Unlocked & Reloaded

Sainted Sinners

04/12/2020

El Puerto Records

Le grand chambardement c’est maintenant, et c’est en Allemagne que ça se passe. Frank Pané, ex-BONFIRE a renouvelé le line-up de son groupe SAINTED SINNERS et accueille de petits nouveaux qui n’en sont pas vraiment. Le combo ayant accueilli en son sein des pointures comme David Reece ou Ferdy Doernberg se voit donc rafraichi au niveau de la nuque, avec l’arrivée du nouveau bassiste Rico Bowen (Paul McCartney et Madonna) et du claviériste Ernesto Ghezzi (Eros Ramazotti, GOTTHARD). En sus de ces deux bleus au métier incontestable, SAINTED SINNERS peut s’enorgueillir d’un vocaliste de légende, avec la prise de micro de Iacopo “Jack” Meille, chanteur chez les renommés et très NWOBHM TYGERS OF PAN TANG, le tout complété par la frappe du fidèle Berci Hirleman. Deux-tiers de la formation renouvelés, ce qui n’est pas rien, et pourtant, en écoutant la musique de ce troisième album, on constate rapidement que les choses n’ont pas tant changé que ça. Frank Pané reste fidèle à son éthique en forme de hashtag Instagram, et affiche fièrement cette étiquette #TheEssenceOfRocknRoll qui lui colle à la peau. Le leader de la formation reste toujours focalisé sur cette passion pour le Hard Rock des années 80 qui selon lui, constitue l’apothéose du Rock moderne dont il est si friand. De fait, rien de révolutionnaire à attendre de cet Unlocked & Reloaded, qui ne fait que prolonger les travaux antérieurs du groupe, et qui reste focalisé sur une simplicité de ton toujours soulignée de riffs directs et purement Rock n’Roll. On pense donc toujours à cette façon très allemande d’accommoder les recettes US, et ce nouveau chapitre de la saga ne saurait décevoir les fans les plus hardcore.

Et dès l’introduction fort peu discrète de « Same Ol’ Song » c’est un déluge de sextolets qui vous attend, avant que Meille ne vous les remonte par les naseaux avec une fuite plaintive à la David Coverdale. D’ailleurs, l’ambiance très « Bad Boys » de ce morceau nous ramène en pleine heure de gloire du Hard Rock sur les premières marches du Billboard, et on comprend immédiatement que SAINTED SINNERS n’a pas l’intention de trahir son leitmotiv ou de céder aux sirènes de la modernité. Le propos est classique, la musique formelle, mais jouée avec une belle énergie, et la production dense mais claire permet d’apprécier le talent du bassiste Rico Bowen, qui jongle entre les boucles et les déliés pour cimenter la rythmique pilonnée par Berci Hirleman.

Mixé par Dick Dropkick au SpitFire Studio et masterisé par le grand Harry Hess (HAREM SCAREM, DANKO JONES, GRIM REAPER), Unlocked & Reloaded lâche donc les watts et célèbre une nouvelle ère dans la carrière du quintet germain, qui depuis son premier éponyme paru en 2017 n’a jamais vraiment déçu. Les anciens fans seront peut-être choqué par le timbre de Iacopo, très différent de celui de David Reece et beaucoup plus fluide et moins rauque, mais l’attitude globale très Rock mélodique saura les rassurer sur la confiance qu’ils ont accordé depuis trois ans à Frank Pané. Comme un poisson dans l’eau (sic), Frank se détend sur fond de morceaux purement traditionnels, et très inspirés par la vague Hair Metal de la fin des années 80, imposant même des plages d’orgue dignes du PURPLE des années 70, pour évoquer le meilleur du Rock des deux décennies. Bien évidemment, ce troisième pavé ne dévie pas d’une ligne de conduite déjà suivie par bon nombre de combos nostalgiques, mais la fraîcheur qui émane d’Unlocked & Reloaded montre que le nouveau line-up croit en ce qu’il fait, et preuve en est qu’il le fait de mieux en mieux. Assez proche parfois d’un PINK CREAM 69 mâtiné de TESLA, SAINTED SINNERS ne cherche pas la complication mais juste le plaisir, ce qu’indique assez fermement le hit « Standing On Top » judicieusement placé sur les starting-blocks.

Entre électricité omniprésente et acoustique à la LED ZEP (« The Hammer Of The Gods », le titre n’a pas été choisi au hasard…), entre hits faciles au déhanché diabolique et au groove suintant (« 40 Years »), les allemands tracent leur route sur l’autoroute du Rock, et nous surprennent d’un surplus d’énergie, qui en remontre à la jeune génération, certaine d’avoir trouvé la fontaine de jouvence à la source des anciennes références. Mais on n’apprend pas aux vieux singes à faire la grimace Rock lorsqu’ils l’ont eux-mêmes inventée, et cette musique qui renvoie à diverses époques fonctionne à plusieurs niveaux, réveillant les démons des seventies pour les confronter à la magie blanche des eighties, et le ballet est étourdissant, mais revigorant. Les nouveaux musiciens se sont si bien intégrés à la machine qu’on a le sentiment qu’ils en ont toujours été des rouages, et les plans de basse de Rico huilent les mécanismes, et proposent des harmonies qui adoucissent l’ambiance (« Free To Be »). Blindé d’hymnes, Unlocked & Reloaded est un troisième album dans le sens le plus noble du terme, et nous entraine sur les chemins de traverse menant à la vérité absolue : le Rock ne mourra jamais tant qu’il sera défendu par des chevaliers aussi valeureux.

Et même avec ses cinquante-deux minutes bien tapées, ce nouveau tome de l’épopée ne lasse pas, grâce à une variation intelligente des ambiances, tour à tour musclées ou plus intime, avec volutes de basse et plainte lascive de la guitare en arrière-plan (« I Can’t Wait »). Presque une heure de musique trépidante, énergique et convaincante, explosive quand il le faut et festive comme un vendredi soir dans un club à découvrir un petit groupe local (« Stone Cold Sober », mais on reprendra quand même une bière), et à trépigner de joie au son d’un Hard Rock de grande classe qui évite tous les travers roboratifs du banquet Heavy allemand (« Call It Love »).

Il fallait à Frank ce lifting pour retrouver un second souffle, et si les afficionados de la première heure formuleront quelques griefs, ce LP risque fort de fédérer de nouvelles troupes, prêtes à suivre le groupe dans son orientation. Et comme en sus le combo nous gratifie d’une sortie de route des plus nobles (« Farewell To Kings », progressif et touchant à souhait), le bilan est plus que satisfaisant, il est imperfectible. Belle mutation que celle opérée par SAINTED SINNERS, qui se renouvèle sans se trahir, et qui signe l’album de pur Hard Rock de cette fin d’année 2020.              

       

                                                                                              

Titres de l’album:

01. Same Ol’ Song

02. Standing On Top

03. Early Light Of Day

04. 40 Years

05. The Hammer Of The Gods

06. Free To Be

07. I Can’t Wait

08. Stone Cold Sober

09. Call It Love

10. Wall Of Sound

11. Farewell To Kings


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 06/04/2021 à 14:15
88 %    1144
Derniers articles

Defeated Sanity + HM 2

RBD 09/07/2025

Live Report

Walls of Jericho + Get Real

RBD 02/07/2025

Live Report

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
DPD

Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)

10/07/2025, 15:17

DPD

L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)

10/07/2025, 15:09

Ivan Grozny

Oui très bon groupe, je recommande également !

10/07/2025, 14:36

Ivan Grozny

C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)

10/07/2025, 14:34

DPD

Sinon j'aime beaucoup Chat Pile comme groupe récent.

10/07/2025, 14:27

DPD

@GPTQBCOVJe suis  horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)

10/07/2025, 14:16

DPD

Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)

10/07/2025, 13:47

Humungus

Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".

10/07/2025, 13:22

RBD

Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)

10/07/2025, 12:23

DPD

Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)

10/07/2025, 12:04

Gargan

Dans le clip tu as ceux en civil avant le Hellfest, puis pendant ☝

10/07/2025, 08:58

Simony

Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !

10/07/2025, 08:38

Dede

Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer 

09/07/2025, 23:09

Dede

Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)

09/07/2025, 23:07

NecroKosmos

Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)

09/07/2025, 21:39

Salmigondis

Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)

09/07/2025, 20:31

totoro

Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)

09/07/2025, 18:22

Jus de cadavre

Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)

09/07/2025, 15:34

Jus de cadavre

"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)

09/07/2025, 15:26

DPD

@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.

09/07/2025, 13:52