens, mais avec cette nouvelle bordée de morceaux fiers, il y a fort à parier que les anglais parviendront à convertir de nouveaux disciples, trop heureux de se vautrer dans la nostalgie sous l’égide d’un groupe qui a connu la bonne époque en temps et en heure. L'album, enregistré aux studios Ascape à Bromley, dans le Kent, et produit, mixé et masterisé par David Lear continue donc le travail entrepris depuis la création du groupe, avec ces arguments Heavy légèrement doomy, basés sur des atmosphères assez lyriques et prenantes, et surtout, des riffs conquérants, dans la plus pure tradition UK des années 80. On a toujours ce sentiment d’écouter des bandes composées par SATAN et reprises à leur compte par les CANDLEMASS, en version plus énervée, soit un joli mélange entre l’emphase dramatique du Doom et les envolées rythmiques symptomatiques de la NWOBHM, quoique le rythme soit assez régulier sur ce The Court of the Insane. Il n’est d’ailleurs pas sans évoquer certains tableaux autrefois peints par les américains de SANCTUARY, qu’un DIO sombre et chafouin aurait recopié avec un trait plus léger et moins mystique, mais autant avouer que l’affaire prend très vite une tournure passéiste, avec ces avancées longues et emphatique très dignes, mais terriblement connotées early 80’s. L’optique n’a donc pas changé, même si le son se montre très actuel, avec cette basse qui claque et cette batterie moins matte que ses consœurs de l’époque.
Oscillant toujours entre frappe lourde et processionnelle et mid tempi plus enlevés mais pas forcément plus joyeux, le groupe ne dévie donc pas de sa ligne de conduite, ce que « Celestial City » prouve de son dramatisme embrumé et de ses emprunts d’arrangements à la Hammer. On se retrouve donc vite plongé dans un décorum classique mais bien imité, avec château en pierre de taille/carton-pâte, mais le quintet sait toujours trouver la bonne idée pour nous hypnotiser. Si les plus pointus regretteront une fois encore le chant assez typé et appuyé de Beadle, terriblement daté, les plus exigeants se satisferont très bien de ces riffs d’airain, classiques dans les faits, mais très efficaces dans le rendu. Le tort du groupe est toujours le même, à savoir de laisser traîner les débats au-delà des cinq ou six minutes, produisant un effet de redondance plus agaçant qu’hypnotique, mais avec quelques touches de claviers bien placées et une façon de perpétrer la tradition très sincère, la pilule passe bien, au moins aussi facilement que sur les six albums précédents. Il y a fort longtemps que nous avons compris que le groupe ne se laisserait jamais aller à la facilité de l’opportunisme, et « Lies » de relancer la machine avec une vapeur plus typiquement Hard-Rock, histoire de montrer au public que les musiciens sont toujours capables d’aller au charbon. On aime d’ailleurs beaucoup ces interludes plus musclés, à la lisière d’un Power Metal timide ou d’un Heavy viril à la JUDAS PRIEST. Mais il n’y a rien que Bill Beadle n’affectionne plus que ces longues digressions progressives, et « No Bequeath » de se laisser aller pendant sept minutes à combiner les possibilités, tout en se reposant régulièrement sur ce mid tempo qui est décidément la marque de fabrique du groupe.
Pas de grosse surprise donc, pas de surprise tout court d’ailleurs, avec quelques allusions acoustiques encore une fois plombées par ce chant si engoncé et un peu exagéré (« The Prophet »), et toujours cette propension à jouer la régularité, sans chercher à s’extirper de ses propres convictions. Mais les mélodies, très présentes et prononcées évitent le naufrage du Heavy trop typé de papy, et les quelques accélérations modérées mais légèrement plus furieuses nous évitent l’ennui, à l’image de ce survolté et très germain « I Can Hear The Silence ». L’album se termine même par une grosse dose de plombé à la monde d’outre-Rhin, et « Ride Free » de cumuler tous les poncifs d’un Hard Rock rebattu, mais qui finalement fait quand même plaisir aux oreilles. Alternance lourdeur, cadence maîtrisée mais plus échevelée, passages plus appuyés qui assombrissent le ciel (« Depression » et sa grosse basse qui mérite bien son nom), et moyenne finale assez honnête pour un The Court of the Insane pas vraiment dingue ni même fou-fou, mais qui permet de retrouver un groupe sympathique, maitrisant bien son art, mais n’étant clairement pas décidé à le transcender.
Titres de l’album :
1. Celestial City
2. Lies
3. The Court of the Insane
4. Bring Out Your Dead
5. Depression
6. No Bequeath
7. The Prophet
8. Unhinged Mind
9. I Can Hear the Silence
10. Ride Free
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